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NONSIN : Un prêcheur passé à tabac

Publié le mardi 7 avril 2009 à 01h21min

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Le 26 mars dernier a failli être une journée fatale pour Daouda Ouattara, jeune colleur de pneu de son état et accessoirement prêcheur de la religion musulmane. Ce jour-là, un de ses anciens clients lui donne rendez-vous pour payer sa dette. Il s’y rend, encaisse et prend le chemin du retour. Entre Baskuy et le quartier Nonsin survient le drame à la tombée de la nuit. Alors qu’il ramassait son argent tombé non loin d’une cour dont le propriétaire possède un enclos de chèvres, le propriétaire le prend pour un voleur venu lui piquer ses chèvres.

Il tient le jeune colleur en joue, alerte les jeunes du quartier qui le passent à tabac malgré ses cris d’innocence. Il est conduit au passage à niveau de Nonsin, vers le stade. C’est là-bas que les badauds ont voulu lui faire subir le supplice du collier. Heureusement pour l’infortuné Ouattara, la station voisine n’avait pas d’essence. C’est pendant que ses agresseurs étaient à la recherche de l’essence qu’intervient la main de Dieu en la personne d’un militaire. Il s’approche, interroge la victime qui jure tous les noms d’Allah qu’il n’est pas un voleur et que toute cette histoire n’est que méprise.

Convaincu, le soldat appelle la police puis les pompiers. C’est de cette façon que le jeune Ouattara terminera sa folle soirée à l’hôpital Yalgado. Il n’est pas mort, mais le bilan est lourd pour lui : une jambe et un bras cassés, un oeil touché, le crâne fendu par une grosse pierre. Il récupère difficilement de ce cauchemar. Son père qui ne l’a pas vu dans la nuit du 26 mars s’inquiète, appelle les pompiers qui lui donnent des indications sur un jeune qui a été sauvé de la vindicte populaire et conduit à l’hôpital Yalgado.

Sa famille s’y rend et découvre avec stupeur ce qu’est advenu de leur enfant. Il est aujourd’hui question de voir comment faire réparer le préjudice subi par le jeune colleur de pneu qui a été livré en pâture à la vindicte populaire. Lui a eu de la chance, mais beaucoup d’autres sont partis sans que l’on ait pu prouver leur culpabilité ou pas. Cette fois la justice a une bonne occasion de donner une leçon à tous en se saisissant de ce dossier pour que cessent ces formes de pratiques extrajudiciaires où la vie d’un homme ne tient qu’à l’humeur de son prochain.

A. T.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 avril 2009 à 12:54, par Mahurobi En réponse à : NONSIN : Un prêcheur passé à tabac

    Merci de nous rapporter ce fait divers qui conscientise la population. seulement pour la prochaine fois, je vous propose de trouver une meilleure coherence entre le titre et les faits. ICI, les faits ne sont nullement liés à l’activité de prêche. Pourquoi n’avez-vous pas intitulé par exemple : "un colleur de pneu passé à tabac",ou mieux : "un jeune homme innocent passé à tabac".
    A ce que je saches, nous n’avons pas encore au Burkina cette manie de passer les prêcheurs à tabac, quelle que soit la réligion, et cela est une grande qualité des burkinabe.Evitons donc les titres pompeux qui pouraient conditionner psychologiquement les populations, par une sorte de message subliminal volontaire ou involontaire. Votre objectif est sans doute noble, mais la manière de le dire peut vous faire créer l’effet contraire. merci quand même d’essayer.
    Mahurobi

  • Le 7 avril 2009 à 13:18, par L’enfant de Dieu En réponse à : NONSIN : Un prêcheur passé à tabac

    je suis parfaitement d’acccord avec cet intervenant !Il faut une certaine cohérence entre le message qu’on souhate faire passer et son titre.Il faut surtout rappeler la dimension importante de l’évolution de nos sociétés qui banit de fait la justice naturelle.

  • Le 7 avril 2009 à 15:08 En réponse à : NONSIN : Un prêcheur passé à tabac

    C’est à croire que le titre est là juste pour donner l’envie de lire l’article. Vous auriez mieux fait en titrant par exemple "Un militaire intrépide affronte la foule pour sauver un jeune colleur"

  • Le 7 avril 2009 à 16:42, par Massif En réponse à : NONSIN : Un prêcheur passé à tabac

    Juste vous remercier de nous relater souvent des faits qui appelent à la la prise de conscience de la part de tous. Cette présente situation en est sans doute une. A la lecture de cet article, je reste perplexe mais je crois qu’il y a lieu d’aller au délà. Dans ce sens, j’estime qu’une enquête se doit d’être ouverte en vue de situer les responsabilités. Je me pose tout de même certaines questions qui pourraient être élucidées à savoir entre autres : le jeune homme se serait-il retrouvé par mégarde dans l’enclos ? Je crois que non à travers la lecture, et même si c’était le cas, pourquoi le propriétaire n’a pas fait appel aux forces de l’ordre ? Ces là des faits qui font penser à des règlements de compte. De toute évidence, l nécessité lieu de procéder à des sensibilisations sur ces questions s’impose afin que chacun n’aille pas au delà de ses compétences et que la sécurité et la paix sociale soient préservées.
    Encore merci de nous tenir informé des éventuels dérapages de la société qui nous permettront de déceler les failles et de partager nos modestes propositions. Aussi, sans vouloir faire des critiques à vos articles si précieux, vous voudrez bien aller un peu plus en profondeur dans vos analyses afin de nous permettre de faire l’économie de certaines questions.
    Je vous remercie !

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