Sans cette forte mobilisation au sein du collège de l’Avenir, l’évènement aurait pu passer inaperçu à Bobo-Dioulasso. Pourtant l’histoire de Bobo-Dioulasso des années 1960 reste collée à l’image de Nazi Boni encore appelé par certains « président Nazi Boni ». Le collège de l’Avenir, le premier établissement secondaire privé de la cité de Sya, a marqué d’une pierre blanche les 40 ans de la disparition de celui qui fait désormais partie de l’histoire de l’indépendance du Burkina Faso. Plusieurs activités ont marqué cette commémoration, à savoir entre autres, le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de Nazi Boni au cimetière municipal, une messe de requiem et la présentation de son roman « Crépuscule des temps anciens », la première œuvre sur un total de trois qu’il a laissées en héritage.

Très connu en milieu scolaire, cet ouvrage paru en 1962 et dédié à son ami Léopold Sédar Senghor est une chronique romancée d’avant l’époque coloniale, de sa communauté notamment, le pays bwa. Entre légendes, mythes, religion, vie quotidienne et résistance guerrière, l’auteur présente les multiples facettes d’un peuple à l’image des centaines d’autres sur le continent à cette même époque. Mais qui était Nazi Boni ? Premier romancier burkinabé, il est né en 1912 à Bwan dans la province du Mouhoun. Après l’école primaire à Dédougou où il obtint le Certificat d’étude primaire élémentaire (CEPE), Nazi Boni est inscrit en 1925 à l’Ecole supérieure de Ouagadougou. De 1928 à 1931, il fréquente l’école William Ponty de Dakar d’où il sort parmi les meilleurs de sa promotion avec le diplôme d’instituteur.

Plus tard, il exercera comme professeur. Mais Nazi Boni se révèlera par son engagement politique. A la reconstitution de la Haute-Volta en 1947, il est l’un des leaders de l’Union voltaïque. L’histoire retient de son action politique, son passage à l’Assemblée nationale française. Les élections législatives de 1956 qu’il remportera d’ailleurs sous la bannière du Mouvement populaire africain (MPA) lui ouvre les portes de la présidence de l’Assemblée territoriale voltaïque, poste qu’il occupera de façon éphémère (5 décembre 1957-25 avril 1958). Après des activités politiques à rebondissements, Nazi Boni est contraint à l’exil à Bamako et à Dakar.

Il rentre au pays après la chute du président Maurice Yaméogo le 3 janvier 1966 et fonde un des tout premiers établissements d’enseignement laïcs en Haute-Volta à savoir le collège de l’Avenir à Bobo-Dioulasso. Il meurt dans un accident de la circulation, le 16 mai 1969 sur l’axe routier Ouagadougou- Bobo-Dioulasso, alors qu’il venait d’animer une conférence du Cercle d’activités littéraires et artistiques de Haute-Volta (CALAHV) dont il est membre-fondateur. Et c’est tout naturellement que les élèves de cet établissement et sa famille lui rendent aujourd’hui un hommage mérité.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya