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Commune rurale de Solhan : Cyanure, acide nitrique, zinc et mercure mettent des vies en péril

Publié le dimanche 26 avril 2015 à 23h35min

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Commune rurale de Solhan : Cyanure, acide nitrique, zinc et mercure mettent des vies en péril

La région du Sahel Burkina regorge de ressources minières. C’est du moins le cas dans la province du Yagha, et surtout dans la commune rurale de Solhan. Une commune où la recherche de l’or est l’affaire de particuliers qui utilisent à outrance, des produits toxiques dont le cyanure, l’acide nitrique, le zinc, le mercure. Des produits qui ont déjà entrainé mort d’animaux et d’arbres. Au même sort, se trouvent exposées les populations de cette commune avec la saison des pluies qui s’annonce, au regard des constats faits sur place le jeudi 23 avril 2015.

De Dori (ville située au nord-est du territoire burkinabé), le chef-lieu de la province du Yagha qu’est Sebba, se situe à une centaine de kilomètres. Et de Sebba, la commune rurale de Solhan se trouve à une dizaine de kilomètres. Une commune qui regroupe seize villages dont Fanta-Foota, Gountouré, Djemsoti.
Dans cette commune, l’élan de recherche effrénée de l’or – qui se trouve être à ciel ouvert par endroits – foule au pied la vie. Des particuliers s’investissent dans cette recherche. Tandis que certains creusent pour trouver le filon et y arracher des granites aurifères, d’autres font le traitement de minerai pour en extraire le métal précieux. Si les premiers utilisent du mercure pour déceler et réunir les cristaux d’or après broyage des granites, les seconds, eux, recourent à l’usage du cyanure, du zinc, puis de l’acide nitrique.

Ceux qui utilisent le mercure sollicitent les services d’instruments de broyage-lavage implantés surtout aux environs du marché de Solhan. Un lavage à l’eau et au mercure, le tout déversé sur place. Le mercure, c’est cette substance chimique dont la toxicité chez l’homme s’installe sous forme de vapeur au niveau des voies respiratoires pour ensuite se fondre dans le plasma, le sang et l’hémoglobine. Une fois transporté par le sang, il attaque les reins, le cerveau, et le système nerveux. Chez la femme enceinte, il traverse facilement le placenta pour atteindre le fœtus. Et même après la naissance de l’enfant, les risques de sa contamination perdurent, étant donné que le lait dont il se nourrira se trouve souillé.
Quant à l’utilisation du cyanure, du zinc et de l’acide nitrique, elle se fait sur plusieurs sites : aux portes de l’école ‘’Solhan B’’, aux abords du barrage de Gountouré, à Fanta-Foota, et ailleurs. Or, il se trouve que l’intoxication par respiration du cyanure entraine blocage de la respiration, convulsions, coma, arrêt cardio-vasculaire, et la mort survient seulement en quelques dizaines de secondes. Et le contacte avec l’acide nitrique expose notamment à de graves brûlures, à des œdèmes pulmonaires.

Une saison hivernale avec de risques fatals

Sur divers sites à Solhan, l’utilisation faite de ces produits a déjà entrainé disparition d’arbres (soumis aussi à une coupe abusive) et d’animaux. Des sites accessibles aux Hommes de tout âge et où se trouvent entreposés des tas de terre souillée au cyanure durant une semaine au minimum. Cette terre intoxiquée peut ensuite être – après un certain temps - soumise plusieurs fois à de l’eau souillée au cyanure, dans l’espoir d’en extraire encore des cristaux d’or. C’est du moins, ce qu’a confié un des utilisateurs de ces produits, Issaka Nikiéma dit ‘’Siaka Zoulou’’ qui précise que « si la pluie tape, on peut la travailler encore ».
Malheureusement qu’avec la pluie, des barrages - comme celui Gountouré entouré de sites d’utilisation de cyanure - s’en trouveront souillés. Ce barrage de Gountouré qui sert de source d’eau aux populations riveraines et d’abreuvoir aux animaux, a tari depuis le mois de janvier semble-t-il, du fait de l’utilisation qu’en ont faite les chercheurs d’or. Au-delà des barrages et autres retenues d’eau, c’est la nappe phréatique qui risque d’être souillée par ces produits toxiques. Autant dire que la saison hivernale qui s’annonce, au lieu d’apporter des pluies bienfaisantes - comme dirait l’autre – à Solhan, risque sérieusement de décimer végétation, animaux, Hommes ; en un mot, la vie.

