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Marche de l’opposition : A Ouagadougou, c’était une « marche-marathon »

Publié le lundi 5 juillet 2021 à 12h26min

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Marche de l’opposition : A Ouagadougou, c’était une « marche-marathon »

En réponse à l’appel du Chef de file de l’opposition au Burkina Faso (CFOP-BF), la marche contre la gestion de l’insécurité a eu bel et bien lieu ce samedi 3 juillet 2021 à la Place de la nation de Ouagadougou. D’une « relative satisfaction » de la mobilisation au début, le comité d’organisation est « totalement satisfait » à la fin.

Un porte-char stationné au cœur de la Place de la nation de Ouagadougou. Une animation libre avec le titre « Burkina soldat » de l’artiste Nourat qui passe en boucle. A 8h00, heure annoncée pour la marche, la mobilisation est timide. A part les journalistes, les « marcheurs » sont comptés au bout du doigt.

Peu à peu, l’effectif s’agrandit. Des jeunes, munis de leurs drapeaux, scandent des slogans et des bruits de sifflets envahissent les lieux. Pendant ce temps, le comité d’organisation distribue des bandeaux de couleur noire pour être attachés sur le front ou sur le bras. C’est une marche silencieuse pour dénoncer la gestion de la situation sécuritaire qui secoue le Burina Faso depuis janvier 2016.

La commission santé de Dr Louis Komboïgo prête à intervenir au besoin.

Au niveau de la commission santé, Dr Louis Komboïgo et ses collègues s’activent. Ils sont partagés en quatre équipes : une à la tête de la marche, une au milieu et une à la queue, pendant qu’une équipe est sur place. Ce sont des kits d’urgence pour soulager et donner des premiers soins avant de se rendre dans un centre de santé, nous explique le médecin.

Certains sont arrêtés aux encablures de la Place de nation et observent ceux qui se trouvent à l’intérieur. Des curieux ou des sceptiques ? Difficile de trouver une réponse à cette interrogation, du moment où, même au sein des participants, des hypothèses et conclusions sont lancées. « C’est un fiasco ! » « Ils comprendront que c’est Zéph et le MPP qui savent mobiliser » « Le MPP a tout fait pour boycotter ».

Une timide mobilisation au départ.

« C’est une question de prise de conscience »

Pourtant, il y avait des déterminés parmi eux. Certains participants ont confectionné des t-shirts et casquettes pour cet événement. C’est le cas du leader du mouvement Cadre d’expression démocratique (CED), Pascal Zaïda, qui a un chapeau où on pouvait lire : « MP3 Mouvement populaire du 3 juillet ».

A partir de 9h, la faible mobilisation semble partager les organisateurs. Chacun apprécie à sa manière. « C’est une mobilisation que nous avons voulu pour marquer deux symboles. La mobilisation, quelle qu’elle soit, ne nous empêche pas de traduire ce symbole », a indiqué le vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Achille Tapsoba. Les deux symboles sont la solidarité et la compassion envers les victimes d’attaques terroristes et les Forces de défense et de sécurité (FDS).

Quant au président du comité d’organisation, Boubacar Sannou, il est « relativement satisfait ». Pourquoi ? « Pour toute organisation, il y a toujours des échecs, des points de non satisfaction, c’est pourquoi je dis relativement », nous affirme-t-il. Lorsqu’on a voulu savoir ces points d’insatisfaction, il a répondu : « Ah non ! C’est une cuisine interne, je rendrai compte à ceux qui m’ont mandaté ».

A écouter Boubacar Sannou, la mobilisation importe peu, car « c’est une question de prise de conscience ».

Le vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Achille Tapsoba.

« Que Kosyam entende le peuple burkinabè ! »

A partir de 9h 45, l’ambiance tiède a commencé par se chauffer avec l’arrivée des leaders des partis politiques et OSC (Organisation de la société civile). Tahirou Barry du MCR (Mouvement pour le changement et la renaissance) et Dô Pascal Sessouma de Vision Burkina font leur apparition et sont accueillis par le public. Le nombre des participants ne cessent de s’accroître…

Il a fallu juste un instant pour assister à l’arrivée du président du CDP, Eddie Komboïgo, qui est accueilli en grande pompe. Le poing droit en l’air, chaque mouvement du bras est accompagné les cris du public : « Eddie ! Eddie ! Eddie ». Contrairement aux autres leaders des partis politiques de l’opposition, le chef de file de l’opposition ne s’est pas installé sous la tente. Il est monté sur le porte-char qui sert de podium et lance les « hostilités ». « Que Kosyam entende l’opposition ! Que Kosyam entende le peuple burkinabè ! », a-t-il scandé.

