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Intégration : le double langage des dirigeants africains

Publié le lundi 14 juin 2004 à 09h59min

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Ces derniers mois, la presse rapporte que les responsables angolais ont lancé une "chasse" aux ressortissants africains notamment congolais et ouest-africains "sans papiers" qui travaillent dans les zones diamantifères et aurifères du pays. Cette "chasse" se passerait dans des conditions inhumaines qui rappellent les atrocités que subissent régulièrement les Maliens, les Nigériens et les Burkinabè (pour ne citer que ceux-là) en Côte d’Ivoire.

Hier, c’étaient le Gabon, la Guinée Equatoriale, la Libye, le Ghana de feu Kofi Busia et le Nigeria qui s’étaient livrés, de manière humiliante, à l’expulsion d’étrangers africains. Ils seraient "source d’insécurité et d’instabilité" pour ces Etats.

On peut citer à souhait, des cas de ce genre qui se sont déroulés dans d’autres pays africains. Et cela pratiquement dans l’indifférence quasi-générale des dirigeants africains. Alors qu’il est régulièrement question, lors des réunions et autres conférences, de l’urgence de l’intégration des pays africains.

Quelles leçons devrait-on tirer de ces pratiques qui déshonorent l’Afrique et qui alimentent les arguments et les préjugés afro-pessimistes ? Quel crédit accorder aux discours sur l’hospitalité et la solidarité de certains responsables africains ? Pourquoi des Africains devraient-il se lamenter ou s’indigner lorsque la France, par exemple, expulse des étrangers en situation dite irrégulière sur son sol ?

Le président Abdoulaye Wade du Sénégal n’avait pas tort lorsqu’il disait qu’un Africain est mieux traité en Europe que ne l’est un Burkinabè en Côte d’Ivoire. On se souvient que pour une ressortissante nigériane expulsée de la Belgique, qui a trouvé la mort à la suite de mauvais traitements dans l’avion qui la ramenait chez elle, le ministre belge de l’Intérieur a démissionné. Est-ce à dire que la vie humaine, pour ne pas dire celle du Noir, a plus de valeur en Europe qu’en Afrique ? Que non ! On ne peut refuser le droit à un Etat de s’organiser de manière à assurer les conditions de vie et de sécurité pour ses citoyens et les étrangers qui se sont installés sur son sol. La manière de le faire compte. Cela relève de la bonne gouvernance dont tout le monde se réclame.

Au moment où l’Union africaine vient de créer officiellement son conseil de paix et de sécurité qui devrait être un pas de plus vers l’intégration du continent, il est désolant, voire décourageant de voir des Africains chassés de chez-eux d’autres Africains. Sous des prétextes souvent fallacieux. Les raisons sécuritaires, économiques, de simple mésentente ou d’antipathie entre dirigeants sont dans certains Etats africains suffisantes pour brimer l’étranger, devenu pour les besoins de la cause, la source de tous les maux.

L’Afrique est en train de perdre une de ses valeurs essentielles : l’hospitalité. Les Etats africains, l’Union africaine sont interpellés sur la question des mauvais traitements que subissent les ressortissants étrangers. Il faut une solution si l’on ne veut pas courir le risque de freiner sinon annihiler les efforts d’intégration. Dans la plupart des pays, l’étranger a des droits et des devoirs. Mais qui ne sont pas toujours respectés dans certains d’entre eux comme ils devraient l’être dans un Etat qui se veut un Etat de droit.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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