Sidwaya (S.) : Vous êtes le représentant du Grand maître de l’Ordre de la Rose-Croix de la juridiction française. Quelles sont les raisons de votre visite ?

Jacques Sadreux (J.S.) : Je suis venu au Burkina pour animer des conférences et conduire des rituels de convocation de loge, de chapitres ou même de pronaos. Nous avons donc tenu pendant deux jours, dont un à Bobo-Dioulasso, des séminaires. Et j’ai conduit également des convocations. Ici, à Ouagadougou, nous avons réalisé un séminaire sur les enseignements de l’Ordre et des rituels de convocation comme nous avons l’habitude de faire. J’ai pu rencontrer les membres pour parler de leurs difficultés et pour comprendre comment les structures de l’Ordre arrivent à travailler, à s’investir ici. Je me suis préoccupé des difficultés qu’ils rencontrent parce que ce n’est pas toujours facile. En Afrique, il est beaucoup plus difficile pour un Rosecrucien de s’afficher qu’en Europe. Je me suis informé de tous ces problèmes. En rentrant, je ferai comme souhaité, un rapport circonstanciel au Grand maître.

S. : Que retenez-vous de l’état d’implantation de la Rose-Croix au Burkina ?

J.S. : Après cette visite, je peux affirmer que la Rose-Croix se porte bien. Il y a un organisme qui fonctionne, avec à sa tête Karifa Bayo qui est grand conseiller de l’Ordre et qui donne un dynamisme important aux organismes. Les membres, quant à eux, viennent aux convocations, participent aux activités de l’Ordre et sont satisfaits des enseignements qu’ils reçoivent. Bien entendu, on aurait aimé avoir davantage de membres mais compte tenu des circonstances économiques actuelles (crise économique), beaucoup connaissent certaines difficultés. Et vous n’êtes pas sans savoir que les cotisations sont réduites pour les membres de l’Afrique et partant, du Burkina. La grande loge prend en charge près de 3 000 membres qui sont en difficulté dont certains sont en Afrique. Après les débats, eu égard à leur qualité, j’ai senti que les membres sont déterminés.

S. : Revenant à la Rose-Croix, pouvez-vous nous présenter l’Ordre ?

J.S. : Je vais commencer par dire ce que l’Ordre de la Rose-Croix (AMORC) n’est pas. L’Ordre n’a strictement rien à voir avec une secte. Ce mot vient du latin “Seccare” qui veut dire se couper de. Le propre d’une secte est d’obliger ses adeptes à se couper de leur milieu familial et social. Ce qui fait naître les conséquences que l’on sait. A l’Ordre de la Rose-Croix AMORC, on demande au contraire, aux membres de s’investir pleinement dans les activités de la cité, de prendre ses responsabilités et d’accomplir totalement sa vie citoyenne. La famille est un joyau dont il faut absolument préserver l’union et l’harmonie. L’Ordre de la Rose-Croix n’est pas une secte pour une deuxième raison.

Une secte est dirigée par un gourou qui s’est auto-proclamé à vie, chef suprême de la secte. A l’Ordre de la Rose-Croix, le Grand maître qui est responsable d’une juridiction linguistique est nommé pour cinq ans. Et au terme de ce mandat, soit il est reconduit à son poste soit il est remplacé par un homme ou une femme plus compétent que lui.
Le troisième point de différence est que dans une secte, les adeptes doivent donner au gourou tout ou une partie de leurs biens de manière à financer son train de vie démentiel. A l’Ordre de la Rose-Croix, on demande aux membres une cotisation modique de manière à ce qu’ils puissent recevoir les enseignements écrits. Et particulièrement en Afrique, cette cotisation est réduite. Et il peut aussi avoir une affiliation orale.
Une secte fait tout pour maintenir ses membres.