Le chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo (micro), a livré le message avant de donner le top départ de la marche.

« Libérez Diendéré »

Plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé pour dénoncer la gestion de la situation sécuritaire au Burkina. Ayant à leur tête le chef de file de l’opposition, des manifestants ont marché, drapeaux en main pour dire « Trop c’est trop ». De la Place de la nation, au rond-point des Nations-Unies en passant par la cathédrale, pour ensuite revenir au lieu du départ, il leur a fallu moins de 50 minutes. Dès le rond-point des cinéastes, le rythme de la marche a augmenté d’un cran. Les organisateurs avaient du mal à faire respecter les consignes. Ceux qui sont à la tête ont imposé le rythme aux autres, y compris les leaders qui sont revenus en rang dispersés.

Tout au long de l’itinéraire, la foule a scandé « Libérez Diendéré ». Pour la plupart d’entre eux, le général Gilbert Diendéré, qui est incarcéré, doit être libéré et être aux commandes pour la situation sécuritaire.

Les manifestants ont exigé la libération du général Gilbert Diendéré.
Des manifestants dansant à la fin de la marche.

Cette marche, qui a connu une timide mobilisation au départ, a fini par drainer une foule. Tout au long de l’itinéraire, certaines personnes ont intégré la foule. Elle a été voulu silencieuse au départ mais avec le titre « Tond nina poukamé* » de l’artiste Jean Zoé, on a pu assister à un mini-concert à la fin de la marche. Avec des pas de danse bien esquissés, chacun s’est « défoulé ». Néanmoins, la marche a été pacifique. Le comité d’organisation dit n’avoir pas enregistré un quelconque débordement. Sous notre regard, un individu a voulu brûler un drapeau de la France mais il a été très rapidement empêché par ses pairs.

Que nous réserve la marche du lendemain 4 juillet ? Affaire à suivre…

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

« Tond nina poukamé », en mooré (langue majoritairement parlée au Burkina Faso) signifie « Nos yeux se sont ouverts ».

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Vos commentaires

  • Le 3 juillet 2021 à 11:13, par Yako En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Bonjour cher frère Ka,j’espère que tu étais à la manifestation j’aimerais avoir ton opinion car le pays réel était dans la rue expression citoyenne vraie loin de quelconque manipulation. Comme quoi le pays ne saurait être réduit au seul peuple mpp
    et autres anarchistes urbains.C’est pourquoi il ne faut jamais traiter le peuple avec mépris (idiot manipulé) car il sait ce qu’il veut.Bien à toi. Yako

    • Le 3 juillet 2021 à 13:59, par Kouda En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

      Yako,
      en attendant que Ka vous réponde, je peux vous dire que les marches qui ont eu lieu à Titao, Dori et d’autres localités avant ce samedi 3 juillet ont mobilisé beaucoup de monde. Cette forte mobilisation s’explique par la volonté des manifestants d’interpeler l’Etat à combattre plus efficacement le terrorisme et l’insécurité. Elles ont été initiées par les populations des zones fortement touchées par l’insécurité, sans directives ni implication réelle de l’opposition. Ce que je constate c’est que l’opposition politique et des OSC ont voulu récupérer ces marches, pour leurs propres intérêts. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas participé à la marche même si le régime actuel me déçoit énormément dans la lutte contre l’insécurité, dans sa gouvernance... Je n’irai jamais à une marche initiée par les leaders de l’opposition actuelle.

  • Le 3 juillet 2021 à 11:36, par zemosse En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Catastrophique ! Comique ! Insultante ! Dramatique ! Tel est mon ressenti vis à vis de cette marche qui se,voulait silencieuse et respectueuse des,martyrs. Opposition comme Pouvoir, honte à vous. Tous pareil, insensibles à la situation tragique’que vit le,Burkina ?

  • Le 3 juillet 2021 à 12:09, par Jonassan En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Une foule ? Une foule immense ? Dans une manifestation une estimation situe le lecteur. La presse aussi doit prendre ses responsabilités et se définir. Je reconnais de moins en moins les burkinabé. Leur audace, pas celle seulement de leur président, s’est émoussée.

