Elections municipales partielles : A l’arrondissement 4 de Ouaga, les électeurs sont fatigués
Pour la énième fois, les électeurs de l’arrondissement 4 de Ouagadougou étaient appelés aux urnes, ce 28 mai 2017, pour l’élection des conseillers municipaux. Le conseil municipal le plus instable de la capitale. Mais cette fois, quelque peu excédés d’être chaque fois convoqués à répéter le même manège, les électeurs ne se sont pas bousculés.
86006 électeurs sont inscrits dans les 221 bureaux de vote de l’arrondissement 4 de Ouagadougou. 16 partis politiques se disputent les 20 postes de conseillers à pourvoir dans les quatre secteurs (17, 18, 19, 20) de l’arrondissement.
Les bureaux de vote ont effectivement ouvert à 6h du matin, comme le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry, a pu faire le constat au CEG municipal annexe.
Un constat général s’est dégagé à la mi-journée. Le faible taux de mobilisation des électeurs. Dans la plupart des bureaux de vote, ce fut une journée dominicale plutôt tranquille. Selon Omar Sawadogo, candidat de l’UPC, le manque d’affluence constaté est le signe que les gens en ont marre de voter.
« En cinq ans, on a eu cinq votes ». Comme la plupart des présidents de bureaux de vote que nous avons interrogés dans la matinée, le candidat a espéré que les potentiels électeurs qui seraient à la messe viendront voter après, sans quoi ce sera la déception. « C’est vrai on veut être conseiller, maire ; mais on veut être élu par beaucoup de personnes. Si on se retrouve avec quelques maigres voix, même si on a le titre de conseiller, on n’est pas fier de l’être », a-t-il prévenu.
Pour lui, cette énième reprise doit être une leçon pour tous, surtout pour ceux qui sont extérieurs à l’arrondissement, mais s’ingèrent dans les affaires de cette partie du territoire communal. « Je pense que tout le monde a maintenant compris que les problèmes de l’arrondissement 4 seront résolus par les enfants de cet arrondissement. L’extérieur doit sortir sa bouche des histoires de notre arrondissement pour qu’on puisse, en tant que fils de l’arrondissement, s’asseoir sur la même table et décider de l’avenir de l’arrondissement ».
Anatole Bonkoungou, le candidat ODT, a, lui, apprécié le calme dans lequel se sont déroulées les opérations de vote. « Nous avons souhaité que les gens votent, sans heurts. On ne nous a pas encore signalé d’incidents et nous rendons grâce à Dieu », s’est-il réjoui.
Pour éviter un quelconque blocage au conseil municipal, il souhaite qu’à l’issue du scrutin, une majorité confortable se dégage : « C’est ce qui va amener la stabilité au conseil municipal pour que l’arrondissement amorce véritablement les chantiers de développement, sinon j’avoue que nous ne sommes pas satisfaits avec ce qui se passe dans l’arrondissement. Si c’est avec des alliances souvent contre nature que nous allons sauver une situation, nous ne serons pas sortis de l’auberge ».
L’ancien maire de l’arrondissement 4 a par ailleurs invité l’ensemble des acteurs à accepter le verdict des urnes, car c’est ce qu’il fera.
Le secrétaire général du CDP de l’arrondissement 4 et candidat, Christian Soré, s’est également dit prêt à accepter les résultats des urnes. « Nous ne sommes pas des va-t’en guerre, quand on va à une bataille, soit on gagne ou on perd. Ça fait plusieurs fois que les élections sont reprises dans cet arrondissement. Je crois que la population a compris que la vocation de l’Etat, ce n’est pas seulement organiser des élections dans l’arrondissement 4 », a-t-il dit.
Pour mémoire, à l’issue du scrutin du 22 mai 2016, les 20 sièges ont été répartis entre le CDP (opposition, 4 sièges), l’UPC (opposition, 2 sièges), CMP (regroupement d’indépendants, 1 siège), le MPP (parti au pouvoir, 6 sièges) et l’ODT le parti de Anatole Bonkoungou (parti de la majorité présidentielle, 7 sièges).
Convoquée une première fois le 19 juin et une deuxième fois le 21 juin, la plénière n’a jamais pu réunir les conditions pour l’élection du maire. Avec la troisième convocation le 28 juin, Anatole Bonkoungou et ses soutiens sont passés au vote sans la majorité requise. Le tribunal administratif avait invalidé son élection. En cause, le quorum (9/20) qui a validé sa candidature le 28 juin 2016. Un quorum jugé insuffisant par le tribunal administratif, les textes n’autorisant que la majorité d’au moins 11/20.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net