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Commandant Issiaka Ouattara "Wattao" : "Mon avenir dépend de trois personnalités"

Publié le mardi 18 décembre 2007 à 08h36min

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Pour un rendez-vous pris le 11 décembre, nous avons pu finalement rencontrer le commandant Issiaka Ouattara, plus connu sous le nom de guerre "Wattao" le 14 décembre. A l’hôtel où nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec lui, il était en compagnie des membres de son état-major. Occupé à "pianoter" son ordinateur portable, le commandant Wattao, courtois et affable nous a reçu le sourire aux lèvres.

Les trois quarts d’heure que nous avons passées avec lui, nous ont paru juste quelques instants. Tant, il est agréable de discuter avec cet homme qui tire sa renommée de ses "hauts faits de guerre". Aujourd’hui, le "faucon" est bien une "colombe" et professe le message de la paix pour sa Côte d’Ivoire natale, l’entente entre tous les fils de l’Eburnie pour le vrai combat, celui du développement.

Sidwaya (S). : Vous avez participé aux manifestations du 47e anniversaire de l’indépendance du Burkina. Quel sens donnez-vous à votre présence à cette fête nationale du Burkina ?

Commandant Wattao (cdt.Wattao). : Merci de l’intérêt que vous portez à ma modeste personne. Je profite donc souhaiter une heureuse fête de l’indépendance à l’ensemble des Burkinabè. Ma présence effective à cette fête qui marque une date importante de l’histoire de la vie de la nation burkinabè est à interpréter comme le signe d’une intégration entre les peuples frères du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire. C’est aussi le symbole d’une coopération exemplaire entre nos deux pays. Quand je me réfère au narrateur du jour lors du défilé le 11-Décembre, l’histoire entre la Côte d’Ivoire et le Burkina est aussi vieille que la nuit des temps.
Les relations dépassent même le cadre de nos indépendances et prennent leurs origines bien avant les années 1950. C’est donc normal que à cette fête qui marque l’accession du Burkina Faso à la souveraineté internationale, la Côte d’Ivoire y soit présente.
C’est également normal que les Ivoiriens soient massivement et qualitativement présents à cette fête parce que les Burkinabè aussi peuvent être à la fête nationale de la Côte d’Ivoire.

S. : Le 11-Décembre, des élèves officiers d’actives de l’Ecole des forces armées (EFA) de Zambakro ont défilé aux cotés de leurs frères du Burkina et d’autres pays de la sous-région. Comment avez-vous accueilli cette présence.

CDT Wattao. : C’est un message assez fort qui traduit simplement que entre nos deux pays il n’y a plus de bruit. C’est la paix. C’est l’amour. C’est comme un mari et sa femme. Ils peuvent se disputer mais après c’est le grand amour qui renaît. Dans le couple quand il n’y a pas souvent des petites querelles, vous ne pouvez pas savoir qui est-ce que l’un ou l’autre veut ou ne veut pas. Aujourd’hui je peux dire que c’est le grand amour entre nos deux pays frères.

S. : Quel bilan faites-vous de l’Accord politique de Ouagadougou signé le 4 mars dernier sous les auspices du président Blaise Compaoré entre les Forces nouvelles et le président Laurent Gbagbo ?

CDT Wattao. : Je fais un bilan hautement positif. Nous avons eu plusieurs accords mais celui de Ouagadougou est le seul qui a consacré une paix dans notre pays. La paix plane aujourd’hui sur la Côte d’Ivoire. Les esprits se sont apaisés. Nous avons commencé les audiences foraines. On n’attaque plus un ministre des Forces nouvelles à Abidjan. On ne nous invective plus au Sud. L’Accord politique de Ouagadougou m’a permis d’aller à Gagnoa. Aujourd’hui je prends ma voiture de Bouaké à Abidjan sans escorte.

S. : En dépit de cette embellie, est-ce que les grades des forces nouvelles constituent le talon d’Achille de l’Accord politique de Ouagadougou ?

CDT Wattao. : Non, je ne crois pas que la question des grades des éléments militaires des forces armées des Forces nouvelles posera un quelconque problème. De toutes les façons, cette question se trouve entre les mains du facilitateur, le président Blaise Compaoré. C’est un homme d’Etat d’envergure et qui a fait ses preuves chaque fois qu’il a été sollicité pour aider à ramener la paix et la sérénité entre "frères ennemis" dans une crise.
Nous lui faisons entièrement confiance car la solution qu’il préconisera, on ne s’en doute pas, fera l’unanimité.

