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Une mission consulaire au Ghana : Echo d’une journée laborieuse

Publié le jeudi 15 juillet 2004 à 08h21min

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Du 14 avril au 12 mai 2004, une mission consulaire a sillonné le territoire ghanéen. Cette mission était chargée d’établir des pièces d’état civil à nos ressortissants résidant au Ghana. Après Accra, Takoradi, Cape Coast, la mission a terminé son séjour à Kumasi.

Mercredi 12 mai, dernier jour de l’établissement des pièces, une ambiance de fête régnait à Assawassi comminity concil. C’est dans cette Maison des jeunes que nos ressortissants se sont retrouvés en masse pour se faire prendre en compte sur différents registres d’état civil.

Dans l’enceinte de la cour ont été disposés des bureaux occupés par un magistrat, un officier de police judiciaire et un agent du ministère des Affaires étrangères en poste au Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger. Juste à côté, deux secrétaires mécanographiques tapent inlassablement à leurs machines.

Assis à l’angle d’un bâtiment, un appareil en bandoulière et un autre sur trépied, un photographe ghanéen permet d’obtenir la photo d’identité en cinq minutes. Il est 11 heures ; la cour refuse du monde. Toutes les classes d’âge sont présentes. Les vieux, plus réservés, se sont regroupés et discutent en mooré.

Les femmes mariées plus nombreuses attendent impatiemment. Quant aux jeunes, bavards, ils échangent en anglais ou en ashanti. Ils ne comprennent ni le français, ni aucune langue du Burkina Pendant ce temps, les membres de la mission visiblement débordés s’évertuent à satisfaire ceux qui sont arrivés plus tôt. L’engouement est total. Si certains sont là pour obtenir un passeport burkinabè ou un carnet de voyage CEDEAO, d’autres, la grande majorité, sont à la recherche de la carte d’identité burkinabè.

« Nos compatriotes trouvent que notre séjour n’est pas assez long et que la mission ne couvre pas tout le territoire ghanéen », nous confie monsieur Koné Ibrahim du ministère des Affaires étrangères, le chef de la mission.

Des difficultés

Beaucoup éprouvent des difficultés à remplir les différentes fiches. Installés au Ghana, il y a de cela très longtemps, ils ne se rappellent plus leur patronyme. « Certains ne connaissent même plus leur nom de famille. Ils confondent le nom de famille et leur ethnie. Ils répondent mossi à la place de Ouédraogo par exemple » , explique Madame Fatoumata Sanou, magistrat.

Le prénom du père est utilisé à la place de nom de famille « dans la pratique, l’enfant prend le prénom de son père comme nom de famille et cela ne facilite pas notre travail », ajoute madame le juge. Pour l’établissement des extraits d’acte de naissance ou du jugement supplétif, il faut souvent recourir à deux ou trois témoignages pour faire des recoupements.

Au four et au moulin

Le délégué des Burkinabè au Ghana, El Adji Alhassane Rouamba, joue un grand rôle dans l’identification des personnes. Cet homme vit au Ghana depuis un demi-siècle, il sert d’intermédiaire entre les autorités et la communauté burkinabè. Tantôt il est avec le magistrat, tantôt il est avec la police. Vêtu d’un boubou blanc, la barbe au vent, ce septuagénaire maîtrise parfaitement l’anglais et d’autres langues du Ghana.

C’est ainsi qu’il vient au secours des membres de la mission pour donner des explications à nos compatriotes qui ne comprennent que l’ashanti. Depuis Accra, il est aux côtés de la mission. Avant même que monsieur Rouamba ne finisse de s’entretenir avec nous, un monsieur qui avait des difficultés pour’ se faire enregistrer l’appelle auprès du juge.

Quelques instants après, nous voyons le monsieur muni de sa fiche et des photos d’identité se diriger vers le bureau de l’officier de police judiciaire (OPJ), monsieur Ilboudo Serge, le sourire aux lèvres. Il va ainsi grossir le rang, devant le bureau de l’OPJ, qui, sans relâche, le nez chaque fois dans son registre, écrit, colle, timbre par-ci, photo par-là, et prend les empreintes digitales. Très absorbé, il n’a pas eu une seconde de répit pour échanger avec nous.

Des compatriotes bien intégrés

Pour la plupart de ces demandeurs de pièces d’état civil, surtout la frange jeune, avoir ou non sa carte d’identité ne constitue pas un frein à leur mouvement sur le territoire ghanéen. Salif Kouanda est étudiant. Il a 23 ans. Accompagné de ses amis ghanéens, il semble être là plus par curiosité que par devoir de posséder une carte d’identité burkinabè.

A la question de savoir si son nom de famille ne l’identifie pas comme Burkinabè aux yeux de ses camarades, Salif répond : « C’est vous qui savez que je suis Burkinabè, parce que vous venez du Burkina. Sinon ici, le nom Kouanda ne dit rien sur l’origine et personne ne s’intéresse à cela », avant d’ajouter :« Moi je suis né ici, je fais mes études à Kumassi, je peux même travailler au Ghana dans la Fonction publique sans problème.

Je cherche la carte d’identité burkinabè parce que je suis originaire du Burkina et mes parents me demandent de me la faire établir". Ils sont en effet nombreux, des jeunes comme Salif, qui se sont fait enregistrer sans avoir conscience de la valeur réelle d’une carte d’identité nationale.

Boureima Sanga & Aboubacar Cissé CFPI Ouaga-Accra-Ouaga.


La mission consulaire au Ghana s’inscrit dans le cadre des missions organisées par le ministère des Affaires étrangères à l’endroit des Burkinabè de l’étranger. Cette mission n’est pas la première du genre. Au Ghana, elle a parcouru les villes d’Accra, de Cape Coast, de Takoradi, Kumassi et a enregistré plus de six cents (600) personnes à la date du 11 mai 2004. Les missions consulaires visent plusieurs objectifs :
- aider nos compatriotes de l’étranger à obtenir des pièces d’état civil. Beaucoup d’entre eux voyagent sans papier, rentrent au pays par des circuits détournés et se trouvent ainsi parfois dans des situations difficiles ;
- faciliter leur séjour dans les pays d’accueil en leur rappelant le respect des lois de ces pays ;
- sensibiliser d’une part ces compatriotes à mieux s’organiser et canaliser d’autre part leur contribution au développement de leur pays, le Burkina Faso, tout comme dans certains pays où la première source de revenu est leur diaspora.

Sanga & Aboubacar Cissé Ouaga-Accra-Ouaga
L’Observateur Paalga

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