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Conflits en Afrique : Adama Rouamba porte les Forces Nouvelles à l’écran

Publié le vendredi 16 décembre 2005 à 07h10min

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Adama Rouamba, réalisateur burkinabè qui a maintes fois fait ses preuves dans le domaine du court-métrage, est en train de s’essayer dans le long métrage. Et pour cela, il a décidé de partir de « Source d’histoires », un film qui lui a permis d’empocher le premier prix en 2003 alors qu’il a dû baver pour terminer son œuvre à quelques jours du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Selon lui, « Source d’histoires » est au départ une série pour Canal France international (CFI). Le film étant réadapté par la suite en 24 épisodes, il a estimé très opportun de modifier le scénario et de changer quelques parties pour en faire un long métrage.

Le mercredi 23 novembre 2005, l’équipe de reportage a pu visionner une séquence de 12 minutes du film en chantier tourné en juin et juillet 2005 à Katiola en Côte d’Ivoire dans la zone détenue par les Forces nouvelles. Adama Rouamba nous confiera : « Vous êtes les premiers à voir les images à l’état brut de mon travail fait en Côte d’Ivoire. Personne n’a jamais vu ça ».

Après cette confidence, il indiquera que son film est un témoignage des nombreux conflits qui endeuillent l’Afrique et la présente œuvre met en opposition deux camps : une armée gouvernementale et celle de rebelles maîtrisant respectivement les parties Sud et Nord d’un même pays.

Des négociations sont entamées pour un retour de la paix mais celles-ci échouent. "Le colonel Tank" du camp rebelle incarné par le comédien Gustave Sawadogo (acteur principal) de retour desdites négociations tombe dans une embuscade et est pris en otage par le patron de l’armée du camp adverse. Son adjoint, "le commandant Piment rouge", rôle joué par Hyppolite Ouangrawa dit M’Ba Boanga, doit diriger ses hommes pour libérer le colonel mais ce dernier (peureux) qui n’a jamais pris le devant des opérations militaires préfère les bons offices d’un féticheur pour être invisible.

Il reçut du plomb lors de l’attaque. Pris de colère, il fit attraper le magicien pour l’abattre mais, maladroit qu’il est, il flingua plutôt la fesse d’un de ses hommes . Pendant ce temps un autre groupe de ses hommes avait réussi à libérer le colonel des mains de l’armée gouvernementale...C’est donc un film de guerre avec des scènes de combats, d’explosions, généralement difficile à manoeuvrer par bon nombre de réalisateurs.

Et pour donner un cachet particulier à son film, Adama Rouamba a opté de partir d’une tragédie pour aboutir à du comique. Une manière de décrisper l’ambiance de l’œuvre marquée par les nombreux zooms sur des corps ensanglantés, notamment ceux d’enfants soldats dont la grande maquilleuse Ami Kaboré a parfaitement réussi la mise en scène. Le comique aussi pour faire sécher un tant soit peu les larmes de certaines personnes très sensibles.

Après Katiola, Ouagadougou

La partie tournée à Katiola qu’il nous a été donné de voir a pu se faire, a dit l’artiste du 7e art, grâce à la compréhension et l’appui de l’état-major des Forces nouvelles, notamment du commandant de la zone Centre-Nord, Vetchio, qui dirige le Bataillon Mystique (BM). « J’avais très peur car mobiliser 27 comédiens et techniciens (NDLR : dans la séquence visionnée, on pouvait reconnaître des comédiens comme le jeune Thomas Ouédraogo, Abdoulaye Komboudri, etc.) dans une zone en guerre, c’est très difficile de trouver le sommeil la nuit, même si le commandant Vetchio avait désigné beaucoup d’hommes pour assurer notre sécurité durant tout le tournage. Je profite pour le remercier sincèrement pour tout ce qu’il a fait puisqu’il a accepté de mettre tout l’arsenal de guerre et toute la logistique qu’il faut à notre disposition.

Il a également mobilisé un bataillon dont fait partie une femme très dynamique et expérimentée pour jouer dans le film ». Lorsqu’on lui demande pourquoi avoir choisi des zones de Katiola comme décor, le réalisateur relève que pour un très bon travail cette localité dispose de repères intéressants pour son film et le choix de Katiola s’explique aussi par le fait que la végétation est un peu semblable à celle de certaines parties du Burkina Faso, ce qui permettait de terminer le reste de son film dans ce pays sans que le décor n’en prenne un coup.

Effectivement, le mardi 29 novembre 2005, le réalisateur a entamé avec l’appui de l’armée burkinabè le dernier virage de son film en procédant au tournage dans un village non loin de Ouagadougou où Hyppolite Ouangrawa devait interpréter son rôle.

Ce travail qui se fera en 6 jours permettra au réalisateur de boucler son oeuvre et de la monter dans son studio. Ce studio composé d’appareils AVID Xpress est vraiment une mine d’or pour le cinéma burkinabè car c’est vraiment une unité de montage de grand standing, de son, munie de systèmes de post production, d’éclairage et de gravage.

En effet, la tour de gravage du joyau d’Adama Rouamba a la possibilité de graver au même moment 9 DVD ou CD en 1h30 maximum. Une grande fierté pour ce dernier qui pourra désormais travailler à l’aise puisqu’il dispose de deux caméras sophistiquées pour ses prises de vue. Bravo donc à Adama Rouamba pour cet investissement important qui participe à l’industrialisation du cinéma burkinabè.

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2005 à 12:52, par Alpha Toure En réponse à : > Conflits en Afrique : Adama Rouamba porte les Forces Nouvelles à l’écran

    Bravo Adama
    Je n’ai pas encore vu le film mais tu m’en avais dejà fais le synopsis. Je connais ta determination, ta discretion et surtout ton courage. Je reste convaincu que ceci n’est qu’un debut...on en parlait d’ailleurs avec les frères. Passe le bonjour aux mecs d’Omega. Courage, mon frère.

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