S. : Qu’est-ce que les Forces nouvelles même ont comme avis sur la question des grades de leurs éléments militaires ?

CDT Wattao. : Les grades ne doivent pas être un problème parce que en Côte d’Ivoire, il y a des préoccupations de premier ordre. Aujourd’hui si les audiences foraines se passent bien, si le redéploiement de l’administration dans les zones ex-assiégées se fait dans les règles de l’art, je ne vois pas pourquoi les grades poseront problème. On trouvera solution aux grades en temps opportun pour apaiser tout le monde. Quoiqu’on dise, ces grades, nous les avons eu sur le terrain. Nous les avons mérités. Gérer une zone comme Bouaké, ou gérer les 60% du territoire sans accroc, même si vous n’aimez pas le lièvre, il faut reconnaître qu’il court bien.

S. : Le président Laurent Gbagbo était dans le nord de la Côte d’Ivoire en novembre dernier. Chose qui n’était pas arrivée depuis 2002. Comment avez-vous au niveau des Forces nouvelles, vécu ce voyage présidentiel ?

CDT Wattao. : Nous avons accueilli le chef de l’Etat le président Laurent Gbagbo dans la ferveur des retrouvailles. Cela est le signe que la réunification de la Côte d’Ivoire est irrémédiable. C’est dire aussi que la Côte d’Ivoire est dans la dynamique de la paix. Cette présence physique du président Laurent Gbabgo a également permis de faire taire beaucoup de gens qui annonçaient des troubles. Alors que d’autres estimaient que le Premier ministre Guillaume Soro avait vendu le Nord de la Côte d’Ivoire au président de la République. Ces personnes ont oublié que, étant le président de toute la Côte d’Ivoire, il est normal que Laurent Gbagbo visite toutes les villes du pays où il n’avait pas pu se rendre encore. C’était normal pour nous d’assurer la sécurité du premier magistrat du pays aux cotés de nos frères d’armes des autres composantes de sécurité. Nous sommes heureux parce que c’est une mission accomplie.
Personnellement en tant que chef d’Etat major-adjoint des forces armées des Forces nouvelles, je suis fier parce que, aucun incident n’a entravé le séjour du président Gbagbo au Nord de la Côte d’Ivoire.

S. : Le 22 décembre prochain débutera le désarmement des Forces nouvelles et des miliciens. A votre niveau comment concrètement cela va se passer !

CDT. : Le 22 décembre marque effectivement le début du processus de désarmement. C’est le début, et je tiens à le souligner ce ne sera pas ce seul jour que tout se fera. On va commencer petit à petit. Nous irons lentement pour être sûr d’y arriver. Nous souhaitons que cela se passe bien. Dès ce dimanche (ndlr l’entretien a eu lieu vendredi 14 décembre) nous allons tous rejoindre nos bases à cet effet pour pouvoir sensibiliser nos soldats à aller vers le désarmement.

S. : Des journaux ivoiriens ont écrit que sur la question du désarmement, vous seriez en désaccord avec les hautes autorités des Forces nouvelles, notamment le général Soumaïla Bakayogo. Qu’en est-il exactement ?

CDT Wattao : Ceux qui le disent, racontent des sottises. Parce que le général Bakayogo est notre chef. Pour moi personnellement, il est à la fois un chef et un père. Quand il prend une décision, il le fait dans l’intérêt de tous et de chacun de nous. C’est un vieux de la vieille. Il sait ce qu’il fait. Jamais nous n’avons été en porte-à-faux avec le général Bakayogo. Je suis son adjoint et en principe, c’est moi même qui devais sensibiliser les éléments sur le terrain. Mais pour des raisons de santé, je suis là au Faso. Dès mon retour je reprendrai cette mission de sensibilisation.

S. : Vous êtes un grand chef militaire et aujourd’hui grand partisan de la paix. Pour cela vous n’hésitez pas à vous afficher avec Charles Blé Goudé le leader de la galaxie patriotique. Qu’est-ce qui vous rapproche tant.

