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Pr Laurent Bado à Bobo-Dioulasso : « Les portes de l’enfer ne se trouvent pas derrière nous, mais plutôt devant nous »

Publié le mercredi 18 novembre 2015 à 01h55min

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Pr Laurent Bado à Bobo-Dioulasso : « Les portes de l’enfer ne se trouvent pas derrière nous,  mais plutôt devant nous »

A Bobo-Dioulasso ce dimanche 15 novembre, le professeur Laurent Bado s’est adressé aux militants pendant près d’une trentaine de minutes. En plus de les avertir sur le pire qui pourrait arriver au Burkina, il n’est pas allé du dos de la cuillère pour critiquer certains candidats à la présidentielle. Extraits !

« J’ai entendu dire que rien ne sera plus comme avant, mais tout sera comme avant. Et de tout cœur, je crains que tout soit pire qu’avant. Les preuves sont déjà là. Ça fait près d’un an, nous avons un pouvoir de transition, mais ça n’a pas empêché qu’on triche dans les concours. Comme toujours, ça n’a pas empêché qu’on ait tenté de frauder aux élections avec 5 000 cartes. Rien n’a été expliqué au peuple. C’est dire que tout sera comme avant. Ouvrez bien vos oreilles car tout sera pire.

Est-ce que vous avez pris le temps de remarquer les candidats à l’élection présidentielle ? En tout cas, personnellement, je n’arrive pas à comprendre comment des gens qui ont été avec Blaise Compaoré pendant 27 ans, qui ont travaillé avec lui, et quand on tuait, ils étaient là. Sous leur règne, c’était la justice du plus fort, du plus faible et du plus bras long…. Maintenant, parce que Blaise les a remerciés, disant qu’il n’en veut plus, que ces gens qui l’ont pourtant aidé à construire la maison que nous avons déboulonnée, que ce soit ces mêmes maçons qui prétendent proposer de nous construire une nouvelle maison. Il faut que le peuple burkinabè soit le dernier des peuples de la race humaine pour se contredire de cette manière. A quoi servira donc la mort de nos enfants ? Ces enfants, qui au prix de leur vie, ont dit non à une société qui n’était plus vivable. Car il s’agissait d’une société pour les richards vivant luxueusement à côté de millions de clochards. Ils utilisaient notre argent pour mener une telle vie.

En effet, lorsque j’étais à l’Assemblée nationale, en 2007, les occidentaux ont donné 267 milliards de FCFA pour réduire la pauvreté au Burkina. L’année qui a suivi, c’était les émeutes. Le peuple s’est révolté parce qu’il avait faim. Et l’on se demandait où était rentrée cette grosse somme. Ce sont les mêmes qui veulent gouverner qui gouvernaient à l’époque. Ils sont habitués à la gabegie, aux détournements… et ils prétendent construire un Etat démocratique.

C’est pourquoi je dis que les portes de l’enfer ne se trouvent pas derrière nous, mais plutôt devant nous. N’oubliez pas, j’avais prédit pour les émeutes en 2008, ensuite la mutinerie en 2011, et 2014 pour l’insurrection. Tout ça, n’étaient que les fenêtres de l’enfer. Les portes de l’enfer vont s’ouvrir bientôt, si rien ne change, et si ce sont les mêmes qui reviennent au pouvoir.

S’ils sont au pouvoir, aucun dossier de crimes économiques, de sang et bien d’autres ne sera jugé. On a seulement eu à parler du dossier Ousmane Guiro et qui se bat aujourd’hui dans et pour le MPP.

Réfléchissez bien. Ce sont ces mêmes « gars » qui ont travaillé avec Blaise pour nous construire une sale Nation, un sale Etat que nous avons détruit au prix du sang. Alors si ce sont les mêmes qui reviennent, où est le changement ?

En tout cas, je vous le dis, si ce sont les mêmes qui reviennent, que ceux qui peuvent fuir, n’ont qu’à fuir, parce que ce sera là, les vraies portes de l’enfer qui vont s’ouvrir.

Car ils n’ont aucune idée de développement d’un pays. Ils ont été ministre, premier ministre, député, etc. Où était leur intelligence ? Qu’ont-ils fait ? Rien. Et brutalement aujourd’hui, ils se retrouvent intelligents pour sauver le pays.

Il y a 30 ans, j’avais prédit que les occidentaux connaitront une crise horrible. C’est bien arrivé. C’est encore moi qui ai prédit qu’il nous faut une troisième voie de développement. Aujourd’hui en Europe, ils sont à ce stade.
C’est pourquoi, si vous suiviez le PAREN, on sera en avant. Nous avons un programme de gouvernement que personne ne peut contester s’il est le fils de son père par la volonté de sa mère. Personne !

Nous avons du potentiel dans le domaine agricole et l’élevage. Il se trouve, cependant que tout pousse au Burkina mais l’eau manque. Mais le PAREN va aller vers la pluie. Ce n’est pas compliqué. 8 000 villages, 8 000 retenues d’eau… c’est Blaise Compaoré qui a essayé de m’imiter avec 8 000 villages, 8 000 forêts, mais il n’y a pas d’eau pour arroser la forêt, elle va mourir.

Il y a des candidats qui ont axé leurs priorités sur la santé avec des chiffres à mystifier les profanes du domaine. Nous voulons de la politique avec de vraies orientations en ne comptant que sur soi-même.

Ce n’est pas moi qui ai copié Thomas Sankara, c’est lui qui m’a copié. En effet, dans mon livre publié en janvier 1981 j’écrivais qu’il ne faut pas copier, ni les socialistes, ni les capitalistes. Qu’il ne faut compter que sur soi-même. C’est moi qui ai été la première personne à dire ça. Ce n’est pas Sankara, car il ne pouvait pas avoir le niveau pour avoir ces belles idées. Nous dépensons des milliards par an, pour nourrir les prisonniers mais avec le PAREN, il n’y aura plus de prison où on enferme quelqu’un comme un animal. Les prisonniers iront sur tous les chantiers de construction. J’ai même l’intention de dévier le cours du Mouhoun. Je vais le faire changer de route.

Demandez à ceux qui ont lu notre programme de gouvernement. Nous en avons de plus concret sur l’éducation, car aujourd’hui l’école rend bête. Comme les hôpitaux, la médecine rend malade. Nos hôpitaux sont des mouroirs. La priorité des priorités au PAREN n’est pas la santé. Parce que ce sont les personnes qui ne mangent pas bien qui tombent malade. Il faut donc manger bien pour ne pas tomber malade.

Je suis devenu vieux. Je ne vais pas continuer à dire aux Burkinabè de faire attention. Quand je parle, on me traite de fou. On dit que je ne suis pas un homme politique. Mais je sais que ce sont mes ennemis qui tiennent ces arguments. Ils ne comprennent rien à rien.

Pour gouverner un peuple, il faut connaitre son défaut. C’est ce qu’on appelle la caractériologie des Nations. Par exemple, le français est vantard, le juif est pingre, l’italien est escroc, l’arabe est fourbe… Je peux vous citer pour toutes les nations. Et notre peuple au Burkina est un peuple mouton. Où est l’insulte ?

Je suis mal éduqué et je forme des gens que vous respectez ? Il faut que ça s’arrête. Et le PAREN peut changer cela, pas en 60 mois, mais en 30 mois. Si vous nous accordez le pouvoir, Barry et moi à la télévision, ferons le bilan. Alors si le peuple nous dit de dégager, nous dégagerons à 00heure, 00 minute, 00 seconde ».

Propos recueillis par Bassératou KINDO
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