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Fait divers : Un avortement qui tourne au drame

Publié le lundi 3 août 2009 à 02h18min

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Il y a des gens qui se prennent pour des dieux, croyant pouvoir décider de ce qui est le mieux pour les autres. Sont de ceux-là tantie Alice. Femme de caractère, acariâtre et d’un comportement exécrable, elle avait réussi au cours de sa vie à avoir une fille « Rosa » avec un homme qui ne la supportait pas à cause de ce caractère.

Rosa était une fille charmante qui venait de fêter son quinzième anniversaire. Cette petite fleur n’avait pas échappé à l’œil de « Luc », un agent commercial d’une maison de la place. Il parvint à séduire l’adolescente « Mademoiselle, que vous êtes belle ! Ton sourire bloque ma circulation sanguine ; lorsque que je suis en ta présence tout mon corps me fait « yim, yim ». Subjuguée par ces mots tendres, elle se donna plusieurs fois à lui. Nos deux complices savouraient leur plaisir jusqu’au jour où Rosa tomba enceinte. En effet ne voyant plus ses menstruations, elle se rendit dans un centre de santé où on l’informa qu’elle portait un bébé de trois (3) mois. Elle prit peur.

Comment faire pour éviter la colère de sa mère ? Mais tantie Alice avait du flair, elle sut la vérité avant même que sa fille ne la lui dise. Elle avait bien failli s’évanouir. Rosa avait quinze (15) ans seulement et elle est déjà en grossesse. Qui en était l’auteur ? Pour le savoir, tantie Alice avait sauvagement battu sa fille. Entre deux hurlements elle lâcha le nom de « Luc ». C’en était trop. Alice avait lâché son enfant pour s’arracher les cheveux. Luc, ce gringalet, ce crève-la-faim voulait entrer dans sa famille de la manière la plus frauduleuse qui soit. Luc avait trente ans, soit le double de l’âge de Rosa. Mais le problème pour tantie ne se trouvait pas là. Elle ne voulait simplement pas de cet homme. Elle rêvait de mieux pour sa fille. Le grand malheur, selon elle, c’était les « qu’en dira-t-on, les commérages des voisins ». Une fille « prendre un ventre » à quinze ans, c’était une véritable honte. La mère est automatiquement mise à l’indexe. Ne dira-t-on pas que c’est parce qu’elle-même était légère, que sa fille l’est devenue aussi : telle mère, telle fille. Le ventre de la fillette est la porte ouverte à toutes les critiques et autres insinuations malsaines.

Elle avait décidé, une fois les choses calmées, qu’elle allait s’occuper d’étouffer l’œuf dans le ventre. La grossesse n’avait que trois (3) mois et n’était pas tout à fait visible. Un avortement clandestin mettra bien fin à ce problème. Elle connaissait Albert et Bouda. Tous deux des infirmiers qui arrondissaient leur fin de mois par des avortements clandestins. Mais où trouver l’argent car ces genres d’opérations coûtent cher. Tantie Alice se souvient de Luc. S’il a eu le culot de profiter à fond de sa fille, il aura certainement bon goût de ne pas rechigner à payer la note. Il n’avait d’ailleurs pas le choix. C’est pourquoi lorsqu’elle parla de la somme nécessaire pour l’avortement, il ne se fit pas prier pour la lui remettre. Après quoi, il eut le courage d’expliquer péniblement à tantie que l’avortement n’était pas la meilleure des solutions et que pour sa part, il prendrait toutes ses responsabilités en prenant en charge bébé et maman. Mais tantie Alice ne voulait pas l’entendre de cette oreille.

Elle le toisa d’un regard méprisant et s’en alla sans même répondre. Une fois la somme acquise, la fille fut conduite chez Albert et Bouba. C’était un dimanche, tout se passa bien apparemment. Rosa avait quelques douleurs au ventre, mais c’était normal, ont estimé les « spécialistes ». Mais après s’être retournée chez elle, au cours de la nuit, les portes de l’enfer commencèrent à s’ouvrir pour Rosa. Les petites douleurs du départ s’étaient aggravées. Elle saignait abondamment. Transportée de nouveau chez les deux avorteurs, Rosa perdit la vie. Tous ceux qui ont appris l’histoire ont souhaité que la justice ne soit pas clémente envers les deux avorteurs et bien plus pour tantie Alice.

Kiba KARIM

L’Hebdommadaire du Burkina

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