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Contentieux électoral : Un boulet pour la démocratie africaine

Publié le mercredi 25 mai 2005 à 08h00min

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Des élections assorties de contestations sont devenues, à quelques exceptions près, une tradition en Afrique. Les issues de scrutin semblent suivre un scénario quasi identique : le parti au pouvoir presque toujours victorieux des élections et l’opposition presque toujours perdante.

Les velléités de fraudes en amont des élections, les irrégularités dans le déroulement du vote et les erreurs volontaires dans le décompte des voix nourrissent ces contestations et mettent à mal le jeu démocratique en Afrique.

La fréquence des conflits post-électoraux en Afrique témoigne de l’obstination de certains hommes politiques à monopoliser les commandes de l’appareil d’Etat. La classe politique qui accède au pouvoir semble vouloir y faire carrière tant et si bien que les possibilités d’alternance dépendent presqu’exclusivement de sa seule volonté. Combien de temps faudrait-il aux leaders politiques africains pour comprendre que le partage du pouvoir est une composante essentielle du jeu démocratique ?

Le problème se situe à des niveaux différents. Il y a d’abord l’analphabétisme et l’ignorance des populations qui font d’elles un "bétail électoral" dont la conscience est achetée à vil prix par le politique. Sans doute, le pouvoir gagnerait à ce que son électorat reste toujours dans l’ignorance. L’opposition qui devait sensibiliser et éclairer les populations semble bouder ce travail qu’elle devrait mener depuis longtemps avant les échéances électorales.

Elle entretient plutôt un mutisme coupable. Heureusement que ce travail de sensibilisation et d’éveil des consciences est très souvent mené par la presse. L’autre problème, c’est le dénuement qui caractérise les partis d’opposition en Afrique. Pire, les subventions accordées aux partis politiques sont souvent détournées par quelques individus et ne profitent pas réellement au parti.

La faiblesse de l’opposition politique en Afrique réside aussi et surtout dans sa désunion. Cette difficile coalition qui est généralement imputable aux querelles de leadership au sein des partis, affaiblit l’opposition. Les campagnes électorales en Afrique sont de plus en plus financées mais ce financement ne fait pas toujours l’objet d’une gestion équitable. Cet argent pourrait permettre aux partis de l’opposition d’avoir un représentant dans chaque bureau de vote en vue de réduire et pourquoi pas annihiler des irrégularités qui sont toujours l’objet de contestations.

Les déclarations de bonnes intentions ont toujours marqué les campagnes électorales en Afrique, mais les fraudes persistent. De même, des dispositifs sont toujours mis en place pour veiller à la transparence des élections . C’est ainsi que des observateurs internationaux s’invitent par centaine lors des scrutins en Afrique.

L’avènement des Commissions électorales nationales indépendantes (CENI) qui devrait consacrer la non-ingérence de l’Etat dans l’organisation des élections est aussi révélateur d’une lueur de crédibilité pour les démocraties africaines. En effet, la Commission électorale, lorsqu’elle est consensuelle, constitue une avancée notable vers des élections crédibles. Il en est de même pour la cour constitutionnelle.

A l’inverse, lorsqu’elles sont aux ordres du pouvoir, elles font le lit des contestations électorales à n’en pas finir. L’exemple récent est celui du Togo où il y a eu des remous au sein de la cour constitutionnelle à l’issue des élections du 24 avril dernier précisement le jour de la prestation solennelle de serment de Faure Gnassingbè.

La crédibilité des élections en Afrique peut passer par les dépouillements publics en présence des représentants de tous les partis candidats. Le Sénégal a donné un bel exemple de scrutin non contestable en 2000, un scrutin dont les résultats du dépouillement ont été publiés en direct à la radio.

Le Burkina qui projette à l’extérieur une image de pays stable, a tout intérêt à gagner le pari d’une élection propre et transparente à souhait. Le pourra-t-il ?.

Le Pays

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