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Sommet sur la Libye : Et maintenant on fait quoi ?

Publié le mercredi 30 mars 2011 à 02h43min

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Les insurgés libyens ne prendront pas Syrte avec la facilité qu’ils croyaient. Le colonel Kadhafi, comprenant toute la portée du symbole que représenterait la chute de sa propre ville natale, par ailleurs lieu de naissance de cette Union africaine si chère à son cœur, y a massé le gros de ses forces et de ses mercenaires, qui ont vite fait de stopper la progression des révolutionnaires qui se voyaient déjà maîtres de la ville.

Et c’est bien la preuve que le Guide, même affaibli, est loin d’être vaincu. Et ce Kadhafi-là divise toujours. Il y a bien sûr ceux qui n’ont jamais été en faveur de l’intervention militaire initiée par les Occidentaux, et dont l’opinion est aux antipodes de celle de ceux qui croient que l’opération « Aube d’une odyssée » était la seule à même d’épargne Benghazi du bain de sang que lui réservait Kadhafi.

Il y a aussi cette Union africaine frustrée, presque humiliée pour avoir été tenue à l’écart de la décision des Occidentaux, qui frappent pourtant un Etat présent sur le continent africain. La Ligue arabe, fraternité de sang oblige, même si elle n’a jamais été un laudateur du colonel, peine à contenir son irritation face à la destruction programmée du pays de Kadhafi. Chinois et Russes, ne serait-ce que par principe d’antagonisme idéologique, ont, dès le départ, manifesté leur désaccord quant à l’expédition menée contre la Libye.

Qui plus est, même au sein des Occidentaux membres de la coalition, on ne perçoit pas les choses sous le même prisme : Allemands et Italiens, Européens pourtant, ne cachent pas leur méfiance quant à l’opportunité de l’intervention étrangère au pays de Kadhafi ; à l’intérieur du noyau dur qui pilonne l’armée de Kadhafi, tout le monde ne partage pas non plus le même avis : les Américains, qui redoutent de devoir supporter l’énormité des coûts d’une troisième ligne de front (à la suite de l’Irak et de l’Afghanistan), affirment avec force qu’il n’est pas question d’outrepasser le mandat de l’ONU pour chercher un quelconque renversement du colonel Kadhafi ; Français et Britanniques, eux, soutiennent que le Guide doit immédiatement s’en aller.

Et c’est dans ce contexte d’imbroglio politico-diplomatique que se tient, dans la capitale anglaise, la première rencontre d’un « groupe de contact » sur la Libye, avec pour objectif principal « le pilotage politique » de l’opération internationale peu de temps seulement après que le volet militaire a finalement été confié à l’OTAN.

Nul doute que les délégations de la quarantaine de pays présents n’ont pas la même sensibilité au problème libyen. Plus, cela fait un peu panier à crabes, où se retrouvent pêle-mêle ceux qui tiennent à brandir le scalp du Guide au bout d’une pique, ceux au contraire qui veulent sauver sa tête, ceux qui pensent que le colonel en a suffisamment fait et ceux qui trouvent que la coalition, par les destructions opérées sur le territoire de Kadhafi, ne fait pas mieux que le Guide qu’elle ambitionne de chasser du pouvoir.

Autant dire que la rencontre de Londres, qui ambitionnait de préparer déjà l’après-Kadhafi, se révèle prétentieuse : primo, Kadhafi n’est pas encore parti et il ne l’entend certainement pas le faire.

Le coup d’arrêt qu’il a imprimé à la progression des insurgés en direction de Syrte est bien la preuve que le vieux Guide n’est pas fini ; secundo, on se demande comment le sommet de Londres, pour attendu qu’il soit, pourra accorder les violons et fédérer autant de divergences d’opinions pour en sortir une vision consensuelle.

Le problème libyen est bien en ce moment une véritable patate chaude que personne ne tient vraiment à tenir longtemps entre les mains. Et plus le temps passe, plus elle risque de cramer. Malheureusement la solution idoine, on la cherche sans la trouver : de toute évidence, elle ne semble pas vraiment à portée de la main.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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