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Coronavirus en Afrique : « Personne ne sera laissé de côté »

Publié le lundi 6 avril 2020 à 23h00min

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Coronavirus en Afrique : « Personne ne sera laissé de côté »

La crise du coronavirus est pour l’instant une crise sanitaire. Les analystes expliquent qu’elle va également rapidement devenir un choc économique, surtout là où des formules de confinement risquent de paralyser l’activité. Noura Hamladji directrice adjointe du bureau régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’Afrique, répond aux questions de Laurent Correau.

RFI : Quelles sont les projections dont vous disposez quant aux conséquences de l’épidémie du coronavirus sur les économies africaines ?

Noura Hamladji : Nous risquons de perdre des années de gains de développement qui ont été difficilement acquis. Les mesures nécessaires de confinement sur le continent auront un net impact économique. Une croissance économique qui était projetée à 3,8% va aller à moins de 1,8%. Et ce sont des estimations préliminaires.

Nous estimons également des baisses importantes de l’emploi, des secteurs entiers durement touchés –transports aériens, tourisme-, mais également je voudrais mentionner l’impact sur les plus grands pays exportateurs de pétrole d’Afrique qui va être grave : la CEA [Commission économique pour l’Afrique] a évalué que les plus grands exportateurs d’Afrique subiraient des pertes pouvant atteindre 100 milliards de dollars américains rien qu’en 2020. Donc, un impact important sur l’économie. Donc, il va y avoir également un impact social et humain sur le continent.

Quelles conséquences est-ce que le confinement aura plus particulièrement sur les populations les plus démunies ?

Il y a surtout dans le secteur informel des populations qui dépendent d’un salaire journalier, donc qui ne pourront pas faire face avec des mesures de confinement à leurs besoins les plus essentiels. Les mesures de confinement doivent absolument s’accompagner d’un soutien social aux plus vulnérables, une protection sociale qui n’est pas toujours très existante dans tous les pays et qui doit absolument être mise en place ou alors être étendue de manière substantielle dans beaucoup de pays. Il y a des systèmes pour faire cela, des systèmes de transferts d’argent, des systèmes de distribution de kits.

Les systèmes de protection sociale sont bien connus. Il faut simplement les mettre en place rapidement, identifier, cibler, distribuer. Nous venons de terminer une analyse au Cameroun, nous avons identifié 376 000 bénéficiaires qui doivent bénéficier d’un transfert d’argent, et d’autres pays suivent. Evidemment, nous avons les contextes fragiles. On pense aux régions du Sahel, on pense au lac Tchad, mais également à une partie de la Corne de l’Afrique. Et c’est une crise sur des crises déjà existantes. Donc là, ce sont des situations extrêmement difficiles. Nous avons des camps de déplacés, il y a 10 millions de déplacés en Afrique au total, des camps de réfugiés, nous avons 6 millions de réfugiés en Afrique. Il est important de réagir rapidement.

Est-ce que ces systèmes de protection sociale qu’il faudrait largement déployer ont déjà été mis en œuvre dans certains pays ?

Oui. Il y a eu des systèmes qui ont été mis en place au Zimbabwe, il y a eu des systèmes qui ont été mis en place en Ouganda, notamment pour les camps de réfugiés en Ouganda, en République centrafricaine, également en République démocratique du Congo, avec des systèmes de transferts d’argent, mais également de distributions de biens de première nécessité. On va avoir une ampleur qui va être différente. Il est absolument essentiel d’ajuster tous ces systèmes lorsqu’ils existent. Et s’ils n’existent pas dans certains pays, les mettre en place de manière extrêmement rapide, aussi rapide que les mesures de confinement.

Vous parliez d’évaluation du nombre de personnes qui auront besoin d’un filet de sécurité. L’évaluation, dites-vous, a déjà été faite pour le Cameroun. Qui aura la charge de mettre en place ces protections sociales ?

Nous avons fait l’analyse pour le gouvernement : soit le gouvernement le met en place avec ses dispositifs, soit il y a un besoin de soutien et tout le système des Nations unies reste à la disposition pour les soutenir, pour le mettre en place, si la demande est faite. Cela va demander des ressources, parce que mettre le système en place, c’est une chose, mais ensuite, il faudra financer ces systèmes de protection.

Où en est-on justement des démarches multilatérales pour permettre au continent africain de faire face à cette crise du Covid-19 ?

Il y a vraiment un message de solidarité qui a été lancé par le secrétaire général des Nations unies, car aucun de nous ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité. Personne ne sera laissé de côté. Donc, les démarches multilatérales sont extrêmement importantes. Nous avons bien sûr une approche macroéconomique. Il y a le FMI et la Banque mondiale qui ont appelé à arrêter le paiement de la dette des pays en Afrique.

Le système des Nations unies a lancé un appel à une aide humanitaire pour les situations les plus critiques au niveau global, et cela comprend les situations critiques en Afrique, c’est à hauteur de deux milliards de dollars au niveau global. Cela est un appel du système des Nations unies pour une crise humanitaire.

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