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Situation nationale : 10% dissertent et 90% vont décider le 13 novembre

Publié le jeudi 21 juillet 2005 à 10h06min

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Dans l’écrit dont teneur suit, l’auteur déplore le fait que la société burkinabè ne soit pas dotée d’une opinion assez forte pour participer activement au débat politique. Pour lui, cela est dû au faible taux de scolarisation et d’alphabétisation de la majorité de la population, qui constitue pourtant l’électorat le plus important.

L’actualité nationale, ces derniers temps, est sans conteste marquée par les révélations du professeur Laurent Bado, président de l’OBU, sur l’argent que lui et son ex-compagnon, Emile Paré, ont reçu de Blaise Compaoré, président de tous les Burkinabè.

Elle est aussi marquée par le ralliement spectaculaire de l’ADF-RDA au même Blaise Compaoré pour la prochaine élection présidentielle. Ces deux événements majeurs ont été accueillis diversement par l’opinion burkinabè. Celle qui est cultivée et qui ne représente que 10% de la population a eu la latitude de s’exprimer à travers les journaux, les radios et les télévisions. Le débat est, comme à l’accoutumée, descendu dans les lieux publics autour de certaines commodités.

Une autre opinion qui représente près de 90% de la population n’a pas eu véritablement de cadre pour s’exprimer et se prononcer sur le comportement des hommes politiques. Or, c’est elle qui, le jour des élections, le 13 novembre 2005, va représenter l’électorat le plus important. C’est elle qui fait déjà l’objet de convoitise des hommes politiques présentement.

C’est elle qui va certainement décider qui de Blaise, de x, ou de y sera le prochain président du Faso. Parmi ceux qui ont pu se prononcer et discuter des points de vue moral, éthique, intellectuel et même politique du comportement de nos hommes politiques, il y a ceux qui les condamnent fermement et il y a ceux qui défendent les positions des uns et des autres. Le débat pour le moment est policé, avec des arguments assez équilibrés.

Il n’y a pas donc d’exagération et d’écart de langage. C’est cela qui fait le Burkina. Ceux qui ne prennent pas part au débat, soit parce qu’ils ne comprennent pas grand-chose de la chose politique (version burkinabè), soit qu’ils ne s’y intéressent pas, n’ont peut-être rien à dire. Cependant, comme l’on a coutume de dire, celui qui parle ne sait pas que celui qui écoute est doté d’intelligence.

Dans tous les cas, cette situation semble conforter l’attitude de nos politiques puisqu’ils ne créent pas volontairement les moyens pour susciter un débat républicain et citoyen sur leur comportement. A la limite, l’on considère cette opinion corvéable et malléable par des méthodes peu recommandables. Le débat provoqué par la classe politique burkinabè, ces derniers temps, mérite alors une analyse profonde pour mieux comprendre le corps social et le contexte politique burkinabè.

La corruption en politique, le financement occulte des partis, les changements et autres retournements de veste au sein des partis ne sont pas des phénomènes isolés. Ils sont inévitablement liés à l’état actuel de notre société. Situation économique liée au contexte mondial. Situation socioculturelle avec en sus les problèmes d’analphabétisme et d’éducation.

Situation des inégalités sociales où les plus riches deviennent de plus en plus riches et où les plus pauvres s’enfoncent quotidiennement dans la misère. Le comportement actuel des hommes politiques burkinabè ne saurait se comprendre sans une analyse profonde de la société burkinabè et du fonctionnement de ses institutions.

Observateur Paalga

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