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Côte d’Ivoire : des Burkinabè en quête de citoyenneté

Publié le jeudi 8 septembre 2005 à 08h16min

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Expliquer les objectifs de l’Union de la jeunesse d’origine burkinabè en Côte d’Ivoire (UJOBCI), c’est la raison principale du séjour de Bilasse Ouédraogo, secrétaire général dudit mouvement au Burkina. Dans cette interview, il aborde longuement la question des Burkinabè installés en Côte d’Ivoire depuis des années et qui doivent avoir la nationalité ivoirienne.

"Le Pays" : Dans quel cadre séjournez-vous à Ouagadougou ?

Bilasse Ouédraogo : Je suis venu au Burkina pour faire connaître l’Union de la jeunesse d’origine burkinabè de Côte d’Ivoire (UJOBCI) et les objectifs qu’elle vise. Il s’agira de rencontrer toutes les autorités burkinabè qui nous ouvriront leurs portes pour leur expliquer les actions que nous menons, et solliciter aussi des conseils parce que la situation que nous vivons en Côte d’Ivoire l’impose.

Quels sont les objectifs de votre mouvement ?

Indépendamment de la solidarité, notre union a un objectif spécifique qui est l’intégration juridique de la communauté burkinabè vivant en Côte d’Ivoire. C’est extrêmement important de permettre à nos compatriotes qui sont nés en Côte d’Ivoire et qui y résident depuis un certain temps, d’acquérir la citoyenneté ivoirienne. Cela peut sembler quelque peu paradoxal, mais si l’on prend en compte l’histoire de ce pays, c’est une issue normale. La crise actuelle est en partie due à la spoliation de la citoyenneté de ces populations dites étrangères.

Lorsqu’on traite le Burkinabè installé à Gagnoa ou à Bouaflé depuis 45 ans, d’étranger, nous estimons que c’est un non-sens. L’histoire nous enseigne en effet que ce Mossi, ce Bissa, ce Gourounsi installé dans cette région l’est parce qu’au départ, il était citoyen de la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire de la Haute Côte d’Ivoire. Et c’est par rapport à cela qu’il a été transféré en Basse Côte d’Ivoire pour y exercer des activités agricoles.

Qu’est-ce que vous avez fait concrètement pour faire aboutir cette revendication ?

Depuis 1993, année de naissance de notre union, nous avons animé des conférences et fait des publications dans les journaux. Cela dans un premier temps, semblait avoir été compris juste avant le décès du président de la nation ivoirienne, le président Félix Houphouët Boigny. Henri Konan Bédié alors président de l’assemblée nationale nous a dit exactement ceci lorsque nous l’avons rencontré le 12 novembre 1993 : "Les Burkinabè sont une partie de nous-mêmes".

Ensuite lors de son investiture à la convention de novembre 1995, il a dit dans son adresse à la classe politique ivoirienne qu’il était impérieux d’arriver à l’intégration des communautés venues de la sous-région. En clair, nous avons rencontré plusieurs autorités à l’époque dont Charles Boza Dongayi, Laurent Dona Fologo, Francis Wodié (PIT) et des responsables du FPI alors dans l’opposition. Nous avions pu leur expliquer notre volonté de voir réparer une injustice faite à certains membres de notre communauté.

A quel niveau êtes-vous aujourd’hui, puisque entre-temps, l’ivoirité a vu le jour et une rébellion a occupé le nord de la Côte d’Ivoire ?

Il est évident qu’avec la situation que vit la Côte d’Ivoire, nous sommes obligés de procéder à un repli stratégique. On considère à tort que le problème est du fait du Burkina ou de Blaise Compaoré qui soutient les rebelles. Toute action politique des Burkianbè peut être considérée comme un soutien à la rébellion.

Mais, nous sommes satisfaits parce que les dispositions de la loi de 1961 qui prévoyait en son article 17 que "tout enfant né de parents étrangers peut devenir ivoirien s’il le souhaite", ont été prises en compte à Linas Marcoussis. Dans ces mêmes accords, il est dit que toute personne d’origine étrangère vivant en Côte d’Ivoire avant le 7 août 1960, peut réclamer sa citoyenneté ivoirienne. C’est un peu nos objectifs qui ont été pris en compte. Bien entendu, l’application de ces dispositions semble poser problème parce qu’à notre avis, le gouvernement ne fait pas assez pour cela.

De plus, les nouvelles lois prises par Laurent Gbagbo nous semblent insuffisantes par rapport à nos objectifs. On a l’impression, à entendre parler certaines autorités que dès que ces lois seront appliquées, des Burkinabè vont venir par train, par car et par camion pour prendre la nationalité ivoirienne. Ils ignorent qu’au Burkina, il y a des citoyens qui, pour tout l’or du monde, ne voudraient même pas résider deux semaines en Côte d’Ivoire.

Propos recueillis par Parfait SILGA
Le Pays

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