LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

Publié le jeudi 12 mars 2009 à 23h52min

PARTAGER :                          

Daouda Dabiré, père de la victime

Ibrahim Dabiré, menuisier basé à Bobo-Dioulasso, est décédé le lundi 9 mars 2009 suite à une garde à vue au Commissariat de police de l’arrondissement de Konsa Le défunt âgé de 44 ans y était détenu dans le cadre d’une affaire d’abus de confiance. Cependant, sa famille rejette la version des faits livrée par les policiers et entend porter plainte en justice pour “tortures”.

Très affligé, Daouda Dabiré, conseiller des affaires économiques à la retraite et père de la victime s’attendait à tout sauf au décès de son fils arrêté pour abus de confiance. Si bien qu’il ne trouve pas sa mort “naturelle”. “En plus des blessures que mon fils aurait contractées volontairement dans sa cellule, il y a aussi le fait qu’il se plaignait de douleurs aux tendons. Il n’est de doute qu’il a été torturé car il l’a même confié à son petit frère qui était allé le rendre visite au cours de sa garde à vue. Je vais porter plainte en justice pour que les responsabilités soient situées”, a-t-il confié. Cette accusation de tortures est niée en bloc par le commissaire de police de

Konsa, Oumarou Koama. “Personne n’a été torturé dans mon commissariat. J’ai la conscience tranquille. La famille de la victime peut porter plainte et ce sera à la justice de nous départager”, a répondu celui-ci. Mais que s’est-il passé pour que Ibrahim Dabiré fasse l’objet d’une affaire d’abus de confiance jusqu’à rendre l’âme au cours de sa garde à vue ? La version des faits livrée par le commissaire de police de Konsa, Oumarou Koama, n’est pas du goût du père de la victime qui ne nie pas l’affaire dans le fond mais rejette la manière dont son fils est mort.

Une vieille affaire

A écouter le commissaire Oumarou Koama, l’affaire remonte au 13 octobre 2008. “Ce jour-là, nous avons été saisis par un infirmier d’Etat en service à Houndé, Yaya Traoré au nom de son défunt frère Mamadou Traoré, pour un cas d’abus de confiance. C’est ainsi que Yaya Traoré nous a raconté que son frère de son vivant avait demandé à Ibrahim Dabiré, menuisier de son état, de lui confectionner des meubles d’une valeur de 83 000 F CFA. Celui-ci a effectivement fabriqué les meubles que son client lui a demandés”, a-t-il d’emblée soutenu. Et de continuer son récit : “Après coup, Mamadou Traoré est allé pour retirer ses meubles. C’est là que le menuisier lui a dit de revenir les chercher après, le temps qu’il fasse certaines retouches.

Toute chose que le client fit, mais va constater à son retour que Ibrahim Dabiré a revendu ses meubles à quelqu’un d’autre et a dissipé les sous. Suite à cela, le client a poursuivi Ibrahim Dabiré en vain sans trouver satisfaction. Et les choses en étaient restées là car le client est malheureusement décédé suite à un malaise”. Eu égard donc à la plainte du frère de l’intéressé, Ibrahim Dabiré a été convoqué et invité par les policiers de Konsa à rembourser les 83 000 F CFA versés par son regretté client. “Pour ce faire, une procédure pour porter l’affaire en justice était déjà en vue, mais le père de Ibrahim Dabiré a souhaité un arrangement à l’amiable.

Comment Ibrahim Dabiré a rendu l’âme

Toute chose que nous avons acceptée. Ainsi, des collègues de Ibrahim Dabiré ont même payé 40 000 sur les 83 000 F CFA requis. Il restait 43 000 F CFA à payer en quelques semaines et nous avons de fait, classé le dossier”, a relevé le commissaire Oumarou Koama. Et d’ajouter : “Après ce compromis, Ibrahim Dabiré a disparu de la circulation sans respecter ses engagements. Non content de cela, il vilipendait l’assistant de police chargé du dossier, Kaboré Dramane, en ville. Vu cette situation, nous avons recherché et retrouvé le menuisier le mercredi 4 mars 2009, car nous nous sentons gênés vis-à-vis du plaignant qui s’impatientait et allait nous prendre pour des complices”.

