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Riz contaminé : "Comme si on s’amusait à nous faire peur"

Publié le lundi 15 février 2010 à 00h43min

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“Le ministère du Commerce, par sa direction de la Communication, nous a livré un communiqué dont la clarté laisse quelque peu à désirer. Un communiqué qui se distingue tout d’abord par la solennité avec laquelle il a été diffusé. C’est le mardi 9 février, au cours du journal de 20 heures de la télévision nationale, que ce communiqué a été lu avant de paraître dans la presse écrite le lendemain, et probablement sur les FM de la place.

Ce n’est pas tous les jours qu’un communiqué est lu au cours du 20 heures de la TNB. Le message visait à informer le public qu’un stock de 2000 sacs de riz en provenance du port de Takoradi qui, dans un premier temps avait été déclaré impropre à la consommation humaine et animale, s’est révélé sans danger après les investigations et les analyses d’usage.

Cette information suscite tout de même plusieurs interrogations. D’emblée, il faut noter qu’à aucun moment, sauf erreur ou omission, l’opinion n’avait été tenue au courant de l’arrivée de ce stock de riz contaminé, encore moins de la saisie et de sa mise sous-scellés par les autorités compétentes. Les analyses effectuées ensuite par le Laboratoire national de santé publique ont conclu à la non dangerosité du riz incriminé. Dès lors, quel intérêt y avait-il à utiliser les grands moyens pour informer les consommateurs d’un péril qui n’en est plus un.

Après l’avis du LNSP écartant la nocivité du riz, il aurait été plus raisonnable de ne pas révéler l’existence de cette marchandise, mais de la remettre tout simplement dans le circuit commercial. Personne n’en aurait rien su et personne ne se serait inquiété. En ayant opté pour ce tapage médiatique, le ministère du Commerce a pris le risque d’alarmer inutilement les consommateurs qui pourraient à présent se poser d’autres questions. Ainsi, il est dit que les vivres sont parvenus sur notre territoire courant décembre 2009, sans plus.

C’est vague. Est-ce le 1er décembre ? Ou le 31 décembre ? La date de saisie et celle de mise sous-scellés effective ne sont pas non plus indiquées. La saisie a-t-elle eu lieu le jour même de l’arrivée du stock, c’est-à-dire à la frontière burkinabè ? S’est-elle déroulée plusieurs jours après, plusieurs mois peut-être ? Ces précisions sont nécessaires pour savoir si l’importateur n’a pas eu le temps d’écouler une bonne partie de sa marchandise avant l’intervention des services sanitaires. Fort heureusement, pour cette fois il y a eu plus de peur que de mal, le produit étant inoffensif. Cela aurait pu être plus dramatique.

Du riz contaminé ? Notre ambassade au Ghana et la représentation du CBC ont-elles toujours la possibilité de veiller à la bonne qualité des produits de consommation qui nous viennent des ports ghanéens avant leur acheminement chez nous ? Chaque fois et sans exception ? Et principalement le riz, produit de consommation par excellence, s’il en est. Et les denrées en provenance des ports de Lomé et d’Abidjan ?

Nous avons vu très souvent à la télé des destructions de produits prohibés : des piles, des faux médicaments, des amphétamines, de la drogue, etc. Mais jamais, jamais on ne nous a montré des destructions de riz, sauf erreur ou omission, cela va sans dire. Y a-t-il eu des précédents de saisie et de mise sous-scellés ? Et qu’a-t-on fait en dernier lieu ?

Une dernière inquiétude. Se fondant comme il se doit sur les résultats des analyses du Laboratoire national de santé publique, le ministère du Commerce est parvenu à la conclusion que le riz est ACCEPTABLE. En langage de tout le monde, cela veut dire que ce riz n’est pas de bonne qualité mais qu’il peut être consommé faute de mieux. Il y a comme un doute et en cas de doute la sagesse nous conseille de nous abstenir. Alors ? Ce riz ... d’où vient-il ? Comment est-il ? Où est-il à ce jour ?

C’est trop de paroles, j’en conviens. C’est pourquoi j’ai dit dès le départ que le ministère du Commerce aurait mieux fait de garder le silence. Nous sommes dans l’ère de la com. Mais personne n’a encore dit que la com. se consomme sans modération.

Charles Guibo

L’Observateur Paalga

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