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Colonel Saye Zerbo : « Chaque caïman doit rester dans son marigot »

Publié le lundi 23 septembre 2013 à 23h30min

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Colonel Saye Zerbo : « Chaque caïman doit rester dans son marigot »

En décembre 1991, alors que le Burkina vibrait au rythme de la première élection présidentielle de la IVe République, nous avons rencontré, pour le compte de Sidwaya, le colonel Saye Zerbo dans sa ville natale de Tougan où il s’était retiré. A l’époque, un peu comme aujourd’hui avec le sénat, une question divisait l’opinion : la tenue ou pas du forum de réconciliation nationale. Dans cet entretien, l’un des premiers qu’il accordait à la presse après sa sortie de prison, l’ancien président a eu des réponses qui gardent une certaine actualité et restent, en tout cas riches d’enseignements sur beaucoup de sujets d’intérêt national. Document archive de Sidwaya.

L’auteur du coup d’Etat « béni » de 1980 qui a instaure le régime militaire du CMRPN (Comité militaire de redressement pour le progrès national), le colonel Saye Zerbo, s’est, comme on le sait, retiré dans son village natal après un passage à vide et en prison. C’était suite à un autre coup d’Etat militaire. En outre, on retiendra qu’il est le destinataire de la célèbre phrase « Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple ».

Tout cela, c’est de l’histoire car le colonel s’est retiré à Tougan, son village natal, où il s’est reconverti en fervent croyant et en habile agriculteur. Panglos dans Candide de Voltaire n’avait donc pas tort en affirmant qu’après tout « il faut cultiver notre jardin ». En tout cas le colonel s’y est mis vaillamment et c’est justement à la sortie de l’église qu’il a accepté nous recevoir en ce dimanche historique du 1er décembre entre 11 heures et 12 heures. Après nous avoir humblement apporté des chaises et fait boire, il a accepté répondre à nos questions ; sans détour. D’abord il commence par nous dire comment il vit sa vie de retraité dans son village natal.

Colonel Saye zerbo : Ma vie de retraité se partage entre les champs et l’église. Et comme moyens financiers, j’ai comme vous le savez, le tiers de ma pension de retraité mais malgré tout, quand on a Dieu avec soi, même si on n’a rien, on a tout.

Sidwaya : vous parlez du tiers de votre pension, pourquoi cela ?
Saye Zerbo : comme vous le savez, j’ai été condamné par les TPR. Tous mes biens ont été saisis y compris ma pension de retraité.

S. : Nous croyions savoir que vous avez fait une requête auprès du chef de l’Etat dans ce sens.

S .Z. : Oui et à plusieurs reprises. Cela a justement fait l’objet de notre entretien le 15 novembre dernier lors de son passage ici. Mais jusqu’à présent il n’y a pas de suite. J’attends toujours.

S. : Depuis Tougan est-ce que vous suivez l’évolution de la vie politique nationale ?

S.Z. : Je la suis autant que faire se peut, mais avec la distance, c’est avec retard que nous avons certaines nouvelles.

S. : Comment appréciez-vous cette situation avec l’élection du président du Faso qui en constitue une étape importante ?

S.Z. : Si j’ai quelque chose à dire, c’est parce que le président du Faso est un militaire ; autrement je n’aurai même pas à en parler.
A mon sens, si l’armée est au pouvoir, elle est au pouvoir ; si elle n’est pas au pouvoir, elle est à la caserne. Je crois que cela doit être clair. Garante de l’intégrité du pays, la sécurité des personnes et des biens, l’armée doit garder sa position afin que la nation lui fasse confiance. Or, dans certaines situations politiques, il arrive très souvent (comme c’est le cas) que l’armée en pâtisse pour son unité. Ce qui est vraiment dommage non seulement pour l’armée elle-même, mais pour le pays aussi.

S. : En clair, vous prêchez donc pour le retrait des militaires de la vie politique.

S.Z. : Oui, absolument.

S. : Que pensez-vous alors des disponibilités prises par certains vis-à-vis de l’armée notamment le candidat Blaise Compaoré ?

S.Z. : Vous savez, comme on le dit, chaque caïman a son marigot. Un militaire est un militaire. Il a l’esprit militaire, même s’il se met en costume ou en grand boubou. C’est cela qu’il faut avoir à l’esprit. Quand bien même on prend des disponibilités pour faire de la politique, il y a toujours l’esprit militaire qui est là. Dans ce sens les civils diront toujours que c’est l’armée au pouvoir. Disponibilité ou pas, ils voient le militaire. Quelles que soient les bonnes intentions de Blaise, on le taxera toujours de dictature militaire, malgré sa bonne volonté et la démocratie qu’il a instaurée. D’ailleurs on commence à dire que c’est le deuxième coup d’Etat qu’il est en train de faire malgré ses bonnes intentions pour la démocratie. Donc un militaire est un militaire quoiqu’on fasse. Chaque caïman est bon dans son marigot. Quand un caïman quitte son marigot pour aller dans un autre, les caïmans de ce marigot vont le quereller. Oui ou Non ?

