Le 19 mai de chaque année, l’Union générale des étudiants du Burkina Faso (UGEB) commémore l’anniversaire de l’assassinat de Dabo Boukary. Cette année, après 33 ans, les étudiants se sont mobilisés à travers un meeting ce vendredi 19 mai 2023 au sein de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.

Tout en rappelant le contexte de l’assassinat de leur camarade, le président de l’UGEB, Fousseini Sourabié, a souligné que cette commémoration se tient dans un contexte de crise mondiale marquée par des contradictions entre les grandes puissances dans le Sahel.

Par la suite, il a évoqué la particularité de ce meeting qui intervient après le jugement du dossier Dabo Boukary qui s’est tenu du 19 au 21 septembre 2022. Mieux, a-t-il notifié, toutes les personnes inculpées ont été reconnues coupables et condamnées par la justice. Pour lui, la leçon à tirer de ce procès historique est une victoire pour les étudiants et le peuple burkinabè contre les crimes de sang et l’impunité dans notre pays. « Ce procès nous enseigne également que la constance, la persévérance dans la lutte organisée avec esprit de suite conduisent toujours à la victoire, peu importe la durée », a confié le président de l’UGEB.

Fousseni Sourabié, président de l’UGEB

C’est pourquoi, il a, au nom du bureau exécutif, exprimé sa satisfaction tout en réitérant ses félicitations à toutes les générations estudiantines pour leur mobilisation durant trois décennies.

Situation chaotique dans les universités publiques

Le président de l’UGEB a fait une peinture de la situation dans les universités publiques du Burkina Faso. A ce sujet, il a déclaré que « la situation dans nos universités est chaotique ». Et Fousseni Sourabié de poursuivre que cela s’est accentué avec l’application de réformes foncièrement anti-estudiantines par les autorités universitaires. Au plan académique, il a noté les retards académiques, les chevauchements des années, le taux d’échec record. A cela s’ajoute, a-t-il cité, le bâclage de la formation avec son corollaire de réduction de volumes horaires, la non-exécution de certains cours, travaux dirigés et pratiques.

Au plan social, l’UGEB a relevé la clochardisation des étudiants avec des réformes opérées par le Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER), le Centre national de l’information, de l’orientation scolaire et professionnelle, et des bourses (CIOSPB) et le Centre national des œuvres universitaires (CENOU) pour en durcir l’accès.

De la question de la liberté, l’UGEB a évoqué les violations des franchises universitaires par l’intervention de la police pour intimider et réprimer les luttes des étudiants.

La chorale en train d’entonner l’hymne en hommage à Dabo Boukary

Fousseini Sourabié a exhorté l’ensemble de ses camarades à s’inspirer de l’exemple de courage, de détermination et de persévérance de Dabo Boukary dans la lutte pour de meilleures conditions de vie et d’études. Il a soutenu que la commémoration sera perpétuée chaque année comme journée de souvenir du camarade Dabo Boukary. Mieux, a confié Fousseini Sourabié, l’autre objectif de cette journée est de cultiver l’esprit de sacrifice de Dabo Boukary et de mettre en garde les autorités qui se succèdent à la tête du pays sur le fait que les étudiants feront preuve de vigilance. Également, l’UGEB a appelé les étudiants à « se démarquer des illusions putschistes et à comprendre que leur salut et celui du peuple se trouvent dans la lutte pour la révolution ».

De la situation sociopolitique nationale, l’UGEB, a-t-il précisé, reste constante dans sa position vis-à-vis des coups d’État. Pour lui, ils constituent un recul démocratique. « A suivre de près, ces coups de force, à l’image de tous ceux qu’a connus notre pays, se révèlent être des coups de force contre-révolutionnaires, réactionnaires et manipulateurs », a-t-il soutenu.