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SYNTER : Le gouvernement refuse les augmentations"

Publié le mercredi 31 décembre 2003 à 11h49min

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Les 27, 28 et 29 décembre 2003, le lycée Philippe Zinda Kaboré
a accueilli une centaine de délégués du Syndicat national des
travailleurs de l’Education et de la recherche (SYNTER). Un
rassemblement d’enseignants dans un lycée, cela n’a rien
d’extraordinaire, sauf quand il prend l’aspect du 10e Congrès
ordinaire d’un certain SYNTER, capé depuis le 27 décembre
dernier, de 22 saisons. A cette occasion, les militants ont une
fois de plus sonné la charge contre "les mesures et réformes
anti-éducatives du Programme d’ajustement structurel".

Un nouveau bureau accompagnera les "travailleurs de la craie"
dans le "renforcement de leurs capacités politiques et
organisationnelles". Le Congrès, tout en jetant un regard sur la
situation internationale et africaine, s’est focalisé sur le
recensement et l’analyse approfondie des réformes et mesures
anti-éducatives du gouvernement de la IVe république, leurs
conséquences sur le système éducatif, les travailleurs , les
élèves, les étudiants et parents d’élèves et les tâches
qu’implique cette situation.

"On se cherche". A elle seule, cette réponse d’un enseignant
pourrait être le condensé de tous les maux qu’il a énumérés,
pour faire comprendre que lui et ses collègues se cherchent.
Coupures de salaires pour fait de grève, affectations
arbitraires, et toutes sortes d’abus orchestrés par le pouvoir
pour précariser leurs conditions de vie et de travail, tel est le
quotidien des enseignants, selon leurs explications. Placés
dans le contexte d’ensemble du citoyen lambda burkinabè qui
"tire le diable par la queue", les chercheurs, les professeurs et
les instituteurs, sans être les plus démunis de la cité, sont sans
doute parmi les plus pauvres.

Qui pis est, leur raison d’exister,
c’est-à-dire l’enseignement, et de façon générale l’Education, ont
été dévalorisés, toujours, disent-ils, à cause de l’application par
l’Etat burkinabè des "mesures assassines" des institutions de
Bretton Woods. Sur injonction de la Banque mondiale et du FMI,
avec en toile de fond les PAS (Programmes d’ajustement
structurels), le gouvernement burkinabè a mis en oeuvre des
plans dont le PDDEB (Plan décennal de développement de
l’éducation de base), qui n’ont d’autre but que de "détruire l’école
burkinabè et de ne former que des sous-cadres rémunérés au
rabais". Constats du SYNTER.

Tableau noir

Tout cela fait le jeu des multinationales qui évoluent en terrain
acquis. A l’université, la Refondation, toujours selon le SYNTER,
a empiré les choses. Dans le secondaire et le primaire, la
situation n’est guère reluisante. Et toutes les pièces recollées
donnent, d’après les conclusions du SYNTER, un tableau bien
noir, où même la craie blanche ne pourrait tracer la moindre
éclaircie. Sans oublier que les "revendications salariales, 25%
d’augmentation de salaire, se heurtent régulièrement dans le
cadre des cahiers de doléances du premier mai, au refus
méprisant du pouvoir de la IVe république".

Le comble du drame, ont relevé les "syntéristes", c’est
"l’injustice sociale" caractérisée dans laquelle vivent les
populations burkinabè. Pendant que la grande majorité cherche
le minimum vital, et que les "petites gens" se plaignent de leur
niveau de vie très bas, une minorité vit dans un confort inouï,
profitant, voire abusant des millions de francs CFA distribués à
tour de bras. Le procès du pouvoir de la IVe république a ainsi
continué par l’évocation de la situation d’arrestations, de
suspicion et d’inculpation, provoquée par la "dernière trouvaille
du pouvoir en place" qui est "la tentative présumée de putsch"
révélée au public le 7 octobre 2003.

C’est dans cette logique que Bertrand Méda et Tahirou Traoré,
respectivement secrétaires généraux de l’UGEB (Union
générale des étudiants burkinabè) et du SYNATEB (Syndicat
national des travailleurs de l’enseignement de base), se sont
unis à la CGT-B de Tolé Sagnon, pour exiger la levée de
l’inculpation de Me Prosper Farama. Il faut noter que cet avocat a
été inculpé "pour divulgation du secret de l’instruction relative au
dossier Ouali Diapagri contre ministère public". Sur cette lancée
de dénonciations, le SYNTER, ses syndicats alliés naturels que
sont l’UGEB, le SYNATEB et la CGT-B, ont simplement demandé
que la lumière soit faite sur l’affaire Norbert Zongo et sur tous
les autres crimes économiques et de sang perpétrés au
Burkina Faso.

La lutte continue

La lutte continue pour le SYNTER, dans la solidarité entre ses
militants, et entre ceux-ci et tous ceux des autres associations et
mouvements qui partagent les mêmes idéaux qu’eux. Ce
combat que le SYNTER a enclenché depuis le 27 décembre
1981, date de sa création, sera plus engagé, selon le bureau
entrant, qui mise sur le renforcement des capacités
organisationnelles et politiques des militants. Tout en
reconnaissant l’âpreté du parcours qu’ils ont devant eux, le
SYNTER et ses militants se sont dit mobilisés dans la défense
des intérêts des enseignants, et de l’éducation de façon
générale.

Des félicitations au bureau national sortant et
différentes motions dont celles sur la perte du sens des valeurs
éducatives et sur la mauvaise gestion des établissements et
services de l’éducation, ont mis en exergue la densité de
réflexion des 72 heures studieuses du SYNTER. Tout ceci a
conforté Guy Pascal Kièma dans son choix de "militant du
SYNTER", a-t-il révélé en évoquant ses sentiments de
satisfaction.

De nouvelles tâches pour 2004 et les années à venir, la
restructuration qualitative du SYNTER et la consolidation d’esprit
d’appartenance dudit syndicat à la CGT-B, et la nécessité de
l’unité d’action, ont donné une source de motivation
supplémentaire aux militants du SYNTER. Et ce ne sont pas les
belles notes de la chorale du SYNTER, qui appelaient les
militants à renforcer leur syndicat, qui diront le contraire.

Par Morin YAMONGBE


Le nouveau bureau

A l’issue de ses travaux, le Xe Congrès a reconduit dans sa
quasi-totalité l’ancien bureau, tout en épousant l’esprit de
décentralisation dans sa composition géographique. En effet,
les membres ne sont plus uniquement des "Ouagalais" mais
proviennent également d’autres provinces.

Secrétaire général : Mamadou Barro
Secrétaire général adjoint : Souleymane Badiel
Trésorier général : Djingri Sana
Trésorier général adjoint : Maurice M. Yaméogo
Responsable aux affaires sociales : Hermann Yelkuni
Responsable aux relations extérieures : Soulama Soungalo
Responsable à l’organisation : Cyprien Tougma
Responsable à la presse et à l’information : Alain Sanou
Responsable adjoint à la presse et à l’information : Stanislas
Somé
Responsable à la mobilisation féminine : Fati Ilboudo
Responsable à la formation syndicale : Moumouni Lingani

Le Pays

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