Les journées d’insurrection populaire ‘’mises à profit’’ autrement

Ce summum de risque a commencé à s’instaurer dans un Burkina d’après insurrection. En effet, pendant que les populations de Ouaga, de Bobo et de bien d’autres localités étaient dans les rues les 30 et 31 octobre 2014 pour exiger et le retrait du projet de loi modificatif de la Constitution et le départ du président Blaise Compaoré, celles de Solhan ont pris pour cible, les installations de la SOMIKA (Société minière Kindo Adama). Personnels mis en débandade, installations et habitations de ces derniers vandalisés, place ensuite à l’accaparement du minerai entassé par cette société. Chacun y va avec ses moyens pour se faire un entrepôt de minerai. L’on raconte que des camions sont venus de Dori, et même de pays voisins en l’occurrence le Niger (dont la frontière se situe à une cinquantaine de kilomètres des lieux), le Ghana, le Mali.
Ce pillage fait, le traitement du minerai pour en extraire l’or a aussitôt commencé dans plusieurs villages relevant de Solhan, et ailleurs. Et ce, avec l’utilisation du cyanure et des autres produits chimiques comme le faisait la SOMIKA. En effet, cette société, a-t-on appris, est véritablement entrée en activité dans la commune en 2009 par l’encadrement d’orpailleurs attitrés qui cherchaient les filons d’or pour son compte. Par la suite, elle serait entrée dans une exploitation semi-mécanique par collaboration avec une entreprise dirigée, semble-t-il, par un Blanc. Cette nouvelle forme d’exploitation fut courte, et SOMIKA s’est investie dans le traitement des minerais. D’où le recours au cyanure, zinc, et acide nitrique notamment. Un recours qui ne pouvait évidemment pas être inquiété sous le régime déchu.

Solhan, zone de libre circulation de produits toxiques

Comme cette société, certains orpailleurs ont fait – après l’insurrection populaire – de la circulation et de l’utilisation des mêmes produits chimiques, leur sport favori. Ces produits, en provenance soit de Pouytenga ou de pays voisins, abondent dans la commune de Solhan qui ne dispose ni d’un poste de police, encore moins de gendarmerie. Un camp CRS (Compagnie républicaine de sécurité) y avait été installé du temps de SOMIKA juste, a-t-on appris, pour sécuriser cette société minière.
A ce jour, l’utilisation de ces produits toxiques est monnaie courante dans cette partie du Burkina. Et en plus du minerai transporté des sites de SOMIKA, les utilisateurs du cyanure se sont déportés sur un autre site. Celui qu’exploitait une société koréenne dans le village de Fanta-Foota. Cette société qui aurait commencé ses activités dans les années 1970, a été, semble-t-il, sommée - sous la Révolution - de fermer porte. Ce qu’elle fit définitivement en 1989. Et les résidus de minerai délaissés font l’objet de convoitise maintenant, avec malheureusement utilisation de produits nuisibles à la vie.
Ces chercheurs d’or, pratiquement tous sont venus d’autres localités dont Pouytenga dans la province du Kouritenga. C’est du moins, le constat fait avec ‘’Siaka Zoulou’’ venu il y a près de quatre mois, mais aussi avec ces deux jeunes garçons (Salif Kaboré et Daouda Kaboré, emmenés par leur oncle Amado Kaboré) qui aurait mieux fait de les envoyer étudier à l’école. Sans doute qu’à l’approche de la saison des pluies, ils regagneront leur terroir. Mais que restera-t-il de la commune de Solhan ? N’attendons pas de voir, agissons plutôt pour faire éviter le pire.

Fulbert Paré
Lefaso.net

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