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Colonel Saidou Sanou, gouverneur de l’Est : « Les restrictions, aussi dures soient-elles, sont nécessaires »

Publié le dimanche 19 avril 2020 à 22h03min

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Colonel Saidou Sanou, gouverneur de l’Est : « Les restrictions, aussi dures soient-elles, sont nécessaires »

Au cours d’un entretien accordé à Lefaso.net le vendredi 10 avril 2020, le gouverneur de la région de l’Est, le colonel Saidou Toussaint Prosper Sanou, s’est exprimé sur plusieurs sujets relatifs à la lutte contre la pandémie du coronavirus et à l’effectivité des mesures prises par le gouvernement dans son ressort territorial.

Lefaso.net : Quel est l’état des lieux de l’application des mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19 dans la région de l’Est ?

Colonel Saidou T. Prosper Sanou : Depuis l’annonce des différentes mesures par le gouvernement, des dispositions ont été prises au niveau de notre circonscription administrative pour les observer et en assurer l’application.

Nos mesures ont eu essentiellement pour objet le sursoie à la tenue des sessions des conseils municipaux, l’interdiction de tout rassemblement de masse, la fermeture des salles de cinéma, de jeux et de spectacle ainsi que des marchés centraux et des yaars, le respect du couvre-feu de19h à 5h, l’assurance de l’effectivité de la fermeture des frontières terrestres, etc.

Du reste, il me paraît important d’évoquer l’arrêté interministériel suspendant le transport interurbain de passagers et de voyageurs et celui qui définit les conditions de sortie et d’entrée dans les villes en quarantaine.

Que prévoit le comité régional de gestion des épidémies dans son plan de riposte ?

A ce niveau, il faut souligner que le comité régional de gestion des épidémies a tenu déjà deux sessions extraordinaires. La première a lieu le 19 mars 2020 et la deuxième s’est tenue le mardi 7 avril dernier.

La dernière rencontre a permis au comité de valider le plan de riposte régional qui s’élève à près de 600 millions de francs CFA. Toutefois, ce montant pourrait connaître une hausse, en raison de considérations d’ordre sécuritaires et des aspects liés aux médias et à la communication en général.

Les activités envisagées sont multiples, et les plus essentielles à retenir sont, entre autres, la coordination consistant en des rencontres de concertation entre les acteurs, la communication organisée de concert avec les médias, la surveillance des procédures et directives en lien avec la Covid-19, la gestion de la logistique en vue de garantir l’approvisionnement en intrants et autres matériels, la recherche et la prise en charge des éventuels cas avérés.

Toutes ces activités vont s’exécuter à travers différentes phases à savoir la prévention, la riposte face aux cas avérés, la gestion de la période post-épidémie. Le financement de l’ensemble du plan est à rechercher auprès de l’Etat, des partenaires et des filles et fils de la région.

Il se murmure que la fermeture des marchés centraux dans votre région crée des tensions, et des voix commencent à s’élever dans la ville de Fada N’Gourma pour protester contre ces fermetures. Quel commentaire en faites-vous ?

Ce qu’il faut dire sur ce point, c’est qu’il s’agit des conséquences directes des mesures prises pour minimiser le risque de propagation de la maladie à coronavirus. Nous sommes conscients de ce que ces fermetures des marchés entraînent comme difficultés aux populations de notre pays en général et de notre région en particulier.

Mais, il faut relever aussi que ces restrictions, aussi dures soient-elles, sont nécessaires à la participation collective à la lutte contre la propagation du virus. C’est donc un sacrifice nécessaire qui doit nous amener à plus de solidarité et à plus d’union dans l’action. Pour ce faire, nous multiplions les concertations avec les différents acteurs, les leaders d’opinion afin de communiquer et de sensibiliser les citoyens à la dangerosité de la maladie pour une réelle prise de conscience.

Quelles sont les démarches à mener pour l’obtention des autorisations de sorties de votre territoire régional ? Qui peut être le demandeur ou le bénéficiaire ?

En ce qui concerne pour l’obtention d’une autorisation de sortie, il faut relever qu’un décret interministériel réglemente les entrées et les sorties des villes mises en quarantaine et celui-ci a été précisé par un arrêté interministériel. Il faut noter d’abord que les autorités habilitées, notamment le gouverneur, le haut-commissaire, le préfet, ne peuvent délivrer qu’une autorisation d’entrée dans une ville en quarantaine.

Les démarches se déroulent de la manière suivante : pour les directeurs régionaux, il faut déposer une demande d’ordre de mission à la Direction régionale de la santé en vue d’obtenir un avis d’autorisation de sortie ; ensuite la demande est transmise au gouvernorat pour décision et enfin le retrait de l’autorisation d’entrée établie en bonne et due forme en cas de décision favorable.

Pour les particuliers et les agents des services publics de la région, il faut une demande manuscrite comportant certains éléments d’identification exigés, à déposer au District sanitaire pour avis et transmission de la demande au haut-commissaire ou à la préfecture pour décision. Du reste, deux motifs majeurs peuvent être évoqués, à savoir les soins d’urgence et les obsèques des ascendants et descendants directs, des collatéraux au deuxième degré.

Suite à un communiqué datant du 31 mars 2020, vous demandiez l’interdiction de la consommation et à la manipulation des roussettes (chauves-souris) ou de tout autre animal sauvage, suite à un constat de mortalité élevée de roussettes dans la province de la Kompienga. Quelle est l’évolution de la situation aujourd’hui ?

Il est vrai qu’un communiqué avait été fait dans ce sens mais il convient de souligner que depuis lors, les services techniques ont suivi l’évolution de la situation et la courbe de la mortalité est baissière actuellement. Des prélèvements ont été faits et transmis à Ouagadougou pour analyse, et les résultats se sont révélés négatifs pour des maladies transmissibles à l’homme appelés zoonoses. Par ailleurs, des examens nécrosiques (autopsie des animaux) réalisés n’ont permis d’observer une lésion sur les sujets (roussettes) soumis au laboratoire et cette mortalité élevée est due à la chaleur et à la rareté des ressources alimentaires.

Quel message avez-vous à l’endroit de vos concitoyens ?

En ce qui concerne les roussettes, je rappelle que depuis l’apparition de la maladie à virus Ebola, une décision d’interdiction de la chasse et de la consommation de ces animaux a été prise et est toujours en vigueur. Par conséquent, j’appelle la population à s’abstenir de toute manipulation et/ou de consommation des roussettes.

Quant à la Covid-19, j’appelle les populations à la sensibilisation et à observer avec rigueur les mesures barrières édictées par le gouvernement, notamment se laver régulièrement les mains au savon et à l’eau, s’abstenir de se serrer les mains ou de s’embrasser, le jet des mouchoirs dans la poubelle après leur utilisation, évitez les regroupements et respecter les mesures de distanciation d’un mètre, etc.

Entretien réalisé par S.S.
Lefaso.net

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