A l’Ordre, le membre peut interrompre son affiliation et sans qu’on lui pose une seule question. La porte est largement ouverte pour ceux qui veulent y entrer. Et elle l’est pour ceux qui veulent quitter. Si l’Ordre de la Rose-Croix n’est pas une secte, il n’est pas non plus une religion. Car la plupart des religions sont des voies de salut fondées sur une théologie, c’est-à-dire sur la transmission de croyance résultant de l’interprétation des textes sacrés. De plus, ce caractère est renforcé dans le sens où la religion s’appuie sur un messie ou un prophète auquel il faut croire impérativement. Une religion est fondée sur l’existence d’un livre sacré. Censé représenter l’expression de la parole et de la vérité absolue du prophète ou du messie. Les fidèles de ces religions reçoivent un enseignement auquel il faut croire impérativement au travers de leur rituel, de leur doctrine ou de leur liturgie.

Avec ces données, vous vous rendez compte qu’il y a une forme de dogmatisme à l’intérieur des religions. Le mot religion est intimement lié à la notion de croyance et à celle du salut. Ce n’est pas grave mais ce qu’il y a, c’est ce que les religions demandent et exigent de leurs membres. C’est là que ça devient dangereux parce qu’elles exigent de leurs membre de croire a priori à tout ce que l’on dit et à tout ce qui est dit au travers de leurs enseignements. Et quand elles demandent et qu’elles imposent leur conception de Dieu et parfois même celle de l’Etat, c’est là que ça devient encore beaucoup très dangereux.

D’ailleurs dans le code de vie Rose-Croix, il est préconisé le respect de toutes les doctrines philosophiques et religieuses dès lors qu’elles ne compromettent pas la dignité humaine. Il est aussi dit : “Ne soutiens ni ne cautionne aucune religion qui mettrait en cause la dignité humaine”.
L’Ordre de la Rose-Croix n’a pas de maître particulier car il véhicule une tradition impersonnelle qui s’est transmise d’école de mystère en école de mystère.
Les enseignements de l’Ordre ne sont pas fondés sur l’existence d’un livre sacré. Mais sur une connaissance collégiale qui résulte des efforts incessants que les Egyptiens ont déployés pour percer les mystères de la nature, de l’univers et de l’homme.

En outre, il n’est absolument pas demandé aux membres de croire à la véracité des enseignements. Bien au contraire, on lui demande de vivre en point d’interrogation. C’est-à-dire de refuser les principes, la doctrine qui pourrait heurter sa compréhension et sa sensibilité. Nous n’avons aucun intérêt à diminuer les rôles des religions. La seule remarque qui me semble fondamentale est que les religions demandent à leurs membres de croire à la sagesse du messie ou du prophète. Mais elles ne donnent à aucun moment à leurs fidèles la connaissance voulue pour atteindre le degré de sagesse que ces êtres d’exception ont magnifiée tout au long de leur vie.
Car il ne suffit pas de vénérer un sage pour le devenir soi-même. Mais c’est en étudiant sa sagesse, les thèmes qu’il a développés que l’on peut le devenir. C’est là que la religion touche ses limites. Elle est une voie de croyance et l’Ordre de la Rose-Croix, une voie de connaissance. Et c’est là où les limites de l’ésotérisme sont atteintes. Et l’on pénètre dans le domaine de l’exotérisme avec les organisations traditionnelles comme la nôtre.

Avec ce que je viens de vous dire, vous comprendrez que l’Ordre de la Rose-Croix n’est pas un mouvement New Age. Ces moments, dont je dirai, qui sont des gentils mouvements ont incité les hommes au début de l’ère du Verseau à s’intéresser à la spiritualité. Mais ils n’ont pas donné aux chercheurs sincères une structure pour comprendre le fonctionnement du divin en eux.
Si l’Ordre de la Rose-Croix n’est pas une secte ou une religion, il n’est pas non plus un mouvement politique.

S. : Quels sont donc les enseignements dispensés au sein de la Rose-Croix ?

J.S. : Les enseignements se déroulent sur douze degrés. Les six premiers degrés développent la partie physique et les six autres, la partie psychique. Le symbole de la Rose-Croix est une croix qui comporte en son centre, une rose. La croix désigne le corps physique et la rose désigne l’âme. Le premier degré des enseignements s’attache à comprendre la physique en vue de permettre à l’apprenant d’aborder la partie métaphysique. A l’intérieur de ce degré, il est enseigné à l’apprenant le fonctionnement des atomes sur la base de la théorie de Démocrite. Il est le savant qui a inventé le mot atome qui signifie impossible de disséquer davantage.

Le 2e degré est consacré à l’étude de la conscience à savoir la conscience objective, celle subconsciente et les phases de la conscience en l’homme. C’est-à-dire le rôle de la conscience dans l’interprétation des choses et les états mentaux associés à cette conscience. Comme la concentration, la visualisation, la mémoire.

Le 3e degré est consacré à l’étude des règles de la nature et de la vie. Le 4e s’appuie sur l’étude de manuscrits qui datent de l’époque de Charlemagne. Il reprend aussi les lois et les principes annoncés dans les trois premiers degrés. Le 5e degré est consacré à l’étude des philosophes.
Le 6e traite de la thérapie rosecrucienne. C’est-à-dire comment maintenir son corps en bonne santé ? Et ce degré est extrêmement important. Il reprend les enseignements qui ont été dispensés à l’intérieur de la communauté esaïnienne. Cette communauté est une école de mystère de la Palestine et à laquelle était affilié le maître Jésus. Le 7e degré concerne le psychisme c’est-à-dire les pouvoirs psychiques, les sons, les pouvoirs démontra qu’on appelle les sons vocaux.

Le 8e degré est très spirituel puisqu’il parle de Dieu, de l’âme, de la mort, de la vie après celle-ci, de la naissance. Le 9e degré s’attache au symbolisme et à l’alchimie. Le 10e degré, exceptionnellement je pourrai vous le donner compte-tenu de la qualité de votre journal. On n’a pas l’habitude de parler de ce degré. Il est consacré à l’étude des grandes religions. Le 11e degré s’intéresse à ce qui touche aux esaïniens, aux templiers. Le 12e degré est fait de manuscrits de textes d’étude et de monographie réalisés par les membres avancés de l’organisation.

S. : Quelle vision la Rose-Croix a-t-elle des questions existentielles comme la mort, Dieu ?

J.S. : Les Rosecruciens disent que la mort peut être déclarée lorsque le cœur a cessé de battre. Pour les Rosecruciens, le fait d’être dans le coma, c’est-à-dire que vous avez un électroencéphalogramme plat, ne signifie nullement que vous êtes mort. Nous disons qu’un électro-encephalogramme plat signifie que les fonction de veille de la conscience objective sont éteintes.

Car les témoignages ont confirmé que les gens ne perdent pas nécessairement conscience de leur environnement. Certains qui sont sortis du coma racontent souvent qu’ils ont vu autour d’eux des gens animés et préoccupés à organiser l’enterrement. Les gens qui étaient dans le coma n’ont pas perdu conscience et pourtant la conscience de veille est éteinte. Seule celle du subconscient qui était fonctionnelle, c’est-à-dire la conscience de l’âme. La mort, pour nous, est la cessation du battement cardiaque. Il y a ce qu’on appelle la rupture de la corde d’argent. L’âme divine pure rejoint le plan divin et la personnalité animique va rejoindre le plan spirituel que la personne a développé au cours de son incarnation. Nous pensons qu’il y a douze plans dans l’échelle de la conscience cosmique. Une âme qui a développé un quelconque de ces plans va se retrouver aux 4e, 5e, 6e plans de cette conscience. Et ensuite, elle va se réincarner pour poursuivre son évolution sur cette planète ou ailleurs.

Car la vie n’existe pas uniquement sur terre. C’est l’homme qui a l’arrogance de dire qu’il est le maître sur terre et qu’il n’y a qu’un seul endroit où l’âme peut s’incarner, s’il croit en celle-ci. Nous pensons qu’au terme d’un certain nombre d’années, l’âme peut se réincarner. Admettons que les personnes meurent et selon notre vocabulaire transitent à 70 ans, l’âme vivra sur l’autre plan durant 70 ans. Car la vie, pour nous, peut durer jusqu’à 140 ans. Donc 70 ans de vie active et 70 ans de vie passive sur l’autre plan où l’âme continue à s’élever, à étudier et à comprendre les structures de l’univers. Elle rencontre les Seigneurs du Kaarma. C’est là où le bilan de vie est fait avec l’âme. Et en fonction de ce bilan de vie, l’âme reçoit les termes du Kaarma. On fait une évaluation du positif et du négatif dans la vie de l’âme. On fait un bilan kaarmique en présence de ces seigneurs. Ensuite elle se prépare à sa réincarnation.

S : Vous avez dit tantôt que la Rose-Croix n’est pas une secte ou une religion. Alors, quelles relations entretient-elle avec ces dernières, notamment la Franc-maçonnerie ?

J.S. : La Rose-Croix entretient des relations de courtoisie avec toutes les organisations traditionnelles qui le veulent.
En ce qui concerne la Franc-maçonnerie, la Rose-Croix lui est restée liée pendant quelques années. Aujourd’hui, il n’y a aucune relation entre les deux. Les Francs-maçons, notamment dans le rite écossais ancien et accepté, témoignent de ce fait historique parce qu’ils ont gardé dans leur cursus, initiatique le 18e degré qui est celui du chevalier de la Rose-Croix.
Mais nous n’avons pas de liens avec les autres sectes. Nous respectons tous les mouvements. Mais nous avons une devise qui est “la plus large tolérance dans la plus stricte indépendance”. Nous n’avons absolument rien à voir avec ni la Franc-maçonnerie, ni aucune autre secte.

S. : Comment expliquez-vous les profonds malaises qui existent entre la Rose-Croix et les religions notamment le catholicisme ?

J.S. : Dans l’Ordre de la Rose-Croix, il y a des protestants, des catholiques, des musulmans, des juifs.
Toutes les religions sont représentées à l’intérieur de la Rose-Croix. Ce qui signifie qu’il n’y a rien à l’intérieur de l’Ordre qui puisse choquer, gêner un juif, un bouddhiste, un musulman ou un catholique.
Il y a actuellement une opposition, probablement de l’Eglise catholique.
Les étudiants rosecruciens connaissent en général les religions. Ils savent que ce sont des voies de croyance. Malheureusement, comme ils ne sont pas satisfaits de la voie religieuse, ils deviennent soit matérialistes, soit athées.

Et nous n’avons pas à nous réjouir de cette situation. Car le fait d’être athée renforce le matérialisme. Par contre, nous disons aux membres qui viennent chez nous qu’il faut renouer avec Dieu selon une conception mystique. Dans la religion, on dit que Dieu est un surhomme qui siège au ciel et régit les affaires des hommes. Comme un bon père le fait avec ses enfants. Un bon père qui décide et qui a la volonté de tout régler à la place de son fils jusqu’à la mort. Et la conception mystique de Dieu sous-entend qu’il se manifeste sous la forme de lois naturelles, universelles et spirituelles. Le fait de connaître ces lois nous permet de communier avec Dieu et ses effets en nous. Et non pas avec un hypothétique Dieu qui serait puissant et qui irait jusqu’à nous sanctionner parce que nous n’adhérons pas à ce que l’on nous dit dans les religions. Non ! Nous sommes pour la liberté spirituelle et non pas pour imposer quoi que ce soit à un membre. C’est la raison pour laquelle nous disons qu’il ne faut pas rejeter les religions mais renouer avec une conception beaucoup plus mystique de la divinité.

Ce qui sous-entend que nous devons apprendre à connaître Dieu parce que pour nous, chacun qui vit sur terre a l’occasion d’apprécier les lois dans lesquelles il vit. Et il sait pertinemment que la création n’est pas ex nihilo mais l’effet d’une cause. Quelle est cette cause qui agit dans les lois naturelles, universelles et spirituelles ? Si nous la connaissons, nous pouvons immédiatement comprendre que les lois par lesquelles Dieu se manifeste sont harmonieuses. Et que cette cause porte en elle-même une intelligence puisque ces mêmes lois sont, pour les scientifiques, l’expression de l’harmonie universelle. Mais pourquoi ne pas dire que cette cause émane des lois qui sont intelligentes. Et si elle émane de ces lois, pourquoi ne pas dire ?

C’est pour ça que nous définissons Dieu comme étant l’intelligence universelle qui a pensé, animé et manifesté toute la création selon des lois immuables et parfaites. Et c’est cela, la connaissance. Avant mon départ, j’animerai une conférence sur le thème : “La Rose-Croix : une voix de connaissance”. Pour nous, il est important de savoir que la connaissance est le seul moyen de comprendre le fonctionnement de Dieu en soi. Si les religions disent qu’il s’agit d’un surhomme assis sur un siège, nous disons que ce sont des lois qui sont en mouvement. Il ne faut pas la confondre avec le savoir. La connaissance n’est pas le savoir intellectuel que les gens se targuent de connaître en étalant malheureusement sous l’effet de l’ego, un savoir généralement qu’ils n’ont pas. Car il est vaste, illimité, relatif.

Il ne s’adresse qu’aux fonctions cérébrales. Alors que la connaissance s’applique aux qualités spirituelles de l’âme. Le savoir ne dure qu’une vie. Alors que la connaissance s’agrège dans l’âme d’incarnation en incarnation. Quand vous vous réincarnez, vous le faites avec la connaissance relative aux expériences que vous avez connues pendant notre vivant. Mais le savoir intellectuel, comme les lois de Einstein, tant que vous ne les expérimentez pas, vous n’avez qu’un savoir. Vous n’avez pas de connaissance. Et ce savoir ne vous servira pas à grand chose. C’est la raison pour laquelle, nous n’exigeons pas aux membres qui adhèrent à la Rose-Croix d’avoir un niveau intellectuel. Nous leur demandons simplement de connaître.
C’est-à-dire d’utiliser l’intelligence du cœur pour exacerber les qualités spirituelles de l’âme où se trouve la véritable connaissance.

S. : Vous disiez tantôt qu’on retrouve des chefs d’autres confessions religieuses dans la Rose Croix. A moins que cela ne relève de l’indiscrétion, peut-on avoir des noms de certains chefs religieux qui sont membres de la Rose-Croix ?

I.S. : Il y a énormément de rabbins, d’évêques, de prêtres, d’imams, de pasteurs, etc., qui sont membres de la Rose-Croix.
Mais je ne suis pas autorisé à vous donner un nom car l’affiliation à l’Ordre est confidentielle. Moi ou aucun autre membre ne peut révéler les noms de personnes qui sont à la Rose-Croix. A moins que ceux-ci ne le fassent eux-mêmes.

S. : Très souvent, la rumeur n’est pas tendre avec la Rose-Croix. Elle la présente comme un lieu où se font des pratiques ignobles tels les sacrifices humains, l’utilisation de sang humain dans certains rites ou une messe noire que l’on dit sur un corps nu de jeune fille. Qu’en est-il exactement à la Rose-Croix ?

J.S. : J’infirme tout ce que vous venez de raconter. Ce sont des mensonges grossiers et gravissimes. C’est même un manque de respect de la personne humaine que de penser qu’une organisation dont les structures, la philosophie sont connues de l’Etat et du public qui est autorisé à suivre certains rituels. Par exemple au Burkina, il existe le rituel d’entraide spirituelle qui est ouvert même aux non membres. Il s’agira pour celui qui est veut y assister de se faire introduire par un membre.
Je trouve même que c’est diffamatoire que de tenir ces genres de propos. Et si on le dit, il faut le prouver.

Nous avons gagné tous les procès que nous avons intentés contre ceux qui tiennent ces propos.
Pour nous, seuls ceux qui sont à bout d’arguments qui répètent ces genres de choses. Pour lever toute équivoque sur cela, nous invitons tous ceux qui veulent connaître l’Ordre à y adhérer. Nous refusons, par contre les inscriptions de ceux qui viennent à l’Ordre pour acquérir des pouvoirs ou pour tuer leurs voisins.
Pour ceux qui veulent connaître l’organisation, le meilleur moyen est de s’inscrire. D’ailleurs les frais d’adhésion ne sont pas élevés.

S. : La même rumeur raconte que tous les Rosecruciens sont riches. Aussi, elle remarque que la Rose-Croix regorge d’hommes politiques, de dirigeants, etc.

