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Ces fils à Papas nouveaux riches

Publié le jeudi 8 septembre 2005 à 07h59min

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Il ne se passe pratiquement plus une bonne semaine sans que les journaux de la place ne relatent un cas de " fils à Papa-ministre " qui aurait fait mains basses sur un gros pactole que le ministre père avait stocké à la maison. C’est devenu récurrent et même insultant pour la grande majorité des Burkinabè qui n’ont que les derniers poils de la queue du diable pour les plus chanceux.

Comment comprendre qu’un haut responsable de l’Etat puisse thésauriser de l’argent comme un vulgaire analphabète ? Quelqu’un hors de lui-même par ces histoires d’enfants de ministre voleurs, tentait d’expliquer que c’est parce que l’argent est sale que le " Môgo-puissant " l’emmène à la maison. Il assure que c’est là la preuve tangible des pots de vin.

On l’emporte à la maison et de façon négligente, l’enveloppe kaki généralement est jetée dans le placard du couple. C’est de l’argent facile et tout aussi facilement on y tire quelquefois des liasses pour satisfaire certains besoins futiles. L’enfant voit tout cela et voit aussi la fréquence des entrées, il finit par remarquer la présence du Monsieur avec le gros sac en cuir défraîchi et les entrées d’enveloppes kaki. Il finit par comprendre aussi que Papa ne sait pas combien d’argent il y a dans le placard puisque après avoir pris quelques billets de cinq mille et dix mille francs, personne ne lui a demandé quoi que ce soit.

Conséquence notre fiston à Papa trouve là sa caverne d’Ali Baba. Il devient la référence financière au sein de son établissement scolaire. Pendant les récréations une foule d’amis et d’amies l’accompagnent pour écumer le vendeur de brochettes et pousser tout cela avec quelques boissons de préférence alcoolisées. Comme le dit la chanson, " il va payer, le fils à papa va payer... ".

Il nous est revenu l’histoire des soirées folles où des teenagers ont payé de simples bouteilles de petit coca-cola à 75 mille francs CFA. C’est là les soirées de défis, si tu n’as pas les moyens tu te barres ! Et ce sont les enfants des ministres du gouvernement Yonli qui sont champions dans les défis, secondés par les rejetons des gros opérateurs économiques plutôt liés au pouvoir.

Les fils à Papa ministres sont des indisciplinés notoires dans les établissements scolaires, ils y pourrissent la vie scolaire et cela est de notoriété publique. Les profs et les surveillants généraux sont obligés de se plier aux caprices de ces " petits mal-élevés ". Mais tout cela semble ne pas être l’affaire des parents occupés qu’ils sont à toujours amasser de l’argent, encore de l’argent.

Dans cette course folle de se remplir les poches ou du moins les placards, on enterre en même temps le petit bout de morale qu’un médecin président de l’Assemblée nationale avait trouvé agonisant. Dire que Thom’ Sank dans son souci de moralisation de la vie publique et dans l’optique que l’exemple -le bon comme le mauvais- vienne d’en haut, s’était plaint à certains membres du CNR parce que les résultats scolaires de leurs rejetons étaient catastrophiques. Sankara avait souhaité que les membres du CNR soient plus regardant sur l’éducation de leurs enfants, car si l’enfant d’un du groupe était dernier de sa classe cela pouvait jouer sur l’image de la Révolution. Il fallait donner et toujours donner le bon exemple. Tout ça c’est fini, comme dit la chanson, " capri, c’est fini ".

Les institutions financières qui passent le temps à faire des campagnes à l’endroit du monde rural doivent revoir les cibles. Nos ministres et hommes politico-économiques, intellectuels bon teint sont de vulgaires thésauriseurs. Ils préfèrent garder l’argent sous les matelas. Une de nos braves dames ministre à l’époque avait défrayé la chronique avec une histoire d’argent sous le lit et il y a eu même mort d’homme. Si cet argent était dans le circuit économique, il aurait permis d’aider des citoyens ; mais non on, le dépose tranquillement à la maison pour s’amuser.

Par ces temps de rentrée scolaire, beaucoup de parents d’élèves ne comptent que sur les prêts scolaires alors que certains fils de ministres prennent la même somme pour juste une soirée.

Le pouvoir aime dire que les gens font circuler des rumeurs et même des mensonges sur tel ou tel " Môgo-puissant ". Cette fois-ci c’est vérifié, on attend sa réaction. Trop c’est trop, les petites ressources de ce pauvre pays ne peuvent pas être gaspillées par une petite minorité tout le temps.

On comprend que Blaise Compaoré veuille gouverner à la manière d’Houphouet Boigny, c’est-à-dire laisser faire pour mieux enchaîner ses collaborateurs. Seulement voilà, le Burkina n’est pas la Côte d’Ivoire sur le plan des ressources ; il est donc grand temps que le grand Sachem revisse.

Bendré

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