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Concours directs de la Fonction publique : Douze mois fermes pour les principaux fraudeurs

Publié le jeudi 13 septembre 2007 à 06h22min

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Vingt quatre prévenus ont été mardi 11 septembre dernier, appelés à la barre du Tribunal de grande instance de Ouagadougou pour répondre de leur implication dans les fraudes aux concours directs de la Fonction publique session 2007. Au terme d’un procès de 13 heures d’horloge, le tribunal a infligé des peines d’une amende de 500 000 F CFA à 12 mois fermes à certains prévenus.

Le Tribunal de grande instance de Ouagadougou à son audience correctionnelle du mardi 11 septembre 2007, a entendu vingt-quatre (24) prévenus, poursuivis pour fait de fraude et de négligence dans les concours directs de la Fonction publique, session 2007. Ces prévenus dont l’âge varie entre 21 et 51 ans sont constitués de deux gendarmes, d’un militaire, de trois gestionnaires des ressources humaines, de deux éducateurs de jeunes enfants, de deux infirmiers, de deux chauffeurs, d’un pompiste, de deux étudiants et d’un élève.

Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Ouaga-la-rumeur a annoncé des fraudes massives aux concours directs de la Fonction publique. Le commissariat central de police de Ouagadougou a pour ce faire, ouvert une enquête qui a abouti à l’interpellation d’un certain nombre de personnes à Ouagadougou. Certains se sont tout de suite mis à table, en reconnaissant les faits alors que d’autres ont nié en bloc tout ce qui leur est reproché.
Pendant que l’affaire suit son cours à Ouagadougou, la gendarmerie de Ouahigouya a mis la main sur deux personnes qui ont réceptionné sous forme de fax, des épreuves des concours dans un télécentre.

Les enquêtes ont permis de savoir que c’est un militaire (un caporal du génie civil, qui, dans son désir d’aider son petit frère a acheté les épreuves du concours, des préposés de douanes à cinq cent mille (500 000) F CFA. Il a bénéficié dans son forfait, de la collaboration d’un de ses amis, gérant d’un télécentre sur le boulevard Charles de Gaulle de Ouagadougou afin d’envoyer les sujets à Ouahigouya.

Les témoignages des prévenus à la barre ont fini par convaincre plus d’un, de l’existence d’un réseau bien structuré dans lequel on retrouve des personnes chargées de soustraire frauduleusement les sujets, des vendeurs et des agents commerciaux à la recherche de clients. La machine a ainsi fonctionné et généré une somme de deux millions cinq cent cinquante mille (2 550 000) F CFA, fruit de la vente des sujets des concours.

Chercher à reconstituer les faits et à mesurer le degré d’implication des prévenus dans cette fraude, ramène à une filière liant les uns et les autres. "J’ai reçu les sujets de X et je les ai vendus ou transmis à Y, qui à son tour les a remis à Z et ainsi de suite", ont soutenu des prévenus. Mais les témoignages conduisent inéluctablement vers Issiaka Zouré, gestionnaire des ressources humaines au ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale. Il fait partie du comité de pilotage des concours directs depuis 2003. Il est également membre d’une équipe chargée de mettre les enveloppes dans des cantines.

Le "deal" a fonctionné...

Dès son interpellation, Issiaka Zouré a nié les faits avant de reconnaître à la police qu’il a soutiré frauduleusement les épreuves des concours au lieu d’incinération des copies défectueuses.

Devant le procureur, il soutient une autre version et affirme avoir pris des sujets et leurs corrigés dans les locaux de l’imprimerie de Sidwaya où le tirage a eu lieu. Il aurait profité d’un moment d’inattention de ses collègues chargés du conditionnement et des éléments de la sécurité pour cacher son butin dans ses chaussures avant de le ranger sous la selle de sa moto "J.C Best". Mais la reconstitution des faits a prouvé qu’il est difficile de réaliser une telle prouesse à l’imprimerie.

