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Tunisie : Sale temps pour les institutions !

Publié le mercredi 9 février 2022 à 16h40min

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Tunisie : Sale temps pour les institutions !

Après avoir fait main basse sur l’exécutif et le législatif, le président tunisien, Kaïs Saïed, vient de dissoudre (5 février 2022) le Conseil supérieur de la magistrature (appareil judiciaire), motivant son acte par la « corruption et la partialité » de cet organe de la justice.

Depuis juillet 2021, la Tunisie traverse une crise politique où les institutions se retrouvent écartées du pouvoir par le président de la République, Kaïs Saïed. Dans le même mois de juillet, il limogeait le Premier ministre, suspendait le Parlement, levait l’immunité parlementaire et annonçait qu’il assurait la supervision du ministère public et mettait en œuvre d’autres mesures extraordinaires qui, selon lui, sont nécessaires face à la crise politique que le pays endure depuis des mois.

Parmi les nombreuses accusations, le président a reproché au gouvernement d’avoir mal géré la pandémie du COVID-19, qui a aggravé un marasme économique prolongé. Ce mouvement est qualifié de révolution du COVID-19. Au même moment, la police a perquisitionné le siège de la chaîne télévisée Al Jazeera à Tunis, expulsant son personnel et fermant ses bureaux.

Depuis son arrivée au pouvoir, en 2019, Kaïs Saïed, juriste technocrate sans affiliation politique, réputé intègre et jouissant d’une certaine popularité, a entrepris des actes qui soulèvent des vagues de critiques et d’inquiétudes.

La décision, samedi, 5 février 2022, de dissoudre le Conseil supérieur de la Magistrature vient davantage corser la situation. La mesure intervient, alors que Kaïs Saïed a, à maintes reprises, fait part de sa volonté d’assainir un système judiciaire qu’il estime défaillant et corrompu. Les membres du Conseil supérieur de la magistrature ne toucheront plus de primes (le président met fin à leurs privilèges, en numéraire ou en nature).

Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) s’indigne et juge cette dissolution « dangereuse et illégale ». Le CSM, institution indépendante, chargée notamment de nommer les juges, et sur laquelle le chef de l’État n’a, en principe, aucune autorité, fait l’objet, depuis des mois, d’une bataille entre ses animateurs et le Chef de l’Etat pour le contrôle de l’appareil judiciaire.

Cette dissolution du Conseil supérieur de la Magistrature suscite des réactions en Tunisie et à l’international (l’Union européenne, les États-Unis, les ambassadeurs des pays du G7 en Tunisie, le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU ont tous fait part de leur vive inquiétude par rapport au respect de l’état de droit dans le pays).

Pour rappel, la Tunisie, seule démocratie issue des printemps arabes, n’est donc pas au mieux de sa forme. Dix ans après sa révolution qui avait fait fuir le dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, le pays traverse à nouveau des moments difficiles, pour lesquels de nombreux observateurs, notamment des organisations de la société civile et opposants tunisiens expriment leur préoccupation.

Avant cette ‘’révolution’’ du COVID-19 de juillet 2021, la Tunisie a connu la révolution du pain en 1984 (née de la réduction des subventions sur les produits céréaliers, faisant passer le prix de la baguette de pain de 50 à 110 francs tunisiens) et la révolution du jasmin en 2011(suicide d’un jeune homme de 26 ans, désespéré de ne pouvoir vivre dignement et librement de son travail sous la dictature).

Jusqu’où ira cette dynamique tunisienne, qualifiée de « coup d’Etat institutionnel » par certains et de « coup de balai » pour d’autres ?

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 février 2022 à 10:51, par kwiliga En réponse à : Tunisie : Sale temps pour les institutions !

    Mais enfin, puisque tout le monde vous dit que l’Afrique n’est pas prête à la démocratie, il n’y a donc pas de quoi s’alarmer.
    Vive les dictatures africaines, à bas la démocratie,...
    En fait, tout le monde regrette Kadhafi. C’est surement parce qu’il voulait instaurer une dictature panafricaine, ce doit être ça notre idéal.
    C’est marrant, quand ça ne se passe pas chez nous, personne ne commente, tout le monde s’en fout de la dictature chez les autres, mais chez nous, on l’applaudit.

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