S. : Oui ! C’est vrai !

S .Z. : (rires) Cela est valable aussi bien pour les animaux que pour les hommes. Nous sommes militaires et nous faisons les choses militairement. C’est ma compréhension.

S. : Dans une mise au point récemment publiée par notre confrère l’Observateur Paalga, vous avez voulu préciser votre position par rapport à un éventuel soutien des Forces du progrès de votre part. Que faut-il comprendre à ce niveau ?

S.Z. : C’est ce que je vous disais tout à l’heure. A mon sens, je crois que si j’avais été consulté auparavant j’aurais dit à mon petit frère Blaise Compaoré de ne pas se présenter et qu’il gagnerait plutôt à rentrer à la caserne. Compte tenu de la situation nationale, je crois qu’il a assez bien fait comme ça en créant la démocratie. Il aurait eu la sympathie de tous les partis politiques en se retirant. C’est mon point de vue. Il aurait eu la sympathie de tout le monde et il serait bien noté.

S. : Pour aborder un autre domaine ; que pensez-vous de votre ainé, le général Sangoulé Lamizana qui, il ya quelques temps, a fait l’objet de beaucoup d’écrits peu flatteurs dans la presse ?

S.Z. : Concernant le grand frère Lamizana, j’avoue que je ne suis pas du tout fier de ce qu’on dit de lui. A mon avis, il faudrait qu’il se retire de tout et qu’il vienne se reposer. C’est mon point de vue.

S. : Que pensez-vous de la question qui divise actuellement notre classe politique et même notre nation : la question de la conférence nationale ?

S.Z. : Tout est dans le but visé par la conférence nationale. Si la conférence nationale a pour but la réconciliation nationale, je crois qu’elle est la bienvenue. Il faut la souhaiter. Parce qu’un chef d’Etat lorsqu’il veut vraiment travailler, il a besoin de toutes les forces ; aussi bien les forces qui le soutiennent que les forces de l’opposition qui ont leur mot à dire. C’est dans la contradiction que l’homme marche. Quand vous jetez un pied devant il y a l’autre qui est derrière ; et ça vous permet d’avancer. La politique c’est cela ; la vie nationale c’est cela. Il faut la contradiction. Dans la vie, ce serait une bonne chose que tout le monde s’entende pour travailler. S’il y en a qui travaillent et d’autres sont derrière entrain de tirer, je ne sais pas si on peut avancer. Donc il faut faire en sorte que tout le monde se retrouve et qu’on puisse tirer dans la même direction. Si le but de la conférence est que tout le monde se retrouve, que l’on se pardonne et que l’on se donne la main, cela nous permettra d’avancer.

S. : Quelle issue voyez-vous à cette contradiction qui parait fondamentale ?

S.Z. : Vous savez, tout aspect humain est plein de contradictions ; il n’y a que Dieu qui peut vraiment nous guider dans cette affaire. Ce que moi je peux faire, je le fais toujours en priant ardemment pour que Dieu intervienne et que nous puissions trouver une solution, une porte de sortie à cette situation. C’est Dieu qui peut nous guider dans la voie la meilleure pour que la nation puisse se retrouver.

S. : Qu’aurez-vous à donner comme conseil à nos hommes s’il vous était fait appel ?

S.Z. : Mais comme on ne m’a pas fait appel…

S. : Nous, nous vous faisons appel en tant qu’ancien président, en tant que militaire ayant dirigé la nation…

S.Z. : Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, il y a une situation de confiance qu’il faut créer. Sans confiance, c’est peine perdue. On a beau dire ceci, cela, s’il n’y a pas de confiance entre les hommes et les femmes, les fils de ce pays, c’est peine perdue. Ce n’est pas la peine de tourner autour du pot ; il faut créer une situation de confiance entre les gens. A partir de là, on peut demander tout ce qu’on veut. Cala nous permet de nous comprendre et de travailler. Mais s’il y’a la suspicion, chacun reste sur sa position et il est en ce moment vraiment difficile de régler certaines questions. Si j’ai des conseils à donner c’est de faire en sorte qu’il y ait une situation de confiance entre les uns et les autres. Et plus particulièrement l’armée.