L’interrogation a révélé que Issiaka Zouré est allé seul dans la nuit à la gendarmerie de Ouagadougou, pour reconditionner les cantines sans les autres membres de son équipe. N’ayant pas trouvé le gendarme commis à la surveillance des cantines, il a décidé de forcer le cadenas d’une cantine dont la clé aurait miraculeusement disparu. Ainsi, il a pu soutirer à souhait des épreuves.

Alain Ouali, un autre prévenu l’a rejoint dans les locaux de la gendarmerie pour un reconditionnement. Ce dernier est également membre du comité de pilotage des concours directs depuis juin 2006.

Issiaka Zouré a pu soutirer les sujets ainsi que les corrigés des concours de l’ENAREF cycles A, B, C et ceux des contrôleurs et des préposés de douane et les Agents itinérants de santé (AIS).
Il les a remis à son cousin Issiaka Yabré, gendarme de profession. Ainsi les épreuves sont passées de main en main. Certains les ont achetés à prix d’or tandis que d’autres l’ont reçu gracieusement.

Un chauffeur de l’ASECNA a déboursé huit cent cinquante mille (850 000) F CFA pour l’achat de deux sujets (500 000 pour le cycle B de l’ENAREF et 350 000 pour les AIS). Il a versé sept cent cinquante mille (750 000) F CFA et le reste viendrait "sûrement" après la proclamation des résultats. Après avoir statué sur le cas de chaque prévenus, le tribunal, conduit par le juge Seydou Milogo a établi la responsabilité de vingt-trois (23) personnes reconnues coupables des faits qui leurs sont reprochés et a relaxé, Edouard Nianda, directeur du recrutement du ministère de la Fonction publique.

Parmi ces coupables, quinze (15) dont Issiaka Zouré ont écopé d’un emprisonnement ferme de douze (12) mois, avec une amende de cinq cent mille (500 000) F CFA et trois (3) condamnés à douze (12) mois avec sursis et à payer une amende de cinq cent mille (500 000) F CFA. Le tribunal a également saisi les 2 550 000 F CFA représentant le montant total des ventes des sujets. Cette somme sera versée dans les caisses du Trésor public burkinabè.

Romaric DOULKOM (romarikom @yahoo.fr)

Verdict du procès

* Relaxé : Edmond Nianda

*Condamnés à payer une amende de 500 000 F CFA :
Mme Elisabeth Ouédraogo née Nana
Dougoutigui Ouattara
Edouard Banglega

*Condamnés à douze (12) mois avec sursis :
Assami Ouédraogo
Ibrahim Ouédraogo
Blandine Banglega
Nicole Banglega
Abdoulaye Bambara

* Condamnés à douze (12) mois fermes avec une amende de 500 000 F CFA :
Issiaka Zouré
Issiaka Yabré
Désiré Nana
Corneille Simporé
Gautier Sédogo
Abdoulaye Zampaligré
Alain Ouali
Valentin Ouédraogo
Issa Ouédraogo
Mahamadi Porgo
Mahamadi Yaro
Martial Zongo
Moussa Kaboré
Ilyassou Yaro
Moctar Napon.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 septembre 2007 à 11:38, par le juste En réponse à : > Concours directs de la Fonction publique : Douze mois fermes pour les principaux fraudeurs

    Moi je pense que l’Etat n’a pas droit de reverser l’argent au Tresor !!! Il faut condamner certes ceux qui ont vendu les sujets, mais restituer leur argent à ceux qui les ont acheté ! Bon sang ! Nous savavons tous comment ca se passe dans le pays, et vous pensez que ces gens n’etaient pas convaincu que c’etait le seul moyen , dans ce pays devenu frauduleux ?
    Remets l’argent Tertius, il n’est pas à toi !!
    Corrupteurs et corrompus seraient punis indifferemment : quelle sottise et quelle honte !

    • Le 13 septembre 2007 à 21:12 En réponse à : > Concours directs de la Fonction publique : Douze mois fermes pour les principaux fraudeurs

      Pour la sanction penale, je l’aurais souhaitée plus sévère. Je suis également d’avis que l’Etat ne devait pas encaisser cet argent surtout sans dire à quoi cela va servir (même si ce n’est pas grand chose pour le budget de l’etat !!!)

