C’est dans une ambiance surchauffée que la directrice du CHUSS, Korotoumou Ouattara a réceptionné la lettre des travailleurs, pour la simple raison qu’elle est “ allergique ” à la presse et aux journalistes. Elle est allée jusqu’à demander à ce qu’on les (journalistes) vide de l’hôpital avant qu’elle ne réceptionne la lettre de protestation. Finalement, Mme Ouattara a daigné prendre le document, mais a exigé qu’aucune photo ne soit faite d’elle. Après la remise de leur lettre de protestation, les travailleurs qui avaient tous déserté leurs services pour décrier leurs conditions de travail, se sont retrouvés sous les arbres pour faire le point de la situation.

C’est le secrétaire général du SYNSHA, section du Houet, Bahan Damouno qui a d’abord pris la parole pour rappeler aux travailleurs le contexte de la manifestation. Selon lui, la lettre de protestation fait suite à une assemblée générale(AG) des travailleurs tenue le 25 mai 2009. Lors de cette AG, le constat a été fait que plus rien ne fonctionnait au sein de l’établissement sanitaire. “ Pour attirer l’attention de la 1ère responsable du CHUSS sur la situation de dénuement de l’hôpital et afin qu’elle informe qui de droit, nous avons décidé de lui adresser cette lettre de protestation ”, a déclaré M. Bahan. Ce fut ensuite au tour du responsable à l’information, Jacob Sawadogo de faire lecture de la lettre.

Il ressort que depuis près de 2 mois, il n’y a plus de programmes opératoires (plus d’interventions chirurgicales) à l’hôpital de Bobo-Dioulasso. Seuls les cas d’urgence sont pris en charge. Cette situation est due au fait que le bloc opératoire manque de matériel (fil de suture…) et que l’autoclave est en panne. Le service de radiologie ne fonctionne plus par manque de films et presque tous les appareils du laboratoire sont en panne, ce qui amène les patients à sortir de l’hôpital pour faire leurs examens médicaux ailleurs. Les travailleurs ont également relevé dans leur lettre de protestation, les nombreuses ruptures de stocks de médicaments au niveau du dépôt pharmaceutique, le retard du versement des salaires depuis un certain temps et l’absence de la prime de rendement en 2008 pour le fait que, semble-t-il, le centre n’a pas atteint le taux d’autofinancement prévu.

Le manque de fournitures de bureau et de produits comme le savon a également été abordé. Pour eux, si rien n’est fait d’ici à là, le CHUSS qui agonise déjà, va vers une mort certaine. Les travailleurs ont donné 2 semaines à la directrice générale pour trouver un début de solution afin que les services recommencent à fonctionner normalement. Dans le cas contraire, le syndicat la tiendra responsable de tous les troubles qui pourraient avoir lieu au sein de l’hôpital. A la fin de la lecture de la lettre, M. Bahan a informé les travailleurs que le président du conseil d’administration du CHUSS aura une séance de travail avec eux, ce jour 2 juin afin d’échanger sur leurs conditions de travail. Il les a enfin invités à rejoindre leurs services respectifs et à reprendre le travail avec les moyens de bord.

Il faut noter que tout au long de la lecture de la lettre de protestation et de l’intervention du secrétaire général du SYNSHA section du Houet, les travailleurs ont applaudi à tout rompre pour marquer leur adhésion totale à la lutte.
En rappel, Sidwaya dans son édition du jeudi 16 avril 2009 évoquait un arrêt de travail au service chirurgie -anesthésie de l’hôpital. Une information vivement contestée par la directrice générale du CHUSS qui parlait plutôt d’un simple problème de maintenance. Ce qui avait valu en son temps, des excuses d’un responsable de syndicat à Mme Korotoumou Ouattara. Avec la sortie du même syndicat, doit-on continuer de croire que tout va bien à l’hôpital Souro Sanou ?

Clarisse HEMA

Sidwaya