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Grandes écoles du Burkina : Le pari de l’excellence et de l’emploi

Publié le mardi 7 août 2007 à 06h34min

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Difficile aujourd’hui de donner le nombre exact des grandes écoles et instituts de formation dans notre pays. Chaque année, un nouveau sigle vient modifier le paysage de l’offre de formations, surtout de formations diplomantes à la jeunesse en quête de connaissances afin d’augmenter ses chances d’obtenir un emploi décent et bien rémunéré.

Ce boom des grandes écoles ces dernières années est salutaire pour l’avenir du Burkina. Ne dit-on pas que l’éducation est la base de tout développement ? Le gouvernement l’a si bien compris qu’il a accordé des facilités aux promoteurs privés dans le domaine de l’enseignement secondaire et supérieur. En amont, il vient d’ouvrir les vannes de l’éducation en rendant l’école obligatoire et gratuite pour l’enseignement de base. En aval, les retombées de telles mesures ne seront que plus bénéfiques à la nation.

Si l’éducation de base répond à l’affirmation d’une volonté politique, ce n’est pas forcément le cas pour ce qui concerne les grandes écoles. Toujours est-il que cette explosion d’instituts supérieurs d’enseignement est la réponse à une forte demande intérieure. De plus en plus, les Burkinabè se forment à Ouagadougou ou dans d’autres villes du Burkina. Cette offre s’est démultipliée avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication par la formation à distance. L’innovation la plus accomplie en la matière est le CEDO (Centre d’enseignement à distance de Ouagadougou). De plus en plus, les Burkinabè mettent en avant leur qualification et veulent avoir le profil de l’emploi. Cet engouement est quelque peu ralenti par le marché de l’emploi devenu de plus en plus sélectif avec des bureaux de recrutement qui sont de plus en plus professionnels.

Du coup, le coût de la formation s’envole et c’est là que se trouve le premier obstacle. Le jeu de l’offre et de la demande y a certainement un rôle important ; ajouté à cela, le souci d’assurer une formation de qualité à travers des infrastructures adaptées et un corps professoral de haut niveau. Progressivement, ces grandes écoles nouent des relations de partenariat avec des institutions en Europe, en Amérique du Nord ou en Afrique afin de garantir la crédibilité des diplômes. Toutes ces actions ont un impact sur les frais de scolarité qui paraissent exorbitants aux yeux de certains Burkinabè. Avec une scolarité de près d’un million de F CFA par an et par formation, ces grandes écoles excluent de fait certaines couches de la société.

Il faudra bien qu’un jour on se penche sur cet aspect, au risque d’assister à l’accentuation de la fracture sociale où les plus nantis ont une éducation de pointe et dont les autres sont exclus. La tendance actuelle est marquée par une forte présence des travailleurs, c’est-à-dire des "étudiants" solvables ou qui sont financés par leurs entreprises, dans les grandes écoles.

Le premier défi qui se présente à l’Etat est de garantir la qualité des enseignements qui y sont dispensés, notamment par un suivi approprié des modules, et de veiller à la validité des diplômes par le CAMES afin d’éviter que le secteur ne soit livré à des "commerçants" qui n’ont d’yeux que pour leurs chiffres d’affaires. L’objectif , avec l’ouverture à terme des marchés de l’emploi dans l’espace UEMOA, est de former des cadres compétitifs. Le Burkina a donc tout intérêt à travailler avec les promoteurs privés afin de créer des centres d’excellence en matière de formation académique et professionnelle. Situé au coeur de l’Union, le pays pourra drainer beaucoup d’étudiants de la sous-région si la qualité de l’enseignement est indiscutable.

Dans les années 90, Ouagadougou et Bobo n’ont-ils pas accueilli de nombreux élèves et étudiants venant des pays voisins ?

Le second défi - il est le plus important - est l’absorption des diplômés qui arrivent sur le marché du travail qui semble très limité. C’est une bombe sociale qu’on prépare quand de jeunes burkinabè à la tête bien pleine se retrouvent dans l’impossibilité d’avoir leur place au soleil. Dans un pays aussi pauvre que le Burkina, il serait inadmissible de dire qu’il n’y a pas de travail alors que tout est un chantier de développement. Il faut donc entretenir une cohérence dans les politiques pour concilier le développement de l’enseignement supérieur privé et celui des PME-PMI. Il urge que les formations et diplômes correspondent à un besoin réel des entreprises auxquelles l’Etat devra nécessairement accorder certaines facilités afin qu’elles embauchent de plus en plus de diplômés.

C’est à ce prix que le pari de l’excellence et surtout de l’employabilité de nos jeunes diplômés sera gagné.

Le Pays

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