CDT Wattao : C’est la Côte d’Ivoire qui nous rapproche tant. Avant l’Accord politique de Ouagadougou, Blé Goudé et moi, nous avions déjà des contacts téléphoniques pour essayer d’apaiser les cœurs. L’Accord de Ouagadougou a renforcé ces liens entre nous. Nous voyant ensemble, cela apaise beaucoup et donne confiance à la population ivoirienne. Tout ce que je fais, je le fais dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire et l’Accord politique de Ouagadougou a tracé les solutions d’une paix véritable. Personne n’a intérêt à ce que l’Accord de Ouagadougou échoue.

S. : Et avec votre frère d’arme, Ibrahim Coulibaly alias IB qu’en est-il ?

CDT Wattao. : Je ne voulais pas parler de lui parce que le faire c’est lui donner trop de cote. Voilà un monsieur qui ne sait pas ce qu’il veut. Voilà un sergent-chef qui veut être président de la Côte d’Ivoire. C’est vraiment désolant. Il faut que chacun connaisse sa place. Tant que ce ne sera pas le cas, on aura toujours des problèmes.
On ne peut pas prendre un menuisier pour en faire un docteur. Tout comme un docteur ne peut pas se retrouver menuisier à moins de faire du couper-clouer.
Un maçon à l’hôpital comme soignant ne peut que faire des cadavres. Ce n’est pas parce qu’on dit partout Wattao que je peux prétendre être ministre de l’Economie et des Finances, ou de la Défense de la Côte d’Ivoire. Ce sera se fourrer le doigt dans l’œil. Je dis au frère IB de mettre de l’eau dans son vin. Il est encore jeune. Qu’il rentre dans les rangs de l’armée. Notre mission est de participer au développement de notre pays et de défendre l’in tégrité territoriale de la Côte d’Ivoire. La présidence de la République de Côte d’Ivoire est trop haute pour IB. Vu son niveau intellectuel et son bagage intellectuel, il faut qu’il cesse de rêver.

S. : Est-ce à dire que l’Union nationale des Ivoiriens pour le renouveau (UNIR) sa formation politique n’a pas d’avenir ?

CDT Wattao. : Je ne vois pas quel succès ce parti peut avoir en Côte d’Ivoire. On ne se lève pas de bute en blanc pour créer un parti politique. Lorsqu’il affirme qu’il ne veut pas être président, pourquoi alors créer un parti ? Qu’il cesse de se contredire.
Nous avons dit que nous sommes venus, nous n’avons pas envie d’être président, nous voulons un même droit pour les Ivoiriens ; que le pays se retrouve comme du temps du président Houphouët où tous les étrangers vivaient à l’aise dans ce pays sans distinction d’origine ni de religion.

S. : 2008 verra certainement l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Que deviendra Wattao après cette élection ?

CDT Wattao. : Mon avenir est dans la main du Premier ministre Soro Guillaume. C’est lui qui décidera ce qu’on sera. Notre avenir aussi est dans les mains du facilitateur, le président Blaise Compaoré qui va décider de ce que nos grades seront demain. Notre avenir est enfin entre les mains du président Laurent Gbagbo. Nous leur confions notre destin.

S. : Bientôt 2008, quels sont vos souhaits pour cette année nouvelle ! A l’intention de tous les Ivoiriens et de la sous-région Ouest-africaine ?

CDT Wattao. : Mes vœux à toute l’Afrique, à l’Afrique de l’Ouest et surtout aux Ivoiriens, c’est de se montrer mûrs. 2008 doit être une année forte pour l’Afrique. Il faudrait qu’à travers l’Accord politique de Ouagadougou, les Ivoiriens donnent l’exemple à l’Afrique et au monde que ce que nous sommes allés chercher à Paris, à Accra, en Afrique du Sud, était là juste chez le voisin burkinabè. Cette paix doit être un bijou pour la Côte d’Ivoire. Et je formule paix-santé-entente aux Ivoiriens et aux Africains. Je profite de votre micro pour remercier le peuple burkinabè qui s’est montré fort, parce que ce n’était pas facile d’encaisser tout ce qui s’est passé dans notre pays durant la crise sans réagir. Si le peuple burkinabè a accepté de pardonner, ce n’est pas nous frères Ivoiriens qui devont traîner les pas.
Merci infini au président Blaise Compaoré pour sa sollicitude et son engagement total à la recherche de la paix pour la Côte d’Ivoire.

Jean Philipe TOUGOUMA

Sidwaya

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