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MARIAGE FORCE : Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

Publié le mardi 24 février 2009 à 00h17min

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Le phénomène du mariage forcé, on ne le dira jamais assez, a la peau vraiment dure. Le cas de Roukiétou Ouédraogo, du nom de cette jeune fille burkinabè née à Soubré en Côte d’Ivoire, est assez révélateur de ce que la pratique a toujours pion sur rue en ce 21e siècle. Les péripéties de son parcours pour éviter son sort sont dignes d’un chemin de croix.

Soubré – Abidjan –Kôrô (Mali)- Ouahigouya –Ramdolaye, tel est le parcours de Roukiétou Ouédraogo, la vingtaine, dans sa course pour échapper au sort que ses parents lui réservaient à travers un mariage forcé. C’est une jeune fille visiblement épuisée, les yeux rouges, mais résolument engagée à parvenir à ses fins que nous avons rencontré le mercredi 18 février 2008 au commissariat de police de Ouahigouya. Son histoire est bien rocambolesque. Née à Soubré, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire où sont installés ses parents, des émigrés burkinabè, Roukiétou Ouédraogo est demandée en mariage par un voisin de son père pour son fils résidant à Abidjan. Informée, la jeune fille ne donne pas son accord pour un tel mariage et affiche plutôt sa préférence pour un certain Amed, jeune homme d’origine malienne, avec qui elle flirtait déjà. Elle sollicite l’intercession de tierces personnes auprès de ses parents pour qu’ils renoncent à leur volonté.

Mais rien n’y fit, leur projet étant déjà très avancé. C’est ainsi qu’un certain jeudi du mois de décembre 2008, un mariage religieux (musulman) sera célébré et Roukiétou expédiée chez son ‘’mari’’ à Abidjan. Tenant à son amant Amed, la jeune fille déserte le "foyer conjugal" quelques jours seulement après le mariage et se retrouve avec ce dernier à Kôrô, ville frontalière, non loin de Ouahigouya. C’est la ville d’origine d’Amed. Ayant constaté la disparition de son ‘’épouse’’, le nouveau marié informe ses parents à Soubré qui constatent aussi l’absence d’Amed dans la même période. Alors, ces derniers comprirent tout de suite le manège. Cependant, les deux tourtereaux ne pouvaient se tirer d’affaire aussi facilement. Ce qu’avait oublié Amed, c’est qu’il avait toujours ses parents sur place à Soubré sur qui on pouvait faire pression pour le retrouver. C’est, du reste, sur ce levier que les deux familles (celle de Roukiétou et celle de son "mari") actionneront. C’est ainsi qu’un ultimatum est lancé pour que les deux fugitifs soient retrouvés, faute de quoi les parents d’Amed devront quitter Soubré.

Face à cette pression, un frère d’Amed est envoyé à ses trousses à Kôrô. Celui –ci ira effectivement retrouver les 2 amoureux et rendra compte à Amed de ce que lui est son amante risquent si la fille n’est pas ramenée. Désarçonné, Amed dû se résoudre à laisser Roukiétou repartir en Côte d’Ivoire avec son frère. Sur le chemin du retour, à l’étape de Ouahigouya, réalisant certainement l’enfer dans lequel elle retourne, Roukiétou refuse de poursuivre le voyage. Elle part de sa ferme volonté de rejoindre Ramdolaye, village situé à une vingtaine de kilomètres de Ouahigouya, d’où sont originaires ses parents. Son compagnon de voyage essaie de la contraindre à le suivre.

Cela donne lieu à une scène insolite à la gare routière de Ouahigouya dans la nuit du 17 février 2009. Celle-ci attire l’attention d’éléments de la police en patrouille. Ces derniers s’approchent pour s’enquérir de ce qui se passe. Après les avoir écoutés, les policiers se rendent compte de la délicatesse du problème et décident d’emmener les 2 voyageurs inconciliables au commissariat où ils seront gardés jusqu’au lendemain. C’est en ce moment qu’il sera fait appel à la famille de Roukiétou à Ramdolaye ainsi qu’à celle de son ‘’mari forcé’’ à Longa, un autre village à quelques encablures de Ouahigouya, en vue d’une conciliation. Au terme de celle-ci, les 2 parties seront interpellées sur le caractère illicite du mariage forcé. Roukiétou est remise à ses parents avec injonction de ne pas s’entêter à l’obliger à aller chez un mari qu’elle ne veut pas.

Au sortir du commissariat, les uns et les autres semblaient avoir pris bonne note et chaque partie a promis s’en tenir à ce qui a été dit. C’est ainsi que Roukiétou s’en ira avec son oncle à Ramdolaye et l’envoyé retournera brédouille en Côte d’Ivoire. Quelle sera la suite de cette histoire ? Bien malin qui saura répondre à cette question. Surtout que l’oncle de Roukiétou se demandait déjà comment la question de la dote et autres dépenses consentis pour le mariage seront réglées. En tout état de cause, la police a averti qu’elle suivra de près cette affaire. Même si la jeune retourne en Côte d’Ivoire et que l’on veuille la contraindre à faire ce qu’elle n’aime pas, Interpol s’en chargera, prévient-on du coté de la police.

Par Ladji BAMA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2009 à 02:38, par ABOUBACAR En réponse à : MARIAGE FORCE : Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

    C’est vraiment tres dommage que ce genre de pratiques ancestrales continuent dans nos societés africaines.
    Je leve mon chapeau aux forces de police qui ont pu "regler"ce probleme en esperant que d’autres histoires n’en découlent.
    A quand le reveil de l’Afrique sur certaines pratiques qui ne font que nous mettre a la queue de la file ?

  • Le 24 février 2009 à 08:57, par moi meme En réponse à : MARIAGE FORCE : Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

    Je lance une fiere chandelle a tout le corps arme du burkina qui jours et nuits s’activent pour la securite de la population.Il ya toujours un mais.Pour le cas de Roukietou il va falloir que la police poursuive l’affaire jusqu’au bout car roukietou etant repartie en cote d’ivoire il sera difficile de connaitre le denouement de l’affaire.
    Bravo a la police et courage pour la suite

  • Le 24 février 2009 à 12:41, par Nathalie En réponse à : MARIAGE FORCE : Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

    Mais les mossis là sont grave deh, pardon nous les samos nous faisons plus ça. y´a democratie ! Faitez comme vos chefs c´est mieux deh !!!
    Bonne journée à tous !!!!

  • Le 25 février 2009 à 17:04, par LUC En réponse à : MARIAGE FORCE : Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

    Chapeau bas à la police ! Mais où est passé l’ACTION SOCIALE et la SOLIDARITE NATIONALE ? la police doit veiller a ce que force reste à la loi la conciliation et autres c’est leur affaire et on ne les voit nul part Dommage. Et quel est C...qui tient a posseder une femme qui ne veut pas de lui..TIste Afrique !

  • Le 25 février 2009 à 21:28 En réponse à : MARIAGE FORCE : Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

    Félicitations aux forces de l’ordre. Toutefois, je trouve que les contrevenants devraient repondre de leur forfait devant la justice. Si le mariage est illégal, il doit bien y avoir un coupable, et qui dit coupable dit réparation.

    Je ne suis pas sur que la démoiselle soit en sureté, quoique la police a promis suivre l’affaire...

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