A l’issue de son interpellation, le mercredi 4 mars 2009, Ibrahim Dabiré “incapable” de payer le reste de la somme, a été mis en garde à vue dans l’attente d’être déféré à la prison civile. Mais le destin en a décidé autrement. “Le samedi 7 mars 2009, au petit matin, Ibrahim Dabiré s’est cogné la tête contre le mur de sa cellule et a eu des blessures. Nous l’avons conduit à l’hôpital pour des soins et invité son père à honorer une ordonnance de 15 740 F CFA bon gré mal gré. Celui-ci semblait désavouer son fils qui, à ses yeux, paraissait un bandit”, a affirmé le commissaire Oumarou Koama. Et de relever aussi que : “nous avons constaté par la suite le dimanche 8 mars, que le cas de Ibrahim Dabiré dégénérait car il se frottait le corps avec ses propres selles. Au regard de cela, nous avons voulu le confier à son père pour la poursuite des soins des blessures à domicile, mais celui-ci a refusé”. Embarrassé par la situation, notre interlocuteur a conclu que : “C’est ainsi que l’état de santé de Ibrahim Dabiré s’est dégradée dans la matinée du lundi 9 mars, car il a piqué une crise.

Et c’est pendant qu’on le conduisait à l’hôpital qu’il a rendu l’âme”. Stupéfaction ! “Informé du décès de son fils, M. Dabiré s’en est remis au destin tout en mettant en cause l’état mental du défunt qui selon lui, avait déjà fait un coma de 24 jours suite à une chute. Il nous a aussi demandé un soutien pour procéder à l’enterrement qui s’est déroulé le mardi 10 mars. Nous lui avons assuré le transport du corps et remis la somme de 50 000 F CFA”, a dit le commissaire central de police de Bobo-Dioulasso, Modibo Coulibaly.

Regrettant le fait qui s’est produit, M. Coulibaly a martelé : “Si nous avions su que Ibrahim Dabiré n’était pas mentalement au point, nous ne l’aurions pas gardé”. Toujours est-il que le père de la victime trouve que “les policiers ne sont pas blancs comme neige dans ce qui est arrivé à son fils”. Il tient mordicus : “Mon fils a été torturé et je vais porter plainte. J’ai même appris qu’il est décédé au commissariat et non en cours de route pour l’hôpital”. Le certificat de décès de la victime n’a pas encore été établi et le sera sur la base du rapport de l’expertise médicale du médecin légiste.

Sidgomdé

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 13 mars 2009 à 10:03, par dugu lamini sadjan En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

    Il faut que les bavures s’arrêtent dans notre pays.
    Le Commissaire dit qu’il a interpellé le présumé coupable d’escroquerie et qu’il s’apprêtait à le déférer en prison. De quel droit la police peut-elle déférer quelqu’un. Cela relève de la compétence du seul juge qui entend, inculpe et enfin juge de la nécessité d’une détention préventive en attendant le jugement. En suite, si l’individu a été interpellé le mercredi 04 mars et que c’est bien le samedi 07 mars au petit matin qu’il s’est « cogné la tête contre le mur », en prison, ça veut dire qu’il a passé 96 heures de garde à vu contre un délais légal de 72 heures pour des délits mineurs comme « un abus de confiance sur un montant inférieur à 100 000 frs CFA).
    Il faut donc que la police revoit ces arguments car si les Dabiré confient leur dossier à un avocat sérieux, il va y avoir du sport. Monsieur le Commissaire, imagiez que si Ibrahim était votre fils et que l’on venait vous tenir des tels propos…

  • Le 13 mars 2009 à 11:40 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

    cette aaffaire de porter plainte encore pour tout ou pour rien Loin de moi l’idée que la mort de ce malheureux n’est rien Mais je deplore la reaction du pere qui apparemment s’est retourné Et pourquoi L’appat du gain ou y a-t-il vraiment quelque chose ? alors qu’il était d’accord et reconnait que l’état de sante se son fils n’etait pas des meilleurs. Il faut qie les gens se ressaississent au Burkina plutot que de croire que le droit est la solution a nos problemes etc le droit n’est rien Ces attitudes sont les effets pervers de l’appat du gain et de l’enrichissement rapide qui font que les avocats conseillent les gens au mepris des comportements dans la societe etc bien dommage regardez les Europeens ils fuient cette judiciarisation de leur societe et nous on fonde tout droit dedans
    somé

  • Le 13 mars 2009 à 18:50, par X13 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

    Je crois qu’ilserait sage de laisser cette affaire pour le compte du destin. Surtout que dans le passif des chose le papa a coopérer en fournissant des elements de condannation de son fils ; de fournir des antécedants de santé et d’accepter le soutient financier de la police.

    Quant à la police il serait judicieux de reviser votre stratégie globale d’intervention en la matière. Car il est aujourd’hui indiscutable de savoir que la fonction primordiale de la sanction est de former un homme idéale.

    • Le 14 mars 2009 à 21:31 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

      Laisser le cas au destin !!! A ce rythme, l’ impunite a un grand destin devant lui. On arrete quelqu’ un qui se cogne la tete contre la cellule, pr qui vs ns prenez , messieurs les flics ? Si vous voulez accrediter la these de votre innocence qui s’aveere tres difficiel danc ce cas, preparez nous un autre plat. Celui- la est de mauvais gout.
      Je crois que Mr. Dabire s’ en voudrait toute la cvie de laisser cette affaire tomber ainsi. A ceux qui conseillent de ne pas vouloir poursuivre les gens en justice et de laisser totu au destin, qu’ ils attendent qu’ un des leurs soit envoye ad patres par la police chargee de notre protection pour appliquer leur sagesse. Trop facile, tout de meme. Comment quelqu’ un de bien portant qui est arrete par vos elements devine subitmene sdi malade ? Dans ts les cas, vous en etes responsables. Tout le monde sait comment nos prisons sont menacantes pour la vie humaine.

  • Le 17 mars 2009 à 10:15 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

    Bonjour à tous,

    Je ne savais pas que la police du Faso était un demembrement de l’action sociale. Le commissaire qui a donné 50.000 frs les a-t-il sortis de sa poche ou de la caisse de la police ? Si la police se sentait aussi blanche que la neige, pourquoi avoir donné de l’argent pour participer aux frais d’inhumation et pas avoir donné 15.000 frs auparavant pour soigner le defunt ? Serait-ce pour corrompre le père et laisser l’affaire en l’état ? Le defunt n’a-t-il pas subi des tortures parce qu’il "insultait" l’assistant de police ? J’espère en tout cas que la justice fera la lumière sur ce cas supplémentaire et qu’on ne laissera pas cela pour un fait du destin, notre destin de burkinabé est-il de nous faire maltraiter à mort pour des broutilles ?

    Courage à tous

  • Le 17 mars 2009 à 12:04 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

    En tout cas il faut que la lumière soit faite sur ce cas.

    • Le 17 mars 2009 à 19:46 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

      Voila un probleme serieux ou un citoyen a ette visiblement maltraite a mort et a voir le nombre d’ intervenants sur ce site, c’est comme si on banalisait la mort dans ce pays. Comparez avec le nombre des comentaires sur le debat inuilte et futile de l’ homosexualite et vous allez comprendre comment les burkinabe ont tres peu la conscience citoyenne. Et demain ce ne sera plus le tour de Dabire Ibrahim, puisq u’ il a ete tue dans les locaux de la police et bien tue. Halte a l’ impunite.

  • Le 17 mars 2009 à 14:26 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

    Commissariat de police de Konsa. Je me rappelle bien ! une nuit sans ma pièce d’identité,j’ai eu à passer 32h dans ce commissariat et il n’y a qu’une seule cellule pour tous, mineurs majeurs, bandits ou pas, vous êtes les mêmes. ET imaginez le commerce qui s’y passait, c’est déplorable. j’ai eu l’impression que ce sont les "détenus" qui nourrissaient la famille de ces policiers et leurs servaient de sacs de boxe en cas de problèmes conjugaux.
    Je me rappelle bien qu’ils ont mal frappé un jeune tout simplement parce qu’il leur avait dit que son père était préfet et qu’il demandait la permission pour lui informer.Ils l’ont frappé et enfermer pendant 96h.
    Que Dieu nous aide pour que tout ça change.

    • Le 17 mars 2009 à 23:13 En réponse à : Commissariat de police de Konsa : Polémique autour du décès d’un individu en garde à vue

      Le commissariat de Konsa ? Je n’ai plus rien a dire. C’est le Camp Boira de tous les commissariats dans ce pays. Quand tu sors de la- bas, tu deviens tres mechant avec tout le monde. C’est l’enfer Konsa. Monsieur le Ministre de l’ Interieur, demandez des enquestes serieuses sur cette enieme mort dans le meme commissariat. Vs vous rappelez ce braqueur qui s’etait tue la- bas en cognant sa tete contre le mur de la cellule. Cette fois- ci c’est un citoyen qui a faute mais qu’ on pouvait ramener sur le droit chemin qui se cogne la tete aussi. Vivement que les murs de cette tuerie soient eriges en matelas mousse sinon vous les policiers un jour vous risquez de vous tuer aussi en cognant vos tetes. Vous avez tue le monsieur, admettez- le. Sinon, depuis quand des policiers donnent - ils 50.000 f a la famille d’ un detenu decede ?Ce n’est pas le sens exact dans lequel l’argent change de main dans ce pays. Pas des hoommes en tenue aux civils. An be gnongo lon. On se sait.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique