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Soins de santé primaires : Quelle place pour les « tip tiim » ?

Publié le vendredi 19 septembre 2008 à 01h12min

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« Rôle des tradipraticiens dans les soins de santé primaires ». C’est sous ce thème que le Burkina Faso célèbre cette année la Journée africaine de la médecine traditionnelle. La cérémonie, placée sous la présidence du nouveau ministre de la Santé, Seydou Bouda, a eu lieu le 18 septembre 2008 dans l’enceinte de l’Ecole nationale de santé publique (ENSP).

Haie d’honneur des élèves infirmiers en blouse blanche de l’ENSP. Hôtesses en uniforme pour accueillir les invités de marque. Danseurs traditionnels animant fiévreusement la cérémonie parmi lesquels la troupe « Diendéré » qui se distingue par ses musiciens bardés d’amulettes et de bizarreries de toutes sortes, flèches en main et carquois bien en évidence.

Celle-ci se fera plus tard applaudir à tout rompre à travers sa prestation faite de pirouettes. A côté de ce monde traditionnel, la garde nationale avec ses instruments de cuivre prête pour la fanfare. Deux tentes dressées pour les officiels.

Les autres participants sont sous le soleil brûlant avec des pancartes permettant de les identifier : des membres d’associations de tradipraticiens des arrondissements de la commune de Ouagadougou, ou des villages environnants.

Au milieu de la scène est dressée une tribune où Ambroise Tapsoba, l’animateur vedette des cérémonies, attendait pour donner le top de départ de l’activité qui se résume aux discours, aux remises d’attestation et de décoration et à la visite des stands d’exposition.

Le mot de Samuel Sawadogo, président de l’Association des tradipraticiens et herboristes (ATH), a consisté à remercier les autorités pour l’attention accordée à la promotion de la médecine traditionnelle.

Au nom du directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Luis Sambo, Ghislaine Conombo, directrice par intérim de cette institution, a souligné que ce thème a été choisi pour commémorer le 30e anniversaire de la Déclaration d’Alma-Ata en septembre 1978 qui a préconisé la santé pour tous, et invité les pays à intégrer la médecine traditionnelle dans leurs systèmes de santé conformément à l’approche de soins de santé primaires (SSP).

« La conférence internationale sur les SSP et les systèmes de santé tenue à Ouaga du 28 au 30 avril 2008 pour les 30 ans de Alma-Ata a réaffirmé les principes de cette Déclaration, particulièrement celui qui concerne la santé en tant que droit humain fondamental, et souligne le devoir qu’ont les gouvernements de veiller sur la santé de leurs populations », a ajouté le Dr Conombo qui n’a pas manqué, par ailleurs, de montrer que « les tradipraticiens constituent des ressources humaines importantes en Afrique subsaharienne ».

« Il reste du chemin à parcourir »

Et de citer en exemple les résultats encourageants qui sont en train d’être documentés et qui concernent les médicaments contre le paludisme, la drépanocytose et le diabète. Forte de ce constat, « l’OMS continuera d’aider les pays à traduire les résolutions et les déclarations en politiques et plans réalistes d’institutionnalisation de la médecine traditionnelle afin de garantir la santé pour tous... ».

Le ministre de la Santé, Seydou Bouda, embouche la même trompette en déclarant que, depuis les civilisations sumérienne et égyptienne, l’homme a toujours eu recours au savoir médical traditionnel pour faire face aux maladies les plus courantes. « 60% des médicaments actuellement commercialisés sont issus directement ou indirectement du patrimoine thérapeutique traditionnel ».

Il a interpellé les chercheurs à poursuivre leurs efforts en collaboration avec les tradipraticiens afin que d’autres produits voient le jour à l’image de ceux du N’Dribala et du Saye du laboratoire Phytofla du Dr Zéphirin Dakuyo installé à Banfora.

Les 30 000 praticiens exerçant au Burkina ont, selon lui, un rôle déterminant à jouer dans le système de santé. « Il y a certes des avancées, mais il reste du chemin à parcourir pour parvenir à une implication formelle de la médecine traditionnelle dans les SSP », a fait remarquer Seydou Bouda.

Il a cité, en guise d’illustration, la prise en compte des prestations de soins traditionnels dans les statistiques qui reste posée. En attendant, a-t-il promis, des formations seront organisées sur les bonnes pratiques en vue d’aider les « tip tiim » (1) à mieux assumer leur rôle.

Note : (1) : « Tip tiim » (en langue mooré) : tradipraticien

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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