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Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

Publié le dimanche 6 mars 2022 à 22h15min

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Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

Jusque-là, la question des religions et des coutumes était sous le couvert du ministère en charge de l’Administration du territoire et des libertés publiques. Ces éléments , dont on ne parle pas assez, car qualifiés de « questions très sensibles ». Sans doute, le contexte d’insécurité, son impact sur les religions et les gardiens des coutumes et traditions ont fini par imposer l’érection d’un département en bonne et due forme, brisant ainsi le tabou. Ainsi, après le Sénégal, le Mali…., le Burkina officialise les questions de religions et de coutumes.

En tout cas, de nombreux Burkinabè pourraient enfin trouver leur satisfaction, eux qui, depuis longtemps, pensent que la question des religions, du moins, leurs pratiques, doit être posée pour limiter les dérives. A côté de ceux-ci, voire parmi eux, cette opinion qui dit également ne pas comprendre que pour un pays aux us et coutumes aussi riches que le Burkina, l’on feint de les ignorer dans les institutions et la formulation des politiques publiques. C’est chose faite avec ce gouvernement Dr Ouédraogo Albert.

Le Burkina rejoint ainsi le Sénégal, pays à forte pratique religieuse, qui s’est doté de ce poste, pour la première fois, en janvier 2010, avec le président Abdoulaye Wade. La création de ce département au Sénégal répondait à un contexte de relations tendues entre l’Eglise catholique et le chef de l’Etat.

Le Mali le fera deux ans plus tard, précisément en août 2012. La création d’un ministère des Affaires religieuses et du Culte arrivait également à un moment où les revendications des milieux islamiques du pays étaient vives. Le pays connaissait une autre étape de crise avec les groupes terroristes.

Au Sénégal, le poste avait été confié à un journaliste tandis qu’au Mali, un jeune ingénieur statisticien de 47 ans, bien connu des cercles musulmans du pays, avait été chargé de ce département.

Au Burkina, c’est le président de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI), Issaka Sourwèma , qui a la charge de ce département. Chef traditionnel du village de Dawelgué, dans la commune de Saponé (située à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale Ouagadougou), Naaba Boalga, comme il est appelé, est également un homme des médias, à la plume qui ne passe pas inaperçue. Il a animé des chroniques sous des pseudonymes dans de grands médias de la place. Il a du reste été directeur des Éditions Sidwaya (quotidien d’État).

Issaka Sourwèma a aussi l’expérience de plusieurs postes de responsabilités au sein des départements ministériels, dont celui de chargé de missions au ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat.

Il a, de ce fait, servi sous plusieurs ministres des pouvoirs Compaoré et Kaboré.
Sur les questions de coutumes, l’homme n’a jamais caché son intérêt pour qu’elles soient prises en compte, conséquemment, dans les politiques publiques. C’est certainement cela qui lui a valu la création de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue inter-religieux.

Ce département ministériel arrive donc à un moment où de nombreux Burkinabè se convainquent qu’il faut véritablement s’appuyer sur les leaders religieux dans le combat contre le phénomène terroriste. Les attaques enregistrées ont parfois ciblé des fidèles (tueries dans des églises et mosquées).

Les us et coutumes sont également évoqués comme devant être pris en compte, notamment dans cette quête de paix et de cohésion sociale, mais également dans le processus de développement.

On se souvient qu’en avril 2018, le président du Faso Roch Kaboré recevait à Kosyam (palais présidentiel), les ministres des Affaires religieuses et du culte du G5 Sahel. Ils étaient venus s’entretenir avec le Chef de l’Etat dans le cadre de la réunion des ministres des Affaires religieuses et du culte du G5 Sahel qui devait se tenir les 26 et 27 avril 2018 à Ouagadougou. « La question de la radicalisation est une affaire idéologique et il faut une riposte idéologique », avaient estimé les hôtes.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 mars 2022 à 08:13, par Yambwéogo En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Bonjour à tous !
    Bonjour avant tout propos ; c’est ce que nos coutumes nous ont enseignés . Le colon nous avait emmené à croire que nous devons nous détacher de nos coutumes ou de nos religions dans la vie de tout les jours, dans l’administration aussi... erreur. Que ce nouveau département prenne attache avec la Côte D’Ivoire et surtout le Japon qui sont beaucoup avancés dans cette manière de conduire l’administration. Moi je suis beaucoup religieux (catholique) mais je ne voit pas d’inconvénient de dire à un musulman de faire une bénédiction à la fin d’une réunion de service et à la prochaine réunion à un coutumier ou chrétien de faire à son tour aussi une bénédiction .
    Bon vent à notre ministre . SHALOM !

  • Le 7 mars 2022 à 08:28, par kwiliga En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Alors, quand il s’agit de régionalisme, de problème d’ethnies, tout le monde est là à s’insurger :"trop de mossis, pas assez de bobolais,...".
    Et là, c’est quelle religion qui prend le contrôle des questions religieuses ?
    Ok, le Sénégal et le Mali l’ont fait,... donc on devait faire pareil ?
    Sauf que nous n’avons pas la même "configuration religieuse" que les deux précédents.

  • Le 7 mars 2022 à 10:01, par Madya En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    C’est du copier coller ; le Burkina n’a pas besoin de ça c’est le pays de tolérance par excellence le Burkina à besoin d’imams musulmans compétents à l’instar des chefs religieux chrétiens, pour apprendre aux jeunes musulmans un Islam modéré et tolérant.

  • Le 7 mars 2022 à 10:28, par Abas En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Moi je veux bien qu’un tabou soit levé concernant les questions religieuses. Cependant, pour une réelle cohésion sociale, il serait salutaire pour ma part que nos religions restent strictement dans la sphère privée. Les pratiques religieuses et le prosélytisme religieux n’ont rien à faire dans nos institutions, nos administrations et nos services du public comme du privé. Une fois rentré chez soi, que chacun pratique sa religion et aille à l’église, à la mosquée, au temple ou fasse ses rites religieux traditionnels... Ça ne regarde que lui. Croire est très personnel et ne signifie pas forcément ""pratique religieuse"".
    Dans les administrations et les services que ce soit public ou privé, on est là pour servir le pays et non pas pour prier et faire du prosélytisme qui peut être un vrai poison pour notre société. Si nos leaders religieux, toutes religions confondues, attendent ""un ministère des affaires religieuses"" pour raisonner leurs fidèles et contribuer concrètement à la paix sociale, c’est trop dommage. Attendons de voir les tenants et les aboutissants de ce ministère ici au Burkina qui n’est ni le Mali ni le Sénégal et c’est important de le souligner. Mais cette phrase : ""le Burkina officialise les questions de religions et de coutumes."" me fait très peur car qu’entend-on ici par ""officialise"" ? Wait and see.

  • Le 7 mars 2022 à 11:15, par Hassan En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Ce ministère donne en effet lieu à des interrogations car le Burkina reste un état laïc et la comparaison avec le Sénégal et le Mali ne tient pas. Ce sont d’autres réalités et contextes. Une République laïque collabore avec les cultes, dans le seul cadre du droit associatif. Il faut faire attention à ne pas sortir de notre constitution, commencer des privilèges qui ne sauraient être durables, ou qui pourraient être sources de discriminations ou d’inégalités . Courage au nouveau Gouvernement .

  • Le 7 mars 2022 à 11:24, par TERMINATOR En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    En fait le problème religieux est simple, il suffit d’interdire les religions importées, on n’a pas encore vu un coutumier aller dire à un autre de rendre hommage à ses ancêtres à lui ni prétendre que sa religion est supérieure à l’autre. Je n’ai pas encore assisté à un enterrement et la personne est morte parce qu’elle n’avait pas de religion, par contre des milliers de morts il y en a eu à cause de malades religieux.

  • Le 7 mars 2022 à 11:32, par numero1 En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    j’aimerai bien voir la lettre de mission de ce ministère. Aussi, pour les citoyens "sans religion" et/ou avec "plusieurs religions en même temps" pas simple de se retrouver dans la ’République".
    On assistait à pas mal de conflit lors des successions de chefferie dans le pays et si l’on offre tout un ministère pour les coutumes et religions, j’ai bien peur que ces types de conflits ne deviennent plus violentes. Enfin l’apparemment du foncier privé pour ériger en lieu de culte ne fera que s’accentuer sans que la justice n’est sans place.
    "Attention, Attention, Attention"
    La République est un bien commun et la religion, une croyance/conviction personnelle.

  • Le 7 mars 2022 à 12:22, par ollo En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    On n’a pas besoin d’un ministère des questions religieuses. On a besoin seulement d’un observatoire des questions religieuses qui attire l’attention sur les dérives qui peuvent mettre en mal la cohésion nationale. Le phénomène auquel notre pays est confronté n’est pas un islam religieux qui est très pacifique et vertueux mais un islam politique qui n’hésite pas à tuer même les musulmans. Certains pays que tout le monde connait utilisent la religion pour des contrôles géopolitiques et géostratégiques à la manière des puissances occidentales. De façon prosaïque, ils veulent avoir aussi leur pré carré avec des populations acquises à leur cause. Je ne vois pas en quoi un ministère peut gérer cette question. C’est plutôt du ressort de la politique nationale au plus haut niveau. Pour une fois les africains doivent refuser de jouer la grande prostitué qui passe d’une main à une autre, préoccupée à défendre les identités des autres que ses propres identités. Si l’on tient à maintenir ce ministère, qu’on lui donne les coudées franches pour aborder les questions sensibles. Moi, j’attends de ses animateurs qu’ils commencent par ressortir les noms des jours et des mois dans nos langues nationales car la vraie refondation passe aussi par là.

  • Le 7 mars 2022 à 12:32, par Citoyen LAMBDA En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Un proverbe DIOULA énonce " Kotè Mogo Gnini ,Mogo Lo Bi Ko Gnini "
    En français simple ,cela veut dire que "Les problèmes ne cherchent pas quelqu’un ,c’est quelqu’un qui cherche les problèmes ".
    A force de vouloir tout fourrer dans la gouvernance et la gestion du pays ,on ne se rend pas compte ,qu’on crée ainsi des problèmes pour les générations futures . Bientôt ,avec ce genre d’initiatives décidées à la légère et dans la superficialité ,des problèmes qui n’existaient dans la conscience collective des burkinabè vont commencer à poindre . Après les questions d’équilibre régionale dans la répartition des hautes fonctions de l’Etat qui déjà débat et grand bruit ,il va falloir parler maintenant d’équilibre religieux dans l’occupation des hauts postes de l’Etat . On l’avait déjà vu venir au niveau de la CENI où des journalistes comme NAB n’ont pas hésité à se servir de cet argument pour accéder à la tête de la CENI. Tout récemment ,qui n’a pas entendu et vu les activités et les gestes d’un certain bonze du MPP ,alors président d’institution ,se servir de ce argument religieux pour dire qu’il fallait maintenant un musulman à la tête du BURKINA FASO. Comme on le voit, la création de ce ministère est un couteau à double tranchant à manipuler avec beaucoup de délicatesse et de tact .
    En réalité, depuis un certain temps ,des intellectuels obnubilés par une soif intenable de devenir ministre coûte que coûte ,crée des fausses problématiques ,envahissent après les médias à travers émissions télé ,réseaux sociaux ,articles de presse pour se faire bien remarqués ,afin d’atteindre leur objectif . Et comme cela à bien marché sous le régime RMCK ,voilà que le régime du MPSR tombe dans le même piège, à en juger par le nombre de ministres entrés au gouvernement par la même astuce et les mêmes méthodes . AYI OUAH ,allons seulement

  • Le 7 mars 2022 à 13:22, par Jonassan En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Une erreur grossière de la Transition que nous allons devoir payer un jour. Au contraire il faut éloigner l’Etat de la religion ; une laïcité pure et dur est la seule issue du vivre ensemble au Burkina.
    Qu’êtes-vous allez chercher dans cette galère ? Les religions ne s’entendent pas et ne s’entendent jamais, c’est écrit dans leurs livres. Il faut arrêter les subventions à caractère religieux. Ces gens ne peuvent rien contre les terroristes. C’EST GRAVE,CE QUE LE MPSR VIENT DE NOUS SERVIR.

  • Le 7 mars 2022 à 14:26, par Génération En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Vous avez dit dépolitisation de l’Administration, OK, il faut aussi "laïciser" l’Administration. Plus de signes ostentatoires d’aucune religion dans les services publics : lieux de prière et autres. Qu’on ne s’absente plus de son poste de travail pour quelques raisons d’aucune religion. Si nous burkinabé on était aussi religieux qu’on le prétend dans nos pratiques de tous les jours, nous ne serions pas dans cette merde.

  • Le 7 mars 2022 à 18:53, par Banana Republic En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Est ce que nos coutumiers et religieux avaient besoin d’avoir un ministère pour s’impliquer dans la résolution de nos problèmes ?
    Non
    La transition a vocation à s’occuper de problèmes courants...
    Et il faut arrêter de se voiler la face

  • Le 7 mars 2022 à 18:57, par Lemmis En réponse à : Burkina : Le tabou est clairement brisé avec la création d’un ministère des affaires religieuses et coutumières

    Vous êtes sûr qu’il y a un ministère des affaires religieuses au Sénégal ? C’est le ministre de l’intérieur qui gère ce domaine. L’expérience de 2010 n’a pas prospéré... Et pour cause ?

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