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Épidémie de Choléra : Près 500 cas de choléra dont 9 décès au Burkina

Publié le jeudi 1er septembre 2005 à 04h46min

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Le choléra continue sa ravageuse extension avec 467 cas pour 9 décès au 29 août dernier. Trois régions sanitaires sont touchées : Le Centre, 449 cas pour 8 décès, le Centre-Ouest 17 cas dont 1 décès et le Centre-Est pour 1 cas confirmé. Les districts de Pissy et du secteur N°30 de Ouagadougou demeurent toujours dans le peloton de tête en ce qui concerne l’épidémie de choléra.

Ainsi, Pissy enregistre environ 2/3 des cas soit 292 cas pour 6 décès. Les zones de forte concentration de la maladie sont les secteurs 16, 17 et 18. Quant à la zone sanitaire du CMA du secteur n°30 avec 111 cas dont 1 décès, ce sont les secteurs 28 et 30 qui sont les plus touchés, selon le docteur Sylvestre Roger Tiendrébéogo, chargé de la surveillance épidémiologique à la direction de la lutte contre la maladie.

Une direction qui a naturellement renforcé les districts en médicaments, solutés et consommables pour le traitement gratuit des malades. Les mesures sont aussi renforcées dans l’isolement des malades, la limitation à un accompagnant, l’interdiction des visites et la désinfection des domiciles des malades.

Il ressort de leur constat, affirme le docteur Tiendrébéogo, que les zones à forte concentration de choléra ont des difficultés d’approvisionnement en eau. A Pissy par exemple, "il y a 130 puits qui n’ont pas de margelle.

Il s’agit des zones non loties ou nouvellement loties où le niveau de la salubrité est vraiment précaire". A cela s’ajoute le péril fécal tels ces domiciles où le puits est à peine à 3 m des latrines alors que la norme est de 15 m au moins. Des latrines dont l’intérieur n’est pas isolé, d’où un risque d’infiltration et de contamination de l’eau.

"Compte tenu des pluies et de l’eau de ruissellement nous procédons à la chloration des puits avec l’hypochlorure de calcium. Un produit très efficace contre le vibrion cholérique", souligne le docteur Tiendrébéogo. Un redosage est effectué après les fortes pluies.

Ces mesures sont soutenues par des campagnes de sensibilisation et d’information. "Maintenant, il y a des équipes de groupes relais, ce que nous appelons les crieurs publics, qui passent dans les marchés, les lieux publics et rappeler les mesures d’hygiène simples pour éviter la propagation de la maladie.

Le chargé de la surveillance épidémiologique confirme que des prélèvements ont été effectués dans les eaux des puits et les aliments des marchés des secteurs à forte concentration de cas de choléra. Les analyses sont en cours. Les entretiens effectués avec des parents de malades lui permettent de mettre en cause les sources d’alimentation en eau, surtout les eaux de puits et l’alimentation de rue de rue où souvent les règles d’hygiène ne sont pas du tout respectées.

Il souligne que les prélèvements se poursuivront au fur et à mesure à partir de zones ciblées. Le docteur Sylvestre Robert Tiendrébéogo rejette les mesures de répression comme ne faisant pas partie des attributions du ministère de la Santé. "Nous pouvons faire le constat si le niveau d’hygiène dans un restaurant ou un débit de boisson est respecté ou pas. Même pour la prise de décision pour les sanctions à proprement parlées, nous ne pouvons pas le faire... Cela relève de structures autres que le ministère de la Santé".

Cette activité d’inspection des restaurants et débits de boisson relève du Service d’hygiène de la municipalité. Pour l’heure, aucun compte-rendu n’est parvenu à la direction de la lutte contre la maladie.

Alassane NEYA
Issaka SAWADOGO
(stagiaire)


Comment se protéger

- Buvez seulement de l’eau propre (de robinet, de forage, de puits moderne etc.),

- pour désinfecter votre eau, utiliser 1 cuillerée à soupe d’eau de Javel (8°) pour 20 litres d’eau et attendez 30 mn avant de la consommer,

- lavez-vous les mains au savon après avoir été aux toilettes et avant les repas,

- consommez toujours des aliments chauds, tant que possible,

- évitez de consommer le reste du repas d’un malade du choléra,

- arroser bien les vomissures et les selles du malade avec :

- du grésil, à raison d’1l pour 5l d’eau

- ou avec de l’eau de Javel (8°) à raison de 1l pour 4l d’eau

- Si l’eau de Javel est de 12°, utiliser 1l avec 7l d’eau avant de les jeter dans les WC,

- tout matériel utilisé par le malade doit être bouilli et désinfecté ou brûlé,

- éviter les visites du malade, car vous et votre famille pouvez être contaminés facilement,

- évitez de manipuler le corps du malade

- éviter les grands rassemblements.

Ceci est un message des agents de santé du district du secteur n°30 de Ouagadougou


La maladie persiste, des vendeuses et vendeurs d’aliments de rue se prononcent

Le choléra, on ne le dira pas assez, continue de semer la terreur dans la cité. Nonobstant les multiples campagnes de sensibilisation et moyens mis en place pour contrer cette maladie dite "les mains sales", elle continue de se propager faisant ainsi des victimes à Ouagadougou comme dans d’autres villes. Notre équipe est allée vers certains vendeurs et vendeuses de rue de la capitale pour savoir les dispositions particulières adoptées pour protéger les consommateurs.

Mme Alizéta Nikièma (vendeuse de sandwiches en face de Central Hôtel) : "Depuis que le choléra sévit dans la ville de Ouagadougou, j’ai adopté des mesures d’hygiène rigoureuses pour mériter la confiance de ma clientèle.

Je prends d’abord soin des ustensiles qui servent à la préparation de mes sandwiches. Car ce sont les mouches qui sont souvent les vecteurs propagateurs de cette maladie. Si des dispositions sont prises pour protéger les aliments contre les mouches, il n’y a aucun doute.

Pour transporter mes aliments sur le lieu de vente, les récipients sont bien couverts pour éviter les particules de poussière qui contiennent éventuellement des microbes.

Sur place, j’utilise de l’OMO et parfois du Javel pour désinfecter également les mouchoirs servant à couvrir les plats".

Saïdou Kaboré (vendeur ambulant d’eau, gnamakoudji, bissap, jus de tamarin) : "Pour la préparation de nos jus, ma patronne a toujours pris des mesures d’hygiène appropriées. La préparation se fait à l’intérieur de la cuisine pour éviter tout contact avec les mouches. Même les ustensiles devant contenir les jus sont préalablement lavés avec de l’OMO et soigneusement rincés. A l’ensachage, la patronne prend soin de fermer les ouvertures pour que le liquide sucré n’attire pas les mouches".

Awa et Safiatou Dialga (Deux sœurs vendeuses de zoom koom devant l’ONATEL) : "Depuis que le choléra sévit à Ouagadougou, notre "zoom koom" ne marche plus comme avant. Auparavant, nous terminions la vente avant midi. Ces derniers jours, la clientèle est rare, et parfois nous traînons jusqu’au soir sans pour autant épuiser le contenu de nos bassines.
On ne sait même pas que faire. Nous avons aussi changé d’idée en remplaçant le "zoom koom" par du jus de poids sucré (tiogon) que nous entourons d’un minimum d’hygiène dans la préparation.

Laquelle se fait à domicile à l’intérieur d’une maison pour éviter les mouches. Ensuite nous utilisons du plastique pour couvrir nos ustensiles".

Mme Zalissa Konaté (vendeuse de riz et de foutou d’igname en face du Centre de tri de la SONAPOSTE) : "J’ai pris les précautions depuis que la maladie du choléra a fait apparition à Ouagadougou. Ces précautions sont pratiquement les mêmes que nous avons l’habitude d’adopter. Seulement nous sommes maintenant plus vigilantes.

Je couvre minutieusement mes plats avec des plastiques pour éviter les mouches. Je crains beaucoup le choléra parce que tout le monde est exposé (clients comme vendeurs).

Parce que nous consommons aussi ce que nous vendons. J’utilise de l’OMO pour laver les assiettes. Le riz tout comme la sauce, sont toujours réchauffes sur des braises avant d’être servis aux clients.

Pour le foutou d’igname, j’attends toujours midi pour la préparation. Les tubercules, une fois retirées de la marmite, sont aussitôt épluchées et immédiatement pilées dans un mortier propre. La sauce est constamment sur les fourneaux".

Mme Alima Badini (vendeuse de gâteaux et d’alloco (banane frite) en face de Dancing Zaka) : "Je ne souhaite pas que le choléra persiste. Déjà que les gens sont pauvres et n’ont pas de quoi se nourrir. Ils se contentent de ce qu’ils gagnent.

Les vendeurs ont été sensibilisés sur les mesures d’hygiène. Les aliments doivent être protégés avec minutie pour éviter le contact avec les mouches.

Moi, particulièrement, j’ai enregistré une augmentation dans mes recettes journalières parce que depuis que les gens ont été sensibilisés à consommer ce qui est chaud, beaucoup de clients viennent vers moi. Ils me demandent le plus souvent de leur servir les frites directement retirées de la poêle de friture."

Seydou Maré (boucher et grilleur de viande à la buvette de Sidwaya) : "Mes assiettes sont lavées avec de l’OMO et nous prenons aussi soin de nous laver les mains avec de l’eau savonnée avant de manipuler la viande.

Une sensibilisation a été faite aux vendeurs d’aliments pour des précautions d’hygiène. Et l’on dit que le choléra est une maladie des mains sales. Une fois les grillades retirées du feu, nous les couvrons avec du plastique pour éviter les mouches. Avant même de les servir au client, je prends soin de les réchauffer sur les braises. Comme le dit l’adage, "il faut s’entraider mutuellement pour une meilleure vie". Aussi notre contribution pour enrayer le fléau passe par une prise de conscience de nous vendeurs d’aliments qui recevons la clientèle. Les gens ont besoin de s’alimenter pour survivre, mais il faut aussi veiller à leur santé."

Le moins qu’on puisse dire est que la plupart des Ouagalais sont conscients (vendeurs comme consommateurs) du mal du choléra et essaient chacun à son niveau de prendre des mesures idoines pour éviter la maladie.

Cependant, si la maladie persiste toujours, c’est peut-être parce qu’il y a encore des gens qui, par négligence ou par ignorance prennent des risques dans leurs habitudes alimentaires.

Certains commerçants continuent d’exposer les aliments à l’air libre sans la moindre précaution de protection.

Des consommateurs aussi continuent de s’abreuver ou de se nourrir dans la rue même là où l’hygiène reste à désirer. Comme si l’essentiel était de mettre quelque chose dans le ventre et que le reste importe peu.

Privat OUEDRAOGO
Alban KINI(Stagiaire)

Sidwaya

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