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Réforme de l’ONU : difficile, sans la bénédiction de l’Oncle Sam

Publié le mercredi 23 mars 2005 à 08h57min

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Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a dévoilé dimanche dernier un projet de réforme de l’organisation mondiale et de son système de sécurité collective, sans précédent depuis sa création en 1945.

Dans ce projet, qu’il veut voir adopter lors d’un sommet mondial en septembre prochain, M. Annan propose l’élargissement à 24 membres, contre 15 aujourd’hui, du conseil de sécurité, principal organe de décision de l’ONU.

Il a laissé aux Etats le soin de trancher entre deux options possibles de répartition des sièges entre permanents et non permanents. Inspiré par les profondes divisions causées par les guerres en Irak, M. Annan demande au conseil d’édicter un code pour définir dans quelles conditions les nations peuvent entrer légalement en guerre.

Ce code réaffirmerait le rôle central du Conseil et son droit de recourir à la force, y compris de manière préventive, pour préserver la paix et la sécurité internationales, même dans les cas de génocide, nettoyage ethnique et autres crimes contre l’humanité.

Mais auparavant, le Conseil devra examiner soigneusement le sérieux de la menace et si elle ne pourrait pas être résolue par d’autres moyens.

M. Kofi Annan demande aussi l’approbation d’une définition du terrorisme, entreprise qui, jusqu’ici, a toujours buté sur des différences de conception entre Etats.

Soulignant que le monde a une occasion unique d’adopter ces réformes lors du sommet de septembre devant marquer le 60e anniversaire de la création de l’ONU, son chef de cabinet, Marloch Brown, prévient que « si nous n’y parvenons pas d’ici au sommet, la crainte est grande que tout cela parte à la dérive ».

Les grands changements comme la réforme du Conseil exigent un vote des deux tiers des 191 membres de l’Assemblée générale, incluant les cinq membres permanents du Conseil, qui est composé de la Chine, des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie.

Dans son discours du lundi 21 mars dernier, le secrétaire général de l’ONU a mis les dirigeants du monde entier devant leurs responsabilités en leur enjoignant d’adopter en bloc, avant septembre, son projet de réforme de l’ONU et de lutte contre la pauvreté.

Il a été tranchant dans ses propos : « Cette enceinte a entendu assez de nobles déclarations. Nous savons tous quels sont les problèmes et nous savons tous ce que nous avons promis d’accomplir.

Ce qu’il nous faut maintenant, ce ne sont pas des déclarations ou des promesses, mais des actes pour remplir les promesses déjà faites », a-t-il lancé aux délégués.

Mais il y a problème : les Etats-Unis ont leur projet de lutte contre le terrorisme et certains pays tels l’Iran, la Corée du Nord, Cuba et autres, qui sont dans « l’axe du Mal » défini par l’Oncle Sam, risqueraient d’être châtiés. En tout cas, Bush fils, qui a mentionné en bonne place ces Etats sur sa liste noire, n’entend aucunement les laisser bénéficier encore longtemps d’une impunité.

Cependant, si les responsables de l’ONU estiment que le monde, deux ans après les débats amers sur la guerre en Irak, est prêt au changement, l’existence d’une volonté politique en faveur de ces changements au sein de certains Etats n’est pas assurée.

On sait qu’entre Kofi Annan et Georges Bush, ce n’est pas le parfait amour, surtout concernant les guerres en Afghanistan, en Irak, et ces fameuses armes de destruction massive, qui n’ont jamais été trouvées, malgré une fouille méthodique.

Malheureusement pour les pays qui aspirent au changement, Washington finance 22% du budget général de l’ONU et 27% de ses opérations de maintien de la paix, et a souvent critiqué sévèrement l’organisation. Ce n’est pas pour rien que M. Annan a reconnu la difficulté de la tâche lors d’une conférence de presse.

Avant même que cette réforme soit adoptée, en Afrique on s’entre-déchire pour choisir ceux qui vont représenter ce continent parmi les futurs membres permanents.

Sous nos tropiques, comme cela est courant, on ne s’accorde pas toujours sur le choix d’une personne ou d’un pays. Les querelles tournent autour du Nigeria, de l’Egypte et de l’Afrique du Sud, si fait que le président Bongo aurait proposé que les sièges soient tournants.

Une rencontre à la mi-mars s’est même terminée en queue de poisson. Ainsi donc, pendant que les puissances s’étripent dans les salons feutrés à New York pour une réforme globale, en Afrique, l’on se donne des coups en dessous de la ceinture pour une hypothétique place.

Espérons seulement que l’obtention de ces sièges soit le début d’un renouveau du continent noir pour qu’une fois au moins, le berceau de l’humanité mette fin à ses querelles de clochers pour se penser sur l’essentiel.

Issa K. Barry
L’Observateur

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