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Camp international de reboisement de Koupéla : Solange Pitroipa retourne aux chantiers

Publié le mardi 13 septembre 2005 à 07h42min

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Solange Pitroipa, native du Burkina est aujourd’hui une citoyenne belge
intimement intégrée au gratin de sa patrie d’adoption qui a fait d’elle une
militante d’un des partis le plus en vue à Bruxelles, le FDF-MR où elle
conduit la liste de son groupe aux différentes consultations électorales, le
Front démocratique des francophones - Mouvement Réformateur.

Pitroipa n’oublie pas le Burkina Faso d’où elle est partie. Elle revient
fréquemment au pays qui l’a vue naître pour y amener sa pierre d’édification. Cet attachement à ses origines ne passe pas inaperçu.

Solange Pitroipa n’a pas hésité à faire le déplacement pour apporter sa
pierre à la construction environnementale.
L’Union des jeunes pour le développement que dirige Roudsanwa Oumar Ouédraogo l’a choisie comme marraine du camp-chantier qui a réuni à Koupéla du 28 juillet au 14 août derniers des centaines de jeunes.
Nous avons échangé avec Solange et les lignes qui suivent sont un témoignage
de fidélité et d’engagement.

Sidwaya (S) : Ainsi, vous êtes au pays pour " marrainer " un camp-chantier de reboisement...

Solange Pitroipa (S.P) : Plaise à Dieu, j’y suis. Sans vouloir jouer au
chevalier errant, je pense modestement que lorsque vos frères ont pensé à
vous, il faut leur rendre la politesse.

J’ai été sensible aux égards que m’a portés un jeune que j’admire beaucoup
pour son dynamisme et qui se trouve au cœur de cette entreprise : Oumar
Ouédraogo depuis 1996 anime ce camp-chantier international. Très tôt, il a
pris conscience du rôle de l’environnement dans le destin de nos pays. Il s’est fait une préoccupation d’impliquer les jeunes dans le développement ;
il coordonne également une plate-forme d’action pour le Sahel.

S : Qu’est-ce qui explique que loin du pays, vous y soyez néanmoins présente
sur des chantiers ? On vous attendrait plutôt dans des salons feutrés...

S. P : Nos jeunes frères nous montrent la voie. C’est dans les travaux
communautaires et les grands chantiers que la diaspora devra être utile.
Vous savez, on n’est grandi que par ses origines. On ne peut être
contributif ailleurs quand la douleur campe dans nos villages, désarticule
nos projets.

Voyez, cette année encore, la famine a sévi. Et nous savons
les multiples problèmes que connaissent les zones rurales. Il est des
parties du Burkina où le sac de mil avoisine les 35 000 CFA. Je lis Sidwaya
qui rapporte ces réalités. La presse burkinabè dans son ensemble aussi. Il
faut faire un lien entre la famine et l’environnement, entre l’environnement
et le développement.

Pas besoin d’être particulièrement éclairé pour faire
le constat que c’est dans les zones les plus éprouvées par les problèmes d’
environnement que sévissent la sécheresse et ses corollaires que sont la
disette, la maladie, le dénuement matériel, l’exode et bien de problèmes
sociaux qu’il serait vain d’évoquer.

Si le climat joue dans la qualité de l’environnement, il faut concéder que
la dégradation de l’environnement tient aussi à l’action de l’homme. C’est
un problème physique, c’est aussi un problème culturel. En inculquant à
chacun le réflexe de la protection de la nature, nous travaillons à
régénérer le pays et à asseoir les conditions de son essor. Il n’est que de
voir autour de nous.

L’arbre est un compagnon du développement. Les pays
où un grand bond a été accompli sont ces pays où l’arbre est roi. D’
ailleurs, dans nos cultures, pratiquement, tout va de l’arbre qui donne aux
humains mêmes un nom.

S : Vous dites l’environnement une affaire de culture. Le camp prend-il en
compte cette dimension ?

S. P : Je ne voudrais pas répondre à la place des concepteurs de cette
grandiose manifestation, mais je crois que leur programme est bien pensé,
de sorte que l’action est jumelée à la réflexion. Ainsi, les activités de
reboisement sont associées à des séances socio-éducatives, à des
conférences, à des prestations sportives et culturelles.

Les organisateurs ont programmé des ateliers de formation dont le but ultime
est de susciter le débat autour des problèmes de l’environnement. Pour
prouver l’enracinement de cette rencontre dans nos réalités, c’est la
jeunesse qui est ciblée. Elle est bénéficiaire et actrice de ce projet.
J’ai beaucoup apprécié la démarche des organisations par une humilité qui
les a conduits à s’entourer d’Institutions partenaires où sont impliqués les
Départements en charge de la Jeunesse et de l’Environnement.

S : Quelle sera votre contribution personnellement à tous ces efforts ? Ne
pensez-vous pas que l’attente est grande ?

S. P : Je comprends cette attente. Mais je connais le moule dans lequel ont
été pétris ceux qui m’ont fait confiance. Dites vous, ils sont à leur
dixième édition. C’est dire que ces hommes ont une tradition de lutte. Du
reste, ils sont issus d’une philosophie qui puise dans une orientation
typiquement burkinabè qui a fait prendre conscience aux hommes de ce pays
que le développement est d’abord une affaire endogène.

L’apport extérieur
ne devrait venir qu’en appoint. Mais je ne me déroge pas de mes
engagements. Notre position nous invite à l’humilité. Ce que nos frères
recherchent c’est d’abord notre présence et en la matière, la disponibilité
est très importante. Mais il est une chose que nous ne devons pas occulter,
nous de la diaspora. Comme dit l’aphorisme, lorsqu’on vous fait monter sur
un karité, c’est pour faire tomber les fruits. Nous nous comprenons.

S : Vous revenez assez couramment sur les devoirs de ceux "qui sont partis".
Assignez-vous une fonction particulière à la diaspora ?

S. P : L’expérience vécue de nos communautés atteste que le repli a limité
leur émancipation. Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des mondes. Il
nous faut tirer les leçons du passé. Je crois que nous devons aller partout
où nous commandent des raisons d’éveil, de perfectionnement. Je vous invite
à vous référer à la signification première de la diaspora. Le tout est de
ne pas perdre ses attaches. Je me convaincs par l’expérience que l’
enracinement est toujours un enrichissement. I

l y a de nombreux Burkinabè à
l’étranger. Ces hommes doivent songer au pays. Voyez le rôle qu’ont joué
les anciens combattants dans nos sociétés. Constatez les changements que le
Burkinabè de la Basse-Côte introduit en biens dans nos communautés de base...
La diaspora est une force de changement.

Je pense que cette réalité est perçue par les plus hautes autorités de ce
pays qui ont érigé une structure dans ce sens. Il faut davantage la
dynamiser.

Mais je voudrais, à l’orée de cet hivernage plein de promesse, dire toute ma
satisfaction pour la tenue de ce camp-chantier international de reboisement.
Koupéla-2005 devra être une occasion pour la jeunesse d’affirmer son rôle et
sa place dans nos tâches de sauvegarde de l’environnement.

Je salue l’
engagement de ses initiateurs et vous donne rendez-vous à cette "fête de l’
arbre" que constitue ce camp-chantier de reboisement.

Interview réalisée par Sita TARBAGDO
Sidwaya Plus

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