Comment expliquez-vous cet état de fait ?

J.S. : Vous n’allez pas reprocher à notre organisation d’apporter le bonheur à l’être humain. C’est clairement expliqué que le but de l’Ordre est de se parfaire, de développer l’harmonie chez les êtres humains de manière à ce qu’ils respectent les lois divines telles qu’elles s’expriment en eux, dans la nature dans l’univers afin de bénéficier du bonheur. Un étudiant rosecrucien apprend les lois par lesquelles il peut se transformer, c’est-à-dire remplacer la haine par l’amour, l’intolérance par la tolérance, développer en lui la compassion, la commisération. Quand on lui apprend les lois du triangle, le pouvoir du symbole, sa vie se transforme.

S. : C’est quoi le symbole ?

J.S. : Le symbole est ce qui unit les hommes et qui les aide à transmuter leur réel. Lorsque vous parlez aux étudiants rosecruciens du triangle qui est une loi en mouvement dans tout l’univers, vous leur expliquez que la compréhension totale et spirituelle de cette loi va transformer leur vie et on leur demande le domaine d’application dans leur vie matérielle ; ils s’enrichissent matériellement et spirituellement.

S. : En clair, qu’est-ce qu’un Rosecrucien est à même de faire avec les connaissances acquises dans l’Ordre ? Et qu’est-ce qu’il ne peut pas faire ?

J.S. : Il peut visualiser, se concentrer c’est-à-dire se polariser sur un objet précis. Par exemple un Rosecrucien sportif va se polariser sur les facultés physiques qu’il doit développer pour être le meilleur dans sa catégorie. Plutarc, qui a étudié en Egypte parle d’Osiris et d’œsis. Il parle du triangle nuptial qui était adoré par les Egyptiens. Il s’agit d’un triangle rectangle. Un côté représente l’âme, un autre, le corps et l’hypoténuse représente la perfection, la quintessence. Si le mariage entre l’âme et le corps réussit, c’est la manifestation de la quintessence. Autrement dit, si vous arrivez à transmuter les imperfections de votre corps en leurs qualités opposées, vous devenez parfait et vous pouvez épouser l’âme divine qui est pure et parfaite pour manifester la quintessence.

Selon Plutarc, l’hypoténuse est appelée sol invictus (soleil invincible) qui est l’un des noms de Jésus. Les enseignements, vous les retrouverez dans tous les manuels qui parlent du triangle en nombre. D’un côté, vous avez le savoir intellectuel concernant le triangle en nombre et de l’autre côté, vous avez la connaissance spirituelle qui s’adresse à ce triangle. Le mariage alchimique entre le corps et l’âme va manifester la quintessence. Cela fait partie des études d’un Rosecrucien. Et non pas “oui, Dieu ceci, cela, le justicier”, pour dire quoi ? Qu’il faut croire en Dieu. Mais est-ce en croyant en Dieu qu’on devient meilleur ?

Est-ce en cela qu’on apprend à utiliser les pouvoirs qu’il a enfouis dans notre âme, notre première incarnation ? Est-ce qu’on les a utilisés pour changer l’homme ? Le mysticisme Rosecrucien n’a rien à voir avec la magie, l’insolite. Il est l’étude des liens qui unissent chaque être vivant à Dieu qui est la cause première de toute chose, la sagesse universelle ou la conscience cosmique. Si vous voulez travailler sur vous, il faut bien comprendre votre voisin, bien étudier les lois qui vous unissent aux arbres, aux animaux, à l’univers, aux saisons, c’est-à-dire les lois naturelles, universelles, spirituelles.

Ce n’est qu’en les comprenant que vous cessez d’avoir peur. Et quand on veut vous maintenir dans la peur, comme le font les religions, en vous présentant Dieu sous la facette d’un type méchant, cela pose un problème. C’est parce que la Rose-Croix éveille la conscience que les religions ne l’aiment pas. La Rose-Croix veut que les gens prennent leur destin en main et refusent la loi “Inch Allah” c’est la volonté de Dieu.

