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Crise ivoirienne : Ça coïnce sur les grades militaires à Ouaga 2000

Publié le vendredi 19 décembre 2008 à 01h58min

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C’est de quoi exactement ils vont encore discuter ? Question que se posaient les journalistes hier 18 décembre 2008 à Kosyam. Parce que conviés à couvrir une rencontre entre Forces nouvelles et Pouvoir, prévue à 9h, jusqu’à 16h, ils ne savaient pas exactement le motif de cette nième séance de travail entre les protagonistes ivoiriens.

On saura officieusement qu’il s’agit de la question des grades et de la réinsertion. Et en presque 8 heures de négociations, le Facilitateur, Blaise Compaoré, a dû les abandonner et les laisser aux mains d’Alain Yoda (ministre des Affaires étrangères) et de Boureima Badini (représentant spécial) pour s’envoler pour Abuja où l’attend le sommet de la CEDEAO.

Aux environs de 16h, à voir la mine d’Alain Yoda et de Boureima Badini, qui ressortaient l’un avec les représentants des Forces nouvelles, l’autre avec ceux du pouvoir, on pouvait deviner aisément que les choses ne se sont pas déroulées comme prévues.

En effet, dès 9h 30, c’est la délégation gouvernementale, conduite par Alcide Djédjé et Désiré Tagro, qui arrive à la présidence. Elle est installée dans une des salles du palais. Le Facilitateur Blaise Compaoré, lui, était arrivé à 9h et s’était installé dans son bureau, sis au 3e étage. Les représentants des ex-rebelles arriveront vers 10h. S’ensuivront des conciliabules et des va-et-vient chez le Facilitateur.

Ainsi, ce sont les « gens du pouvoir ivoirien » qui échangeront pendant quelques minutes avec lui. Puis ce fut au tour des partisans de Guillaume Soro, conduits par Alain Lobognon, d’échanger avec le PF. Mais de quoi parle-t-on ? Se demandaient de nombreux confrères. Car, officiellement, ce n’est ni un Cadre d’évaluation et d’accompagnement (CEA), ni un Cadre permanent de concertation (CPC).

On n’en saura rien jusqu’aux environs de 12h. Au finish, l’objet de ces tractations, apprend-on dans les coulisses, serait un document relatif à la réinsertion des combattants des ex-rebelles dans l’armée ivoirienne et surtout, l’épineuse question des grades. En fait, vraisemblablement, il semble que les ex-rebelles, qui revendiquent 36 000 combattants, veulent intégrer entre 5000 à 6000 hommes dans l’armée loyaliste.

Ce qui ne semble pas poser de problème. Le hic concerne les grades : on sait que cette question pendante, Guillaume Soro avait laissé entendre au sortir d’un CPC qu’on l’avait mise entre les mains du Facilitateur et maître d’œuvre de l’Accord politique de mars 2007. Etait-il parvenu à une solution acceptable entre les deux ? Visiblement oui. Pourquoi alors ces tergiversations d’hier 18 décembre à Ouaga 2000 ?

En tout cas, dans les couloirs du 2e étage où faisaient le pied de grue les journalistes, les va-et-vient des différents acteurs ivoiriens et ceux d’Alain Yoda et Boureima Badini montrent que ça coïncait sur une virgule ou un bout de phrase. La preuve ? Vers 11 heures, les délégations sont rentrées dans la salle pour parapher. 5 mn plus tard, les ex-rebelles claquaient la porte et ressortaient. Il semble que certains sont favorables à ce que les vrais soldats dans les rangs des ex-rebelles progressent normalement en grade.

Mais ceux qui ont acquis du galon, parce qu’ils sont devenus rebelles, seront mis à la retraite avec tous les avantages y afférents. « Ecrivez que ça chauffe ici », lâchera Alain Lobognon, et Badini de dire : « La fumée est encore verte ! » (allusion à la fumée blanche, à Rome signifiant qu’on a un nouveau Pape). Aux environs de 14h, Blaise Compaoré a dû refiler cette patate chaude à Alain Yoda et Boureima Badini, et s’envoler pour la capitale nigériane où doivent se dérouler les travaux des chefs d’Etat de la CEDEAO.

A 16h, rien n’était encore paraphé et les uns et les autres sont allés pour se restaurer et rendez-vous est pris à 18h pour reprendre les discussions. A l’heure où vous lirez ces lignes, peut-être est-on parvenu à faire parapher les deux parties concernant ce fameux document sur lequel rien n’a officiellement filtré. Mais le fait que le Facilitateur soit parti sans avoir pu faire signer les frères ennemis est symptomatique que la crise ivoirienne bute sur cette question du DDR. Et que rien n’est réglé et, sûrement, on en entendra encore parler.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’observateur Paalga

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