Trente mille, quarante mille, cinquante mille ou davantage ? Il est toujours difficile d’évaluer le nombre de pèlerins à Yagma lors des grandes célébrations. Hier, c’était particulièrement difficile de le faire puisqu’il s’agissait de deux événements en un : le pèlerinage national catholique et la messe d’action de grâce des 25 ans de la Fondation Jean-Paul II.

Comme d’habitude, ce sanctuaire marial était paré de ses plus beaux atours pour accueillir les nuées de pèlerins qui ont déferlé sur le site dans une grande ferveur religieuse. La messe a été présidée par le cardinal Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical Cor Unum et vice-doyen du collège Cardinalice. Il était entouré du nonce apostolique, des évêques invités ou administrateurs de la Fondation Jean-Paul II, du collège épiscopal du Burkina-Niger et d’une foule de prêtres. Mais avant, au pied de la colline mariale, une récitation du chapelet a permis de préparer le clergé et les fidèles laïcs à cette messe qui a été plus que jamais œcuménique tant par les langues liturgiques que par la diversité de provenance des membres de cette grande assemblée en prière. 1295 intentions de prières ont été reçues pour cette messe.

A l’entame de la célébration eucharistique, Mgr Jean Marie Compaoré, archevêque de Ouagadougou, a prononcé un mot de bienvenue qui lui a permis de présenter les personnalités religieuses et la délégation gouvernementale. Il a déclaré qu’au cours de l’eucharistie « on demandera la grâce de suivre les pas de l’apôtre Paul pour une promotion humaine solidaire et responsable ». Une exhortation normale quand on sait que l’année 2009 a été placée sous le parrainage de saint Paul. Pour finir, et afin que le thème du pèlerinage soit concrétisé, Mgr Compaoré a appelé les fidèles à « vivre dans la solidarité avec les autres, particulièrement avec les plus démunis ». Le récit de l’évangile a été tiré des nonces à Cana (occasion du premier miracle de Jésus), juste comme pour illustrer cette dynamique de la solidarité.

L’homélie a été prononcée par le cardinal Roger Etchegaray, un des premiers bâtisseurs de la Fondation Jean-Paul II. Il a déclaré avoir assisté à beaucoup de mariages, mais nulle part il n’a vu autant de monde comme à Yagma. « Si on a changé l’eau en vin, ici à Yagma j’ai vu un plus grand miracle. En général, c’est la Vierge Marie qui choisit elle-même le lieu où elle veut apparaître et les gens vont en pèlerinage. A Yagma, c’est différent, le miracle est que c’est vous qui avez commandé à la Vierge de venir ici à Yagma ».

Venant à l’événement du jubilé, le cardinal Etchegaray a estimé qu’après 25 ans, cette fondation papale était encore jeune. Pour lui, il urge de travailler à donner aux populations l’espoir qu’ici aussi on peut vivre sans s’exiler. Selon lui, « le plus grand mal dont souffre l’humanité, c’est la faim. Et c’est un grand scandale de voir comment la famine se déplace au gré des événements politiques, une faim chassant une autre. Il est aussi inconcevable que dans le monde, la surconsommation des uns soit nourrie par la sous-consommation des autres. Ecoutez la Vierge qui vous donnera l’imagination nécessaire pour lutter contre la désertification, contre la faim ». Les chorales, qui ont préparé cette célébration durant trois mois, ont assuré par leur maîtrise des chants exécutés lors de la messe.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga