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Après la tornade du 29 juin : Désolation et tristesse au Plateau central aussi

Publié le lundi 6 juillet 2009 à 01h06min

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La pluie qui s’est abattue le lundi 29 juin sur la région du Plateau central a été vécue en tragédie par la population. De Dapelogo à Boussé en passant par Sourgoubila, Bantogodo, Sapéo, Zitenga…, c’est un spectacle désolant qui s’est présenté au gouverneur du Plateau central, Youssouf Rouamba, et une délégation qui sont allés réconforter les sinistrés le jeudi 2 juillet dernier. Dans les 2 provinces du Kourwéogo et de l’Oubritenga, on dénombre au moins une dizaine de morts, des centaines de maisons démolies ou décoiffées et des milliers d’arbres arrachés. Constat après la catastrophe.

Après les dégâts causés le 21 juin sur la province du Ganzourgou, la tornade avait donné rendez-vous aux provinces du Kourwéogo et de l’Oubritenga, toujours dans la région du Plateau central. Lorsque nous avons effectué le déplacement de Ziniaré pour accompagner le gouverneur Youssouf Rouamba dans sa tournée d’inspection et de réconfort apporté aux personnes sinistrées par cette intempérie, nous n’avions pas idée du spectacle de désolation qui nous attendait. Les services de l’agriculture de la région avaient enregistré pour la seule journée du lundi 29 juin, environ une centaine de mm de pluie tombée entre 15h et 16h.

Mais ce n’est pas cette averse qui a été à l’origine des sinistres qu’ont connus l’ensemble des villages des 2 provinces. C’est plutôt les rafales de vent qui ont émaillé l’orage qui ont été préjudiciables. Elles ont emporté dans leurs folies tourbillonnantes toitures, arbres, animaux et aussi des bâtisses. La traversée de Ziniaré-ville en direction du village de Tangzougou donnait déjà un aperçu de ce triste spectacle. Les gros arbres arrachés se comptaient par centaine. Les estimations de la direction de l’agriculture faisaient état d’un arbre déraciné à l’hectare.

Dans ce village, l’amertume était la chose la mieux partagée dans la concession du vieux Boukaré Ouédraogo. Dans ce foyer qui abrite 38 âmes, la trentaine n’avait plus de toit car 9 maisons se sont écroulées comme des châteaux de cartes. Juste à côté, chez Issaka Ouédraogo, l’on était plutôt préoccupé par la santé du petit Martin, qui, lors de la chute des murs et des toits, a eu une fracture au fémur gauche. Greniers, enclos, maisons d’habitation, rien n’a été épargné. Les femmes essaient de sécher le mil et le maïs qui commençaient à germer.

Les travaux champêtres sont momentanément suspendus au profit de la reconstruction des demeures. L’on explique dans cette zone la violence de la tornade par le fait que le village se trouve dans une sorte de cuvette et lorsque la tempête s’y est engouffrée, elle a tourbillonné et a tout secoué. Ce qui pouvait résister est presque dessouché ; ce qui ne pouvait pas s’est retrouvé à terre.

Mais il n’y a pas que les maisons d’habitation qui se sont écroulées. Les salles de classes des CEG et des écoles primaires de la région, les logements des maîtres, les services administratifs et sociaux ont été durement touchés. Tenez : Sommassi, Somdé, Tambogo, Sidogo, Sabsin, Dapelogo, Laye, Ourgou-Manéga, Voaga, Zigo, Koui, Sao, Sourgoubila, Nakemtenga, Toeghin, pour ne citer que ces villages, devront, au meilleur des cas, reprendre la toiture des classes, sinon, il faudra entièrement démolir purement les bâtiments.

Des toitures emportées à plus de 100 m

En somme, plus d’une cinquantaine d’écoles et d’établissements secondaires ont été décoiffés. On ne pouvait qu’être consterné devant la force du vent qui a soufflé ce 29 juin. « Si les dispensaires sont eux-mêmes touchés, où allons-nous amener les blessés ? », se lamentait un sinistré de Dapelogo. Et dire que même les lieux de cultes n’ont pas été épargnés. « Où est donc passé bon Dieu ? », sommes-nous tenté de nous demander. A voir la manière dont la grande salle du siège de l’économie sociale de Dapelogo a été emportée, l’on se perd en conjectures. Des toitures entières avec les fers des IPN balancés à plus de 100m ; c’était impensable.

A Laye, on affirme que de mémoire de vivant, c’est la première fois que l’on assiste à un tel phénomène naturel. Et selon le maire de cette commune rurale, Benjamin Kagambega, si l’on peut indexer la précarité des habitats, il ne faut pas non plus exclure la violence du vent. Et l’inquiétude de la population, c’est qu’on n’est qu’au début de l’hivernage. Les maisons qui tiennent encore debout ont été suffisamment secouées et ne pourront plus à une autre tempête.

La compassion du gouverneur, le soutien des services déconcentrés

Néanmoins, hormis les maisons à usage d’habitation qui sont pour la plupart en matériaux locaux, donc, vulnérables aux intempéries, les dégâts causés sur certains bâtiments de l’Etat donnent à réfléchir sur le sérieux qui a été mis lors de leur construction. D’ailleurs, une curiosité nous a poussé à tenter de casser avec les doigts des morceaux de briques résultant de la chute du toit du CEG de Dapelogo. De ciment, il n’y avait que du sable.

C’est ce qui angoissait la directrice régionale de l’Enseignement secondaire du Plateau central, Ouendlamita Cyprienne : « Mon Seigneur, comment allons-nous faire à la rentrée prochaine ? », déplorait-elle. Ça, c’est une autre paire de manches car l’on peut bien se demander ce qui va se passer devant des infrastructures qui s’écroulent alors que leur construction vient de s’achever il y a à peine 6 mois.

Là où il est passé, le gouverneur Issouf Rouamba avait dans un premier temps des mots de compassion pour les populations. Il n’a pas manqué d’aller présenter les condoléances en son nom propre et au nom du gouvernement. Dès lors, il a demandé aux services déconcentrés de lui faire le point des sinistres et des sinistrés pour qu’il en fasse un rapport sur la situation afin de le transmettre à l’autorité supérieure. Mais en attendant que les secours puissent s’organiser, le gouverneur a demandé aux uns et autres de faire agir la fibre de la solidarité entre les fils de la région.

A Dapelogo surtout, le comité national de secours d’urgence (CONASUR) a déjà traduit son soutien aux populations en octroyant 13 tonnes de céréales, 300 couvertures et nattes, des cartons de savons et des kits de dignité pour les femmes. A ce sujet, le directeur régional de l’Action sociale, Abdoulaye Ouédraogo, qui a, dans l’urgence, envoyé la Croix-Rouge et les TP sur le terrain, a invité toutes les victimes à se faire recenser par les services du SP CONASUR.

Quant à la direction de la santé, elle a, par la voix de son responsable, le Dr Salif Consé, conseillé aux populations à ne consommer que de l’eau des forages afin d’être à l’abri des maladies comme le choléra . Lui aussi a pris des mesures afin que les blessés et les malades puissent être pris en charge gratuitement dans les dispensaires de la zone.

En attendant que les secours complémentaires arrivent, l’heure est au colmatage des brèches et certains chefs de famille ont dû commencer à vendre leurs stocks de réserve de vivres pour faire face à l’achat de matériaux de construction. Autant dire que si rien n’est fait, pour eux, cette période de soudure va être une véritable misère.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2009 à 11:30, par morbiga En réponse à : Après la tornade du 29 juin : Désolation et tristesse au Plateau central aussi

    Je partage la douleur des populations sinistrées. Je reconnais la violence du vent mais il ne faut pas hésiter à remettre en cause les constructions. Pour les habitations, on peut comprendre en raison de la précarité dans laquelle vivent les populations. Cependant, les édifices publiques (écoles, dispensaires...) devraient résister à cette tempête. Que va -il se passer après cette catastrophe ? Quand des briques d’une école construite il y a peine 6 mois s’effritent à la main ! Venons en aide aux populations mais ouvrons des enquêtes pour rendre justice.

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