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Lutte contre les fraudes aux examens : L’autopsie du professeur Paré

Publié le vendredi 17 août 2007 à 07h18min

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Joseph Paré et Maxime Somé

Le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, Joseph Paré, a invité la presse hier pour lui faire le bilan des examens et concours organisés par son ministère.

Comme il fallait s’y attendre, le sujet sur lequel on s’est surtout appesanti pendant la rencontre a porté sur les fraudes qui ont entaché l’organisation des examens et concours de cette année. Mais foi du ministre : "tout est déjà mis en œuvre pour bouter « le pétrole » hors des classes d’examen".

Le ministre Paré a certainement mis une petite parenthèse dans ses vacances gouvernementales pour faire le bilan des examens et concours de l’année scolaire 2006-2007. Ceux-ci ont été organisés par l’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS) et se sont déroulés du 12 juin au 14 juillet 2007. Etaient concernés : le BEPC, le Bac, le CAP et les diplômes techniques.

Avant d’entrer dans le vif du sujet en se prêtant aux questions de ses hôtes, Joseph Paré a fait un bilan chiffré de ces examens et concours. Il en est ressorti une baisse sensible du nombre d’admis au BEPC et une petite hausse du taux national pour les examens techniques. Le taux d’admis au Bac, par contre, a connu un bond extraordinaire, avec 41,86% d’admis contre 25,75% en 2006.

Et l’examen qui a fait le plus parler de lui demeure le Brevet d’études du 1er cycle (BEPC). Des fraudes avérées ont même provoqué la reprise des épreuves de mathématiques et de sciences physiques du premier tour, dans les centres de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, et le retirage des sujets de l’oral d’anglais du premier tour et de tous les sujets du second tour. Chose bien surprenante pour bien des observateurs, c’est seulement dans ces deux centres que lesdites épreuves ont été reprises. Curieux pour qui connaît la volatilité du pétrole.

Joseph Paré a fait remarquer que les organisateurs ne peuvent, cependant, se fonder sur des rumeurs pour annuler intégralement un examen. Ce sont des cas avérés qui leur ont permis de dire qu’à Ouaga et Bobo, il y a eu la fraude. Et de préciser : « Il y a une chaîne dans l’organisation. Du président du jury au responsable de la région, en passant par le président du centre. A partir du moment où cette chaîne ne nous a pas dit qu’il y a eu fraude dans d’autres centres, nous ne pouvons annuler l’examen in extenso dans l’ensemble du territoire ».

C’est la persistance dans l’erreur qui est diabolique

Sur cette fraude, tant redoutée par les organisateurs de concours et par les candidats honnêtes, le ministre a précisé qu’une autopsie (c’est son mot) est en train d’être faite qui permettra, à défaut d’éradiquer totalement le fléau, de l’amoindrir dans une grande proportion. Pour donner la pleine mesure de la difficulté de la suppression intégrale du « pétrole », il a ramené l’auditoire aux années 60 à Bobo, où déjà, il y avait eu une fraude au Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE).

Comme pour dire que la fraude est aussi vieille que le monde. Pour ce qui est de l’élaboration des nouvelles stratégies antifraude, il a assuré que l’Inspection générale d’Etat et l’Inspection générale des services du ministère sont déjà à pied d’œuvre.

Le Baccalauréat a également un peu fait parler de lui, à travers cette rocambolesque affaire d’erreur dans les calculs de points par un jury. En effet, des candidats ont été déclarés admis alors qu’ils ne devaient pas l’être. Tout simplement parce qu’il y a eu cette méprise, qualifiée même de « majeure » par le principal animateur du jour : on a divisé le total des points par 26 au lieu du coefficient normal qui est 31. A écouter le premier responsable chargé de l’enseignement secondaire au Burkina Faso, bien que la responsabilité des organisateurs soit clairement établi, l’administration a toujours établi des garde-fous pour ce cas d’espèce.

Dans les textes, il est précisé que si on déclare admis un candidat et qu’au contrôle il se trouve qu’il ne l’est pas, l’on a le droit de le déclarer non admis. Mais dans cette situation, les candidats qui sont passés à côté de la victoire auraient également des droits : celui de participer à une autre session, qui aura lieu en septembre.

In fine, le ministre Joseph Paré de confesser l’erreur de l’administration en dédramatisant : « L’erreur est humaine, et c’est la persistance dans l’erreur qui est diabolique. Nous avons échangé avec les uns et les autres afin d’apaiser les cœurs et d’amener à la compréhension de ce qui est arrivé. Du reste, pendant la rencontre, certains candidats nous ont fait remarquer qu’ils se sentiraient vraiment mal à l’aise de posséder un Bac qu’ils n’ont objectivement pas obtenu ».

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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