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Promotion de la médecine traditionnelle : Un centre intégré de soins

Publié le jeudi 22 novembre 2007 à 12h25min

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Pr Jean-Baptiste Nikiéma

Le Burkina Faso s’est engagé à promouvoir et à valoriser le savoir médical traditionnel. Un projet de construction d’un Centre intégré de médecine traditionnelle et de soins intégré de Ouagadougou (CIMTSIO) fait son petit bonhomme de chemin. Dans l’entretien qu’il a accordé à Sidwaya, le directeur de la promotion de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle, le Pr Jean-Baptiste Nikièma parle des objectifs du futur centre, son fonctionnement et l’état d’exécution du projet. Il se prononce également sur la nécessité pour les deux médecines de collaborer.

Sidwaya (S). : A quelle étape se situe le projet du Centre de médecine traditionnelle et de soins intégré de Ouagadougou ?

Jean-Baptiste Nikièma (J.B.N.) : Précisions d’abord que ce centre de médecine traditionnelle sera une structure de soins intégrant à la fois la médecine traditionnelle et moderne avec des rôles bien déterminés. Le projet est à sa phase-pilote.Il a été bien accueilli par notre principal bailleur, à savoir la République de Chine et s’inscrit dans les Engagement nationaux.

La République de Chine nous a proposé une phase-pilote de deux ans. Celle-ci consiste à sensibiliser les tradipraticiens aux conditions d’exercice et de production des médicaments traditionnels. Débutée en 2007, la phase-pilote prendra fin en 2008. Et la construction du centre interviendra en 2009.

S. Quels sont les objectifs d’un tel centre ?

J.B.N. : L’objectif principal du centre est d’améliorer la qualité des soins de la médecine traditionnelle. Il servira de cadre d’exercice à cette médecine dans des conditions optimales. Les objectifs spécifiques sont de plusieurs sortes. Le premier est de permettre aux tradipraticiens autorisés officiellement d’exercer leur art dans les conditions fixées par la réglementation.
Deuxièmement, le centre vise à offrir aux détenteurs du savoir médical de nos ancêtres, un cadre de production, de conditionnement et de commercialisation de leurs produits. Le troisième objectif spécifique est de favoriser l’existence d’une documentation sur la pratique de la médecine traditionnelle. Car la tradition orale ne favorise pas l’orthodoxie en matière de soins. Ainsi, cette structure permettra d’avoir des documents sur les pratiques médicales traditionnelles, leur innocuité et leur efficacité. Enfin, c’est de donner le choix aux populations de se faire traiter par les deux systèmes de soins comme cela se fait en Asie et dans d’autres pays.

S. : Comment va fonctionner ce centre ?

J. B. N. : Dans un tel centre, les tradipraticiens vont travailler, consulter, proposer des traitements. Les agents de santé les suivront pour évaluer l’efficacité et la tolérance de ces traitements en utilisant les instruments modernes de mesure. Les tradipraticiens, les meilleurs qui vont y exercer, vont bénéficier des retombées financières de leur travail.

S. : Comment se fera le choix du personnel ?

J. B. N. : Le personnel recruté animera le centre de manière permanente. Les soins seront effectués par des tradipraticiens volontaires. Nous envisageons de faire des roulements. Ainsi, les tradipraticiens recensés reconnus par la population comme tels, vont s’organiser afin de permettre un passage au niveau de cette structure.

S. : Quelles seront les composantes de ce centre ?

J. B. N. : A l’état actuel de projection le centre sera constitué d’un marché de plantes médicinales une unité de production de médicament essentiellement basés sur les plantes, une unité de recherche et de documentation des pratiques de la médecine traditionnelle.
A cela s’ajoute l’unité d’accueil, de soins et de laboratoire. L’unité de soins la plus importante sera ouverte au public et permettra d’accueillir les patients, de poser des diagnostics et de proposer des traitements. L’unité de laboratoire, quant à elle permettra d’effectuer toutes les analyses biomédicales .

S. : Le centre coûtera combien de F CFA ?

B. N. : Le coût est estimé à environ deux milliards cinq cent millions (2 500 000 000) de F CFA. C’est un projet très important. Il va participer à la visibilité de la médecine traditionnelle au Burkina, ce sera un centre de référence.

S. : Est-ce que la collaboration attendue entre la médecine traditionnelle et moderne pourrait être une réalité avec ce centre ?

J. B. N. : C’est l’un des objectifs ! La politique nationale est fondée sur la collaboration entre les tradipraticiens de santé et les agents de santé.
Les structures comme ce centre sont des instruments de mise en œuvre de la politique nationale en matière de médecine et de pharmacopée traditionnelles. Depuis 2004, la médecine traditionnelle est réglementée au Burkina Faso. Les conditions d’exercice ont été définies , de même que la mise sur le marché des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle. Nous allons maintenant parler des normes parce qu’une chose est de réglementer et une autre est de bien définir des normes pour que les pratiquants puissent se conformer à ces normes. Ainsi, avec un cadre juridique, les médecins peuvent travailler avec des tradipraticiens de santé sans crainte.

S. : En quoi la collaboration est vraiment nécessaire ?

J. B. N. : Avec la collaboration, on peut éviter plusieurs problèmes tels que les interactions médicamenteuses. En collaborant, les tradipraticiens peuvent donner des connaissances qui vont permettre aux chercheurs de développer des médicaments. Dans les pays développés en général, on développe les médicaments à partir des plantes ou à partir de la synthèse chimique.

S. : Et pour conclure...

J. B. N. : Nous remercions tous les partenaires qui nous accompagnent dans la promotion et la valorisation de la médecine traditionnelle : l’OMS, GERES/projet PHAVA , le Réseau WANPRESS et notamment la République de Chine qui a une grande expérience en la matière.
Aussi, il faut que la population sache que la médecine traditionnelle est réglementée. Elle peut être efficace et elle s’exerce dans des cabinets de soins détenus par les tradipraticiens. J’invite la population de ne pas se laisser tromper par des charlatans et des magiciens qui prolifèrent, de manière inquiétante.

Boureima SANGA

Sidwaya

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