Selon le témoignage d’un des collègues videurs de la victime qui a requis l’anonymat, tout est parti d’une histoire, pour le moins banal. “ Vu le fait qu’on n’admet pas de vendeurs ambulants à l’intérieur de notre maquis à partir de 18 heures, mon collègue Roland Sanou a constaté, aux environs de 19 heures, la présence de Ibrahima Mikaïla et lui a demandé de vider les lieux.

Toute chose que celui-ci n’a apparemment pas digérée. Quelques instants après, Ibrahima Mikaïla s’est présenté devant mon collègue à la porte. Celui-ci n’a même pas eu le temps de lui demander ce qu’il voulait qu’il a brandi un couteau et lui a tranché la gorge. Ayant suivi la scène et voulant voler au secours de mon collègue, j’en ai aussi eu pour mon compte avec le bras gauche blessé. ”, nous a confié d’entrée de jeu, le collègue de la victime. Et de poursuivre : “ Au regard de la situation, un autre collègue s’est aussi jeté dans la bataille et en ce moment, Roland Sanou s’était déjà écroulé, mort. C’est ainsi que le vendeur ambulant en question a pris la fuite et a été rattrapé par la foule qui l’a passé à tabac.

Et n’eut été l’intervention de la gendarmerie qui est arrivée au bon moment, il allait être victime de la vindicte populaire ”. Copieusement tabassé et méconnaissable, Ibrahima Mikaïla, âgé de plus de 30 ans et vendeur ambulant de divers objets dont des couteaux, a été admis le même soir aux urgences du bloc opératoire du Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso, selon le chirurgien de garde, le Dr Gustave Bakary Sanou. Et contrairement à la rumeur qui le donnait pour mort, nous avons vu Ibrahima Mikaïla hier lundi 3 novembre, dans un piteux état avec un visage et une bouche complètement enflés. Sourd, mais pas muet depuis son enfance aux dires de son oncle, Dramane Abdoul Salam, Ibrahima Mikaïla dont la vie est hors de danger a été libéré de l’hôpital à notre passage. Menottes en main, il a été reconduit à la gendarmerie qui, d’ores et déjà a ouvert une enquête.

Autre lieu, autre ambiance : nous nous sommes rendus après coup dans la famille du défunt située à “ deux pas ” du maquis “ Ecran 21 ”, lequel défunt a été trouvé déjà mort sur les lieux du drame par les sapeurs pompiers et la gendarmerie. C’est un père très affligé par le décès de son fils en la personne de Jean-Claude Sanou qui nous a reçu. “ On est venu m’informer du décès de mon fils à Belle-ville où j’habite. Tout ce que je sais, c’est qu’on m’a dit que c’est suite à une bagarre que cela est arrivé ”, a lâché avec peine, Jean-Claude Sanou, dans une cour pleine de parents venus compatir à sa douleur. La victime, Roland Sanou, a été inhumée le 3 novembre 2008 au cimetière de Belle-ville. Le maquis “ Ecran 21 ” reste fermé pour l’instant.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya