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Palestine : Après Arafat, le déluge ?

Publié le jeudi 11 novembre 2004 à 08h49min

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Alors que la mort du vieux leader palestinien apparaît inéluctable, les indicateurs internes et internationaux laissent présager des lendemains difficiles et tourmentés pour son peuple.

Même si les uns et les autres tournent autour du pot, il est établi que l’annonce de la mort de Yasser Arafat ne se fera qu’une fois, que les querelles de succession auront été totalement réglées. Une querelle dans laquelle s’est invitée Shoa Arafat, l’épouse du vieux leader, elle qui a qualifié de "croque-morts" (sic) les leaders palestiniens accourus au chevet du patron à Paris. "Ils veulent enterrer vivant mon mari pour s’accaparer de son pouvoir", a prétendu l’épouse vindicative.

Une sortie "intéressée" selon certains analystes, le pactole d’Arafat (300 millions de dollars) étant la véritable cause de ces bisbilles. Plus sérieusement, il faut dire que la mort annoncée d’Arafat ne présente rien de bon pour le peuple palestinien dont le sort est déjà peu enviable. Du fait de sa légitimité historique et de son charisme, Arafat réussissait non seulement à brider les faucons de son camp (les brigades des martyrs d’Al Aqsa) mais tenait aussi en respect les radicaux du Hamas et du Djihad Islamique.

Mieux, du fait de certaines vieilles amitiés (en Afrique et en Europe) il était parvenu à faire de la cause palestinienne une affaire internationale. Or, et leur orgueil dut-il en souffrir aucun de ses héritiers putatifs ne présente un tel profil. Les deux principaux candidats, Mahmoud Abbas (Premier ministre démissionnaire d’Arafat) et Ahmed Qoreï ne jouissent pas de l’aura du vieux, leurs compatriotes les jugeant trop "modérés" et prêts à certains compromis voire compromissions. Quant à Nabil Chaat, le ministre des Affaires étrangères, il ne sera jamais qu’un diplomate, alors que le cousin d’Arafat, Ali a déjà été désavoué lors de sa nomination au poste de responsable de la sécurité.

Un boulevard pour Sharon

Le seul qui aurait fait l’affaire, Marwane Barghouti (l’initiateur de la seconde Intifada en septembre 2000) croupit dans les geôles israéliennes et n’est pas près d’en sortir. C’est dire que "l’union sacrée" décrétée par les différentes factions palestiniennes après la mort d’Arafat, va s’apparenter à une trève des confiseurs pour ne pas dire une nuit des longs couteaux.

Le Hamas et le Djihad islamique n’accepteront sûrement pas de travailler avec des "dirigeants-collabos" ce qui les poussera certainement à reprendre le combat. Un Hamas décapité par les assassinats de ses leaders Cheick Yassine et Abdel Aziz Al Rantissi au cours du dernier semestre, ce qui le rend plus vindicatif et plus amer vis-à-vis d’Israël-Sharon qui sait tout cela a donc préparé à l’avance l’après Arafat, convaincu qu’il était vieux et qu’il ne survivrait pas à son emprisonnement humiliant dans son quartier-général de Ramallah et aux assassinats suscités.

Adepte du tout-sécuritaire, il aura toute latitude de massacrer les Palestiniens au moindre geste de ceux-ci, ce qui ne manquera pas au regard du tableau dépeint ci-dessus. Un tableau qu’il va davantage assombrir en refusant l’inhumation d’Arafat à Jérusalem-Est voire à Ramallah.

Dans le premier cas, il fait pièce à la volonté sans cesse affirmée des Palestiniens de faire de Jérusalem-Est leur capitale et dans le second il indique qu’il n’a pas abdiqué dans son désir d’annexion d’une partie de la Cisjordanie. Car, en effet, si Sharon a pris le risque politique de faire évacuer certains colons de la bande de Gaza, c’était pour poursuivre en paix le "charcutage" de la Cisjordanie à laquelle il tient comme à la prunelle de ses yeux.

Car, historiquement cette bande de terre est chargée de symboles pour les juifs, la Judée et la Samarie faisant partie du Royaume de David et abritant de ce fait des lieux de pèlerinage juif. Pratiquement, son contrôle ainsi que celui du Golan syrien mettrait Israël à l’abri des regards indiscrets, l’Etat-hébreu étant une vallée de ces deux contrées. On le voit, les intérêts israéliens et palestiniens sont trop antagoniques pour l’heure.

Parler de paix dans cette occurrence serait trop s’avancer d’autant que l’allié inconditionnel de Sharon, George Walker Bush vient d’être réélu triomphalement.

Les Accords d’Oslo vont bel et bien mourir avec leur signataire côté palestinien, eux qui avaient été vidés de leur substance après la mort d’Ithzak Rabin, le signataire israélien. Du coup, la prédiction biblique qui veut que Jérusalem ne connaisse la paix qu’avec le retour du Prophète prend toute sa signification. Alors, prions pour l’avènement d’un prophète de la trempe d’Ithzak Rabin en Israël afin que Rachel cesse de pleurer ses morts.

Boubakar SY (djabamagnan@yahoo.fr)
Sidwaya

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