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Ouragan Katrina aux Etats-Unis : une Burkinabè sinistrée en Nouvelle-Orléans

Publié le vendredi 9 septembre 2005 à 08h14min

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Sidwaya s’est entretenu avec le père d’une sinistrée burkinabè de la catastrophe naturelle causée par l’ouragan Katrina. C’était au siège du journal en présence de la mère de mademoiselle Ouattara Dorma Raïfitou Simbel, étudiante en "business" à l’Université de Nouvelle-Orléans.

Sidwaya (S) : Présentez-vous

Abou Simbel Ouattara (A.S.O) : Je suis aviculteur industriel au secteur n° 15 de Ouagadougou.

S. : Nous croyons savoir que vous avez un membre de votre famille qui a été touché par les inondations survenues en Nouvelle-Orléans. Qu’en est-il exactement ?

A.S.O. : Il s’agit plus exactement de notre fille Ouattara Dorma Raïfitou Simbel qui est partie pour les Etats-Unis le 12 août 2005. Les événements dont il est question, l’ouragan survenu en Louisiane ont eu lieu le 29 août. Il se trouvait qu’elle avait commencé les cours et en moins d’une semaine l’ouragan est survenu.

S. : Est-elle allée à vos frais ou avec une bourse de l’Etat ?

A.S.O. : Elle est allée aux frais totalement de sa famille et non d’une bourse de l’Etat.

S. : Est-ce que vous avez eu de ses nouvelles depuis lors ?

A.S.O. : Il faut dire que nous avons été prévenus par les organes d’information qu’il y avait une possibilité d’ouragan qui arriverait dans la même semaine. Et notre fille nous a appelés le samedi 27 août pour prévenir qu’elle était en train de s’apprêter pour quitter la région parce que l’ouragan allait traverser leur ville. Il semble qu’elle devait le faire en voiture. Nous sommes restés donc avec cette information partielle pendant 72 heures. Après le passage de l’ouragan nous n’avions toujours pas d’information jusqu’au mardi 30 août. Nous avons pu avoir notre fille au téléphone. Elle nous a rassurés qu’elle et ses copines qui avaient pu fuir la Louisiane étaient en bonne santé.

S. : Où sont-elles actuellement ?

A.S.O. : Elles sont allées dans un premier temps à Houston chez une camarade d’école et dans un deuxième temps elles ont été obligées de replier sur Bâton Rouge qui est l’une des villes de la Louisiane les moins touchées.

S. : Quel est le nom de son établissement et quelle est sa filière ?

A.S.O. : Il s’agit de l’université de la Nouvelle-Orléans. C’est une institution étatique. Pour la filière, il s’agit d’études en business je crois... Les jeunes connaissent mieux ces filières que nous. Elle s’est régulièrement inscrite là-bas à partir de Dakar.

S. : Actuellement qui la prend en charge ?

A.S.O. : Il n’y a aucune prise en charge. Nous l’avons eue ce matin (NDLR : 8 septembre) pour savoir comment elle se débrouillait. Et l’information qu’elle nous donnait ce matin est que les services de secours américains privilégient beaucoup plus les résidants, c’est-à-dire les autochtones, les locaux par rapport aux étrangers. Donc actuellement ces jeunes sont livrés à eux-mêmes sans aucune prise en charge.

S. : Quel sentiment cela suscite en vous ?

A.S.O. : Je n’ai pas d’autres sentiments que de remercier d’abord le bon Dieu pour l’avoir sauvée. Mais après cela il faut penser à vivre. Comme je le disais tantôt nous n’avons pas eu de soutien pour envoyer notre enfant à l’extérieur. Nous l’avons fait grâce à notre activité. Aujourd’hui, elle et ses camarades ont tout perdu. Les livres qu’elle venait d’acheter pour commencer les cours une semaine plus tôt, les meubles, les valises... C’est-à-dire, qu’elles vivent chacune avec une ou deux tenues au maximum qu’elles ont pu sauver. Si au niveau étatique il y a quelque chose qui est prévu, un mécanisme qui puisse aider les gens dans ce genre de situation parce qu’un fait est que les parents doivent tout faire pour assurer un avenir meilleur à leurs enfants, mais je crois que devant les catastrophes naturelles, on est assez démuni.

S. : Avez-vous un appel à lancer aux autorités burkinabè ou américaines ?

A.S.O. : En fait d’appel à lancer, le minimum c’est d’informer les autorités de l’existence de Burkinabè dans cette partie dévastée du territoire américain. Je me dis que le rôle de l’Etat c’est d’être présent partout où ses fils le sont. Il ne s’agit pas de quelque chose d’extraordinaire qui est à actionner parce que sur le plan humain n’importe qui en serait touché. Les autorités américaines, je ne sais pas qu’est-ce qu’il faut dire puisque l’enfant a passé par l’ambassade ici pour avoir son visa. S’il y a un mécanisme, je souhaiterais que les autorités puissent réagir assez vite. Je suis sûr qu’elles ne sont pas restées inactives.

S. : Les autorités américaines ou burkinabè ?

A.S.O. : Américaines et burkinabè mais surtout burkinabè parce que nous sommes des Burkinabè. Nous avons la fierté d’appartenir à ce pays. S’il y a quelque chose à faire d’abord c’est dans ce sens. Les Américains, le fait d’être sur leur sol c’est déjà quelque chose à louer, le fait d’accepter accueillir les gens, mais pour le moment aucune prise en charge n’est faite pour les étrangers. Des étudiants qui ont vu leur université dévastée, qui se retrouvent dans la rue, qui logent où ils peuvent, je crains qu’à long terme, que cela n’amène d’autres situations. Mais s’il y a quelque chose à activer du côté américain, il ne pourra l’être pour l’autorité burkinabè qui pourra saisir son homologue américain.

S. : Avez-vous pris attache avec le ministère des Affaires étrangères pour poser le problème ?

A.S.O. : Une fois les premières émotions passées, quand on a su que ces enfants sont vivants, le premier réflexe a été de savoir comment ils vont se débrouiller pour l’avenir. Alors il y a trois jours (NDLR : mardi 6) nous avons appelé notre ministère des Affaires étrangères et plus précisément le secrétariat permanent ou le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger qui nous a assuré avoir appelé notre ambassade à Washington pour lui demander de faire le point. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant.

S. : Est-ce qu’elle vous a parlé du cas d’autres Burkinabè dans cette situation ?

A.S.O. : En ce qui concerne la situation d’autres Burkinabè elle n’a pas pu m’en parler parce qu’elle vient d’y arriver.

Interview réalisée par Alassane NEYA (Stagiaire)
Sidwaya

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