      Quant à l’idée de le remettre aux clients, je ne suis pas dutout d’accord car eux aussi sont des fraudeurs et j’espère que dans la liste qui nous est servit il y a des clients qui ont été condamnés ? car dans cette affaire le fournisseur et le client sont tous des coupables.

      Chapeau à notre nouveau Ministre Bouda de la fonction publique.

    • Le 13 septembre 2007 à 21:27 En réponse à : > Concours directs de la Fonction publique : Douze mois fermes pour les principaux fraudeurs

      Avec tout le respect que je dois au précédent intervenant, je ne suis pas du tout d’accord avec lui. Doit-on soutenir que parce qu’on est convaincu que le seul moyen de réussir à un concours au Burkina c’est d’acheter des sujets, il faut encourager ceux qui le font. Je pense honnêtement que non. Si le pays est devenu frauduleux comme il le dit, il doit quand même nous rester un minimum de bon sens pour changer les choses. Moi, je suis convaincu en lisant des intervenants dont lui-même qu’il ya toujours des gens au Faso qui ont des valeurs intrinsèques pour faire changer le pays un jour et Dieu sait qu’ils en auront l’opportunité. Mais en attendant, n’encourageons pas n’importe quoi. C’est vraiment le minimum de punition qu’on pouvait infliger à ces "acheteurs de sujets". Encore heureux qu’une procédure judiciaire ne soit pas engagée contre eux. Ils le mériteraient vraiment !!!C’est pourquoi, je suis d’accord avec le premier intervenant. C’est pas avec ce genre de peine qu’on arrêtera la fraude un jour. Quel dommage. Je me demande à quoi sert encor le ministère de la fonction publique dans ce pays. Que Dieu sauve le Burkina.

      • Le 15 septembre 2007 à 16:06 En réponse à : > Concours directs de la Fonction publique : Douze mois fermes pour les principaux fraudeurs

        Je dirais meme plus, cette sentence, it’s real joke(de la comedie). S’ il ft comettre un crime aussi prejudiciable pr l’ honneur de la nation entioere on accole des punitions si symboliques, c’est preuve que l’ on a nul envie de remuer le veritable guepier. Que l’ on aille jusqu’au bout et on verra que des complicites inimaginables seront debusquees. Le Faso est devenu, plus qu’ une savane, un desert ou tout se voit a mille lieues de la. A ce rythme la, il n’ y a plus lieu d’avoir confiance a nos institutions. C’est du bordel, bon sang. Et je parie que ces concours que tout le monde sait magouilles ne seront pas repris. Meme si on avait le doute qu’ une seule personne pourrait reussir par le truchement de cette pagaille mafieuse, il fallait reprendre ts les concours. Ce n’est pas une question de lire que le mal n’ est pas si etendu que ca. Comme si on pouvait tolerer qu’ il y ait le mal pourvu qu’ il ne s’etende pas sur trop d’ individus. c’rest quel raisonnement comme ca d’ un ministre ? Monsieurs nos "serviteurs"—a moins que vous ne vous voyez qu’ en servis— mettez un peu d’ethique dans votre fonction. Vs avez eu une chance enorme d’avoir ete retenu par Blaise compaore qui veut bien developper ce pays mais seul contre des envoyes qui devoient sa parole, qu’ y peut- il ? Parfois j’ai pitie de lui car un president ne vaut que par la valeur ethique et professionnele de son entourage.

  • Le 13 septembre 2007 à 12:29, par un frustré En réponse à : L’ETAT BURKINABE ENCOURAGE LA FRAUDE ET LA MEDIOCRITE

    C’est vraiement domage au pays des hommes désintégrés. Sinon, comment une telle affaire peut se terminer par des condamnations qui ne font peur à personne.
    Comme on a mis la main sur les fraudeurs professionnels, il fallait remonter dans le passé pour quels sont ceux qui ont été admis à travers cette filière. Tout laisse croire que tout le monde est plus ou moins impliqué dans dans cette affaire et on ne peut que carresser la bête dans le sens du poil.
    Aux fraudeurs : "Courage et trouver d’autres stratégies, vous avez l’aval des patrons !"

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