  • Le 3 juillet 2021 à 12:24, par caca En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Que va-t-on faire le MPP de Simon et Abdoulaye Mossi après la marche réussie de l’opposition politique en ce jour ? Il y a un seul Burkina, un seul président pour tous, une seule armée burkinabé. Le PF devait merci à l’opposition politique pour leur interpellation qui va leur permettre d’être plus attentif au peuple et sa souffrance.
    Même qu’il soit du CDP, ce Eddie Komboigo est un jeune cadre burkinabé qui n’a rien avec les démagogues Simon Compaoré les criminels et les manipulateurs du Faso depuis 40 ans.
    Maintenant que la peur a changé de camp, la population burkinabé peut faire confiance au gouvernement car la sécurité de la population est un droit constitutionnel. Le président du Faso devait rendre compte pour mauvais choix d’un ministre de la défense en déphase avec le premier ministre et le chef d’état major selon le journal jeune d’Afrique. L’ échec, le PF le savait bien pour laisser un peuple sans défense à Sollhan.

  • Le 3 juillet 2021 à 12:43, par citoyen Lambda En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Quoi qu’on dise ,et même si le journaliste pour des raisons qui lui sont propres n’a pas voulu souligné cet aspect pourtant attendu par tous ,l’opposition et les OSC partisanes de la marche ,auront réussi le pari de la mobilisation et le PF et son MPP auront tord de négliger l’avertissement que procure cette marche .
    Surtout ne pas commettre la même erreur que BLAISE COMPAORE et son CDP en 2014 . On se rappelle des recto-verso de SALIA SANOU à BOBO ,des propos arrogants du responsable des ABC et autres mang-mil etc,en réplique aux marches des anti-article 37 .
    En effet ,croyant naïvement que des contre marches aux marches des opposants étaient la bonne riposte ,ils ont banalisé les premières marches et en minimisant les niveaux de mobilisation des marches de l’opposition .
    On connait le résultat et la suite qui valent à BLAISE COMPAORE d’être là où il est aujourd’hui .

    Or à attendre certains caciques et militants zélés du MPP et des partis de l’APMP ,dans les prochains jours, il y aura des marches de soutien au président du FASO .
    Excellence Mr le PF , sauf votre respect ne tombez pas dans ce piège et dites à vos partisans de poser balle à terre ,sinon si vous vous laissez entrainé dans la spirale des marches et contre marches ,vous serez forcément perdant au final . Un citoyen sincère qui ne vous veut que du bien . Que Dieu vous inspire .

  • Le 3 juillet 2021 à 15:33, par Leberger En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Tout à fait d’accord avec vous Citoyen Lambda.Esperons que la sagesse va habiter les caciques du pouvoir.Ca sera contreproductif toute velléité de contremarcher

  • Le 3 juillet 2021 à 15:46, par Mamou En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Le PF doit visionner bien les vidéos de cette marche historique. Qu’ il n’ ecoute pas Simon, ( le pyromane ) Mossé et des femmes comme Élise Thiombiano. L’ heure est grave. Le peuple réel s’ est exprimé partout dans le pays. C’ est sa gouvernance qui est remise en cause.

  • Le 3 juillet 2021 à 17:35, par Mamadou En réponse à : Insécurité au Burkina : L’opposition exige des assises nationales sur la sécurité

    Pas de récupération politique de l’opposition. Le peuple réel avait déjà marché et continuera de marcher.
    certains leaders de l’opposition après la débâcle des élections passées ont pu prendre un bain de foule, normal, ils en avaient besoin.
    Le peuple marchera s’il le faut et exigera une meilleure assurance de leur sécurité.
    vive le peuple.

  • Le 4 juillet 2021 à 05:57, par Sabaabo En réponse à : Marche de l’opposition : A Ouagadougou, c’était une « marche-marathon »

    Moi je souhaite une marche pacifique contre le terrorisme et les terroristes. C’est bien eux qui endeuillent le Faso et c’est contre eux qu’il faut utiliser tous les moyens y compris les moyens pacifiques. C’est à eux qu’il faut s’opposer en premier. C’est à eux qu’il faut donner des signaux forts de non complicité, d’unité et de détermination. Tout le reste n’est que manipulation politiciennes sur fond de lâcheté, voire de complicité passive avec le mal. Tout le reste n’est que morbide et éhontée tentative de récupération politicienne du malheur des victimes du terrorisme.

  • Le 5 juillet 2021 à 11:12, par Simple En réponse à : Marche de l’opposition : A Ouagadougou, c’était une « marche-marathon »

    Nous ne pouvons compter sur la France. La seule solution c’est les Russes.

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