Où la volonté de Dieu est la cause de malheur de l’homme. Nous disons que Dieu n’a pas inventé le mal. Il n’y a pas de lois divines qui disent que le mal a été fait par Dieu. Comment Dieu qui est l’intelligence des intelligences peut créer le mal ? Lorsque nous appliquons mal le libre arbitre, les lois qui sont en relation avec notre conscience humaine, nous agissons par le mal. Et lorsque nous appliquons les lois qui sont en relation avec l’âme et que nous agissons pour le bien, autrement dit le libre arbitre s’applique de manière positive lorsque vous êtes en contact avec les valeurs spirituelles de l’âme. Et il s’applique de manière négative lorsque vous êtes en contact avec les valeurs de la conscience qui s’adossent aux “vertus” de l’égo.

C’est-à-dire le désir de posséder, de dominer, de paraître. C’est inestimable lorsque vous appliquez le libre arbitre pour servir les vertus de l’âme. C’est-à-dire servir Dieu en vous et non pas vous servir de Dieu pour traiter l’autre de méchant. Dans la Rose-Croix, c’est le laisser-faire en fonction de la connaissance des lois. Et non pas essayer d’imiter des paroles qu’on lui dit pour lui faire peur tel que malheureusement l’église catholique le fait. Vos rapportez que certains s’enrichissent parce qu’ils sont Rosecruciens.
C’est normal que l’on dise cela. Mais qu’est-ce qu’on dit quand ce sont des ministres catholiques qui s’enrichissent ? On trouve que cela est normal. Mais où est l’erreur ? Allez-y la chercher.

S. : De façon succincte, quelle est l’histoire de la Rose-Croix ?

J.S. : Il existe deux manières d’aborder une organisation traditionnelle : l’aspect historique et l’aspect traditionnel. Au plan historique, le terme de Rose-Croix apparaît dans trois (3) manifestes. Il s’agit de “la fama fraternitatis” (1614) “les noces chimiques de Rosenchreuzt” (1615) et “la confessio fraternitatis” (1616). Les trois manifestes ont été reconnus comme étant le début de l’Ordre de la Rose-Croix par deux historiens connus. Roland Hédigofer et Antoine Fèvre. L’Ordre de la Rose-Croix apparaît clairement en terme de Rose-Croix. Bien avant l’Ordre de la Rose-Croix a essemé ses doctrines, sa philosophie sous d’autres noms. Quand la perquisition faisait ses ravages, nous avions d’autres noms. Sur le plan traditionnel l’Ordre de la Rose-Croix plonge ses racines dans les madras, des écoles de mystère. En 1500 avant Jésus Christ, le pharaon Toutmonsis III organise toutes les écoles de mystère dans un groupe unique avec des règles uniques. Un siècle après, le pharaon Akhénaton est le premier dans l’histoire à affirmer le monothéisme et a regroupé les enseignements de l’Ordre dans les écoles de mystère. Pythagore, qui a étudié vingt ans en Egypte ramène la connaissance égyptienne en Grèce et en Italie. Il organise une école de l’Ordre pytagorien pour transmettre cette connaissance des écoles de mystère de l’Egypte. C’est-à-dire le mystère de la nature, de l’univers et de l’homme. Les écoles de mystère ont essemé par le biais des templiers et des alchimistes en Europe ensuite par le biais des spiritualistes des temps modernes.

S. : A combien se comptent actuellement les membres de l’Ordre ?

J.S. : Sous la juridiction linguistique française et francophone, les membres sont environ trente mille. Au plan mondial, ils sont deux cent cinquante mille et deux cent cinquante au Burkina. J’ai rencontré cent soixante durant mon séjour au Burkina. Ce nombre est un bon indicateur de la vivacité de l’Ordre.

La Rose-Croix ne fait pas de proxénétisme. Par contre, si vous voulez vous libérer de l’ignorance, de la peur qu’on essaie de semer dans vos esprits pour vous maintenir dans le carcan religieux, renseignez-vous auprès de la Rose-Croix. Ou allez sur le site www. amorc.org. Bouddha disait : “ de l’ignorance et de l’ignorance seulement, l’homme doit se libérer”.

Jacques Théodore BALIMA

Sidwaya