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A chacun sa rentrée

Publié le jeudi 25 août 2011 à 02h18min

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Alors que s’annonce le printemps des rentrées politique, sociale, scolaire et peut-être même universitaire, … le climat sociopolitique national est pour le moins des plus ternes. Le calme plat avant la tempête ou tout simplement le prolongement logique de la paix sociale qui reprend pied après les tourmentes du début d’année ? Bien malin qui pourrait le dire même si de nombreux signes avant-coureurs indiquent que la température va immanquablement prendre l’ascenseur.

De quoi redonner des couleurs au débat démocratique et secouer un peu le train train quotidien, toute chose qui fera du bien à tout le monde au regard des échéances qui pointent le nez et dont certaines sont d’importance cruciale.
En effet, ce ne seront pas les défis à relever qui manqueront pour les uns et les autres, ni les moyens pour les relever qui feront défaut. Encore faut-il savoir se poser les bonnes questions et se mettre dans la perspective de leur apporter les réponses adéquates. Ce n’est pas le moindre mal. C’est vrai que dans ce pays, l’anticipation et la prospective ne sont pas les choses les mieux partagées dans la classe dirigeante.

Comme si on prenait un malin plaisir à voir les évènements nous tomber dessus et d’avoir à nous débattre pour en sortir. Comment expliquer autrement que les années passent et donnent l’impression que tout est reporté à demain ? Pourtant les agendas sont en grande partie très lisibles et chacun devrait accepter de faire l’effort de les intégrer dans sa démarche.

Pour le moment, le domaine politique est le plus précis avec à l’horizon immédiat les réformes politiques dont le processus est en marche depuis quelques mois et qui va rentrer dans une phase à la fois particulièrement importante et critique. Il nous semble que ces réformes doivent être au cœur des préoccupations des politiques et même de la société civile dont la plupart des membres ont pris position sur le sujet.

Pour une fois, les uns et les autres devraient aller au fond des sujets au lieu de se focaliser sur de futiles épiphénomènes justes bons pour amuser la galerie comme ces débats stériles, improductifs et inutiles sur la crédibilité du CCRP et sa récusation ou non. On a ainsi sacrifié le fond pour la forme et l’essentiel pour l’accessoire. Les préoccupations du moment doivent tourner autour de la prise en charge de la suite du processus.

Dans cette perspective, il faudra sans nul doute tracer des chemins pour les propositions consensuelles et celles non consensuelles en ayant à l’esprit la nécessité de parvenir à des réformes significatives dans le sens d’un renforcement de la démocratie. Bien sûr, cette réflexion ne pourra pas éluder la question de la souveraineté du peuple à travers le recours ou non au référendum, pour trancher en dernier ressort sur les questions sur lesquelles le consensus n’a pas été possible.

Dans un horizon plus lointain, la classe politique est interpellée par les élections couplées, législatives et communales prévues pour l’année prochaine et devrait dès maintenant se pencher sur leurs implications. A cet effet, les questions de délai au regard des tâches à accomplir afin d’aboutir à des élections propres se posent avec acuité. Il urge donc de mettre le débat sur la place publique au lieu de le laisser à la marge ou de feindre de l’ignorer. Le sujet est trop important pour le laisser à la seule charge des politiques. D’où la nécessité pour certains acteurs de la société civile de s’exprimer et de faire éventuellement des propositions au lieu d’attendre sagement pour ensuite critiquer.

La rentrée se fera aussi sur le plan social avec la nécessité de faire un point global sur le front social et d’en tirer des projections pour le futur. Assurément, dans ce domaine, les syndicats joueront le rôle de locomotive, leur prédisposition d’esprit pouvant faire pencher les choses d’un côté ou de l’autre. Cet inventaire nous semble d’autant plus essentiel que les revendications étaient allées dans tous les sens, tout comme les réponses du gouvernement qui, dans l’urgence, a pris une batterie de mesures qu’il faut absolument évaluer.
En réalité, il nous semble qu’il sera nécessaire de remettre nombre de points à plat tant sur le plan stratégique que sur le plan purement matériel. Autant il est clairement apparu qu’on ne peut plus gouverner comme avant, autant il faut se rendre à l’évidence qu’on ne peut plus continuer à revendiquer comme avant.

En effet, la situation nationale exige beaucoup plus de sens de responsabilité des uns et des autres. Or cela est loin d’être le cas avec la propension des acteurs sociaux et des populations à prendre la rue pour un oui ou un non. Les conséquences, on le sait, sont désastreuses tant sur le plan économique que sur le plan social avec les destructions de biens publics et privés et même des atteintes à l’intégrité physique des personnes.

Quelque part il faudra réfléchir à une nouvelle citoyenneté ou, à tout le moins, à un nouveau contrat social qui devra avoir pour exigence la prise en compte de l’intérêt général dans les actions. Dans une autre dimension, il s’agira aussi de poser les bases d’une solidarité qui assure le minimum aux plus démunis. Les salariés devraient à cet effet avoir à l’esprit qu’ils sont une minorité de privilégiés dans une grande masse aux ressources hypothétiques. Dans un tel contexte, la rentrée scolaire et universitaire s’annonce avec de réels risques même si le procès de l’affaire Justin ZONGO et son verdict vont dans le sens de la principale revendication conjoncturelle du milieu. Ici aussi, plus que jamais, les acteurs doivent faire preuve de responsabilité pour tendre vers une normalisation des années académiques. A trop flirter avec le bord du précipice on fini, par faire le petit geste de trop.
L’ensemble de la classe politique, des acteurs sociaux et de la société civile doit s’interroger sur tous ces sujets et les prendre à bras le corps. C’est le sens qu’il faut donner aux rentrées qui se préparent si l’on veut assurer l’avenir.r

Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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