Parce que l’armée est garante de la situation nationale au point de vue intégrité et sécurité. Par conséquent, il faut d’abord qu’il y ait entente à ce niveau. Comme on se plait à le dire, l’armée doit être « un bloc de foi en marche ». Etant donné que dans l’armée il y a des enfants de toutes les tendances, les choses sont facilitées. Il faut que l’armée se retrouve.
J’ai eu plusieurs fois à en parler. D’abord au sujet de la candidature de Lamizana en 1978. J’ai eu à lui dire clairement que j’étais contre. Je l’ai dit à Blaise aussi. Parce que cela peut porter atteinte à l’unité de l’armée. Vous ne pouvez pas faire la politique sans parti pris parce que les gens n’auront pas le même esprit. Même si l’armée ne fait pas ouvertement de la politique, elle a ses points de vue sur les affaires de l’Etat. Mais quant à les étaler comme cela, c’est dangereux pour l’armée.

Donc il est bon que l’armée se retrouve. C’est pourquoi déjà en mai 1982, je mettais en garde les militaires contre les actions nuisibles de certaines personnes. Parce que c’était non seulement dangereux pour la carrière des uns et des autres, mais aussi pour toute la nation.

Et après le 7 novembre 1982, quand j’étais enfermé au nouveau camp, j’ai eu à écrire au président du CSP pour lui dire que j’étais le seul responsable du 25 novembre 1980. Je lui demandais de libérer tous les officiers qui avaient étés arrêtés parce que ce sont des officiers qui sont au service de leur pays et non pas au service de Saye Zerbo. [NDLR, à ce sujet, le colonel nous a produit un document confidentiel datant de mai 1982 où il en appelait à la vigilance des militaires contre les enseignements jugés dangereux et intoxicateurs de certains hommes politiques, syndicalistes. Certaines personnes nommément citées sont mises en cause].

Malheureusement ça n’a pas été fait. Sinon j’ai écrit. C’est pour vous dire que je tiens beaucoup à l’unité de l’armée. Parce que sans l’unité de l’armée, c’est l’armée toute entière qui vacille. Notre sécurité à tous en dépend. Il faut tout mettre en œuvre pour que l’armée soit cohérente, que tous ses maillons puissent parler le même langage.

S : Est-ce à dire que quand intervenait le coup d’Etat du CMRPN en 1980 il n’y avait pas de problèmes au sein de l’armée ?

S.Z : Absolument pas. Ce sont des éléments qui ont été travaillés longtemps à l’avance, avant l’arrivée du CMRPN. Ils ont été travaillés dans les salles de classe, lors des réunions secrètes. Autrement dit, il n’y avait pas de difficultés à l’époque entre ces officiers et moi. Entre Sankara, Compaoré et Zongo, il n’y avait absolument pas de problèmes. Ce sont des garçons que j’ai estimés. Je les ai notés et appréciés positivement. Du reste c’est moi-même qui leur ai donné le grade qu’ils ont, le grade de capitaine. C’est pour dire qu’à l’époque s’il y avait un problème au plan militaire, cela ne se serait pas passé comme ça.

S : Selon vous, c’est donc l’action des syndicalistes au sein de l’armée qui y a apporté la division ?

S.Z : Syndicalistes ou hommes politiques qui sait ? Ce qui est sûr c’est qu’ils ont été « travaillés », c’est clair. Et c’est en dépit des règlements militaires. C’était prévu puisqu’on enseignait aux élèves officiers qu’il faut tuer et prendre le pouvoir. Et cela est arrivé en novembre 1982. Donc quand un pays veut la paix sociale, il faut que son armée soit unie et non désunie. Ce que les syndicalistes ou les hommes politiques ont fait au sein de l’armée a des conséquences graves aujourd’hui. Eux-mêmes en récoltent les pots cassés. Aujourd’hui, où est-ce que nous en sommes ?

S : Que faudrait-il alors pour que l’armée retrouve son unité ?

S.Z : Il faudrait que tout le monde s’y mette, syndicalistes, les hommes politiques et officiers. Il faut qu’on arrive à s’asseoir et à discuter. Il faut que les uns et les autres retrouvent leur vraie place dans la Nation. C’est tout. On ne peut pas occuper la place de l’autre. Parce qu’on n’a pas les mêmes compétences. Sinon c’est la pagaille. Voyez-vous ?

S : A vous écouter pourfendre ainsi les régimes militaires, on ne croirait pas que vous avez été l’auteur d’un coup d’Etat militaire. Est-ce à dire que vous regrettez votre intervention en 1980 dans la gestion de la Nation ?

S.Z : Vous savez (puisqu’il faut en parler) ce sont les circonstances de la vie qui m’ont amené là. Parce que toutes les interventions de l’armée dans la vie politique (que ce soit le 3 janvier 1966 ou le 25 novembre 1980), ce sont les civils qui sont à la base. L’armée n’a jamais spontanément quitté les casernes pour aller prendre le pouvoir, pour le plaisir de prendre le pouvoir. Ce sont les hommes politiques qui ont toujours fait sortir l’armée. Et l’armée, compte tenu de sa mission qui est de garantir la vie de la Nation, ne peut pas croiser les bras et regarder les fils de ce pays s’entretuer. Ce ne serait pas normal. C’est pour cette raison que chaque fois, l’armée intervient. C’est malheureux qu’on oublie tout cela et qu’on traite les militaires de dictateurs, de régimes d’exception. On oublie les coups que l’armée a parés. L’armée donc paie tous les pots cassés. Chaque fois, ce sont les civils qui se querellent, mettant en danger la paix sociale. Et quand les militaires interviennent pour remettre de l’ordre, on les traites de dictateurs, de tout ce qu’on veut. C’est normal, nous encaissons et nous ne disons rien. Comme on le dit, l’armée est « grande muette », elle n’a rien à dire.

S : A propos des actions des civils sur les militaires, on parle souvent de Jospeh Ki-Zerbo qui aurait été plus ou moins l’imminence grise du CMRPN. Qu’en dites-vous ?

S. Z. : Voilà ! Cela aussi, j’ai eu à le dire à la presse. Moi quand je suis venu de Bobo en 1962, la personne que j’ai premièrement rencontrée c’était Jospeh Ki-Zerbo. Pourquoi ? Parce que c’est un parent. Je ne peux pas le renier parce que c’est un homme politique. Il me fréquentait et je le fréquentais. C’est tout à fait normal. Mais quant à dire que politiquement, il avait une emprise sur moi, je dis non. On m’a traité à l’époque de MLN, d’UPV, de ceci, cela, je dis non.

S : Alors, quels sont les rapports exacts que vous entreteniez à l’époque ?

S.Z : il n’y a pas de rapports puisqu’il n’est même pas là.

S : Nous disons à l’époque

S.Z : A l’époque, quand il manquait de mes nouvelles, soit il se déplaçait ou je me déplaçais. C’est cela. Ce sont des relations de fraternité, c’est tout. Personne ne peut dire, avec preuve à l’appui, qu’il a vu Saye Zerbo lors d’une réunion du MLN ou de l’UPV. Personne ne peut le prouver.
Moi je suis ce que je suis. A défaut de pouvoir me cerner, les gens me traitent de tout. C’est normal. C’est ainsi qu’aujourd’hui on dit que je suis du côté des forces du progrès. Tout simplement, je préfère être d’accord avec moi-même et être en communion avec Dieu.

S : Amen. Mais toujours à propos de Jospeh Ki-Zerbo, dans une conférence de presse tenue à Paris en mai dernier, il a dit que lui et certains camarades seraient intervenus à votre niveau pour que vous reveniez sur votre décision de supprimer le droit de grève. Et ils vous auraient fait des reproches.

S.Z : C’est exact. Et cela prouve que Joseph Ki-Zerbo n’avait pas d’emprise sur moi. Il est venu effectivement me voir à Paris avec Joseph Ouédraogo pour me dire de revenir sur ma décision mais j’ai dit non. En raison de son bien fondé, je ne vois pas pourquoi je vais revenir là-dessus. Ce sont des preuves que Joseph Ki-Zerbo n’avait absolument pas d’emprise sur moi.

S : Partant de là, est-ce que vous approuvez la décision du gouvernement de suspendre le droit d’organiser des défilés et des cortèges à caractère politique ?

S.Z : Je n’ai pas eu à suspendre le droit de marche et autre. J’ai eu à règlementer le droit de grève. Pourquoi ? Pour la simple raison que j’estime qu’il faut travailler dans l’ordre et la discipline. Mais quand on dit que le colonel était contre les syndicats, qu’il était contre ceci, cela, contre même le PRCV (comme on le dit), je dis non. J’aime la discipline et l’ordre c’est tout. Je suis militaire et mon esprit militaire me guide ainsi. C’est dommage que j’ai transposé cela dans la vie civile de façon rigide sans souplesse peut-être ; c’est une erreur de ma part mais toujours est-il que dans mon esprit, ce n’était pas pour faire du mal à qui que ce soit. C’était pour que les gens travaillent dans l’ordre et la discipline. Sinon cela ne veut pas dire que j’étais anti-communiste.

Nous avons peut-être été mal compris sinon notre objectif n’était pas d’aller contre quelqu’un systématiquement ; encore moins les syndicats ou les partis politiques communistes.

Interview réalisée par Cyriaque Paré (In Sidwaya n° 1910 du 6/12/1991)
Photo : Les anciens présidents Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo en décembre 2003

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