La stratégie frauduleuse consistait, pour les chefs des deux réseaux, à substituer les photos d’identité des véritables candidats à celles d’élèves-fonctionnaires en cours de formation dans les écoles professionnelles, en accord avec les premiers. Ces derniers se présentaient donc dans les salles de concours avec l’identité complète des vrais candidats, mais avec des pièces qui portent leurs photos.

Ainsi, les instigateurs de cette fraude s’attachaient les services des élèves les plus brillants dans les écoles de formation professionnelle (enseignement, santé, douane, finances, gendarmerie, etc.), à qui ils proposaient de prendre part aux épreuves du concours concerné, en lieu et place des vrais candidats, moyennant la somme de 50 000 F CFA. Les candidats qui s’attachaient les services de faussaires devraient débourser une somme comprise entre 600 000 et 800 000 F CFA, selon le type de concours.

Il en a ainsi été depuis 2002, et plusieurs dizaines de personnes, dont certaines sont aujourd’hui des cadres, ont pu intégrer l’Administration publique par le canal de ces deux réseaux de faussaires, tous basés à Bobo Dioulasso.
Le pot aux roses a été découvert en mi-septembre dernier, suite à une plainte déposée à la gendarmerie par un candidat qui a eu maille à partir avec le cerveau du premier réseau qui n’a pas voulu lui rembourser son argent après l’échec de son faussaire de substitut.

Le tribunal de Bobo qui a été saisi pour l’affaire a ouvert une information judiciaire qui a permis de mettre la main sur 26 personnes (une infime minorité, nous a-t-on précisé). Ces prévenus, qui méditent présentement sur leur sort à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo Dioulasso, sont pour la plupart des élèves qui étaient en quête d’emploi et des élèves-fonctionnaires qu’on a réussi à extirper de leurs écoles de formation professionnelle.
Le cerveau du premier réseau a aussi été mis sous les verrous de la prison de Bolomakoté.

Abdoulaye Koné, c’est son nom, était l’attaché des affaires sociales, précédemment en service dans une garderie de la place. Il avait par ailleurs siégé dans des commissions des examens et concours de la Fonction publique. Lors des perquisitions, une importante quantité de faux documents, dont des actes de naissance et des diplômes falsifiés, auraient été découverts dans un sac appartenant à M. Koné.

Quant au chef du second réseau, un certain Diarra, enseignant de son état, il aurait abandonné son poste pour prendre la clef des champs.
Une enquête a été ouverte pour retrouver d’autres coupables et complices de cette tricherie de grande envergure. Mais il semble que les chances de ratisser plus large sont minimes, plusieurs de ces faussaires en fuite ayant très probablement franchi les frontières du territoire burkinabè.

Par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays