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Côte d’Ivoire : Gbagbo face à la pression internationale

Publié le jeudi 21 juillet 2005 à 10h01min

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Face au calendrier marathon que le Médiateur Sud-Africain Thabo MBEKI a soumis aux protagonistes de la crise ivoirienne dans lequel chaque jour compte et après que le premier acte de cette feuille de route ait été respecté par les FAFN (Forces Armées des Forces Nouvelles), l’ex rébellion et les FANCI (Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire), l’armée régulière ivoirienne, ont convenu d’un chronogramme précis pour le DDR (Désarmement démobilisation réinsertion).

La balle se trouve désormais dans le camp des politiques et surtout dans le camp présidentiel qui doit adopter par le biais de l’Assemblée nationale les lois relatives au processus électoral du 30 octobre prochain.

L’homme aura fait durer le suspense jusqu’au bout. En effet, c’était le 15 juillet dernier au plus tard, délai de rigueur, que le président Laurent Koudou GBAGBO devrait faire adopter par l’Assemblée nationale toutes les lois relatives à l’organisation et à la tenue des élections libres, transparentes et ouvertes à tous en octobre prochain dans son pays.

Mais face au refus des députés FPI de faire passer ces lois avec à leur tête Mamadou COULIBALY, président de l’Assemblé nationale considéré comme l’un des plus durs du régime et Simone Ehivet GBAGBO épouse du chef de l’Etat ivoirien, connue pour être la marraine des escadrons de la mort qui ont endeuillé plus d’une famille en Côte d’Ivoire, Koudou a donc décidé de contourner ses députés en usant des prérogatives que lui confère l’article 48 de la Constitution ivoirienne, et cela non sans pression de la part de la communauté internationale quelque peu lassée du comportement ô combien versatile du woody(1) de Mama.

La veille d’ailleurs, l’ONU avait interpellé chacun des protagonistes de la crise à respecter ses engagements et conformément aux accords de Prétoriat au risque de mettre cette fois-ci en application les sanctions à l’encontre de tous ceux qui bloquent le processus de paix. Il faut ajouter aussi que bien avant, le président Sud-Africain avait adressé une correspondance à son homologue ivoirien dans laquelle il l’exhortait à prendre ses responsabilités en usant des pouvoirs spéciaux que lui confère l’article 48 de la Constitution de la Côte d’Ivoire si l’Assemblée nationale refuse de faire passer les lois.

GBAGBO avait-il le choix alors, lorsqu’il annonçait lors de son speech radio-télévisé à la nation ivoirienne le vendredi 15 juillet 2005 en prenant soin au préalable de rendre un vibrant hommage aux députés de l’Assemblée nationale (sacré GBAGBO !), qu’il promulguait par ordonnance et ce conformément aux dispositions de l’article 48 de la Constitution, toutes les lois sur l’organisation et la tenue des élections du 30 octobre 2005.

Pas si sûr au regard de la pression qui s’exerçait sur l’homme. Les lois en question concernent :
- le financement sur fonds publics des partis et groupements politiques et des candidats à l’élection présidentielle du 30 octobre 2005 ;
- l’identification des personnes et le séjour des étrangers en Côte d’Ivoire ;
- la Commission nationale des droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ;
- la composition, l’organisation, les attributions et le fonctionnement de la Commission électorale indépendante (CEI) ;
- les dispositions spéciales en matière de naturalisation ;
- le code de la nationalité.
Par cet acte, le président ivoirien vient ainsi de donner un coup d’accélérateur au processus de paix et de normalisation en cours actuellement dans son pays ravagé par une guerre civile depuis septembre 2002. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car pour qui connaît le président « boulanger » qui a l’art de rouler ses interlocuteurs dans la farine, il faut d’abord attendre de prendre connaissance du contenu des textes en question.

C’est pourquoi l’opposition non-armée ivoirienne regroupée au sein du G7 se félicite de cette décision du chef de l’Etat mais dans le même temps elle s’accorde la possibilité de reconsidérer sa position après avoir pris connaissance des détails des textes promulgués.

Pour Alphonse Djédjé MADI, porte parole du G7 qui se prononçait sur les ondes de RFI : « Il est prudent et il faut donc attendre d’avoir le contenu des textes puisque à l’exception des deux textes sur les six auxquels il fait allusion, les quatre autres ne sont pas passés en conseil de gouvernement ou de ministres (...) personne ne sait quel sera exactement le contenu de ce qu’il va signer ou de ce qu’il a signé. C’est pourquoi (...) nous attendons de savoir le contenu des textes avant de réagir quant au fond ». C’est donc dire qu’il serait trop tôt de dire « ouf » !

(1) Woody : homme en langue bété ethnie du président ivoirien

Par Claude ROMBA (stagiaire)
L’Opinion

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