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Cambriolages et insécurité : Des réveils douloureux pour les Ouagalais

Publié le vendredi 27 juillet 2007 à 07h00min

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En cette période hivernale, il arrive qu’il pleuve le soir ou au cours de la nuit. Dans de telles situations, les habitants de Simonville, profitant de la fraîcheur, "climatiseur naturel des pauvres" selon certains, dorment à poings fermés.

De telles situations sont également très profitables pour ces travailleurs spéciaux de nuit : les cambrioleurs. Après leurs passages dans les cours et dans les chambres, le réveil est plus que douloureux. Le constat est toujours affligeant après la visite d’un cambrioleur : sacs à main, porte-documents, téléphones cellulaires, ordinateurs portables, postes téléviseurs, portefeuilles, meubles, effets d’habillement, etc., sont emportés par les malfrats. Il arrive même qu’ils démontent climatiseurs et brasseurs d’air. Parfois, des économies de toute une vie de labeur que la victime n’a pas voulu placer dans une banque ou dans une caisse populaire disparaissent aussi dans les poches des voleurs. C’est la désolation et l’abattement total chez les victimes.

Les cambriolages s’opèrent de plusieurs manières. Il y a des cambriolages faits pendant l’absence des occupants des lieux ou des propriétaires de la maison. Dans ce cas, les cambrioleurs coupent la tôle des portes ou des fenêtres pour entrer dans la maison. Avec la seconde manière, les cambriolages sont opérés après endormissement de l’occupant ou des occupants de la maison en leur faisant respirer des gaz incapacitants qui les plongent dans un sommeil à la limite comateux. C’est particulièrement cette dernière méthode qui est utilisée en cette période d’hivernage. On parle même de formules magiques ou de "wack" utilisés par les cambrioleurs dans leurs entreprises maléfiques. Tout compte fait, ils sont rarement surpris dans leurs opérations. Un confrère raconte qu’après s’être introduits dans une cour, les cambrioleurs ont tout pris et avant de s’en aller, ils ont eu la machiavélique idée de placer un couteau sur les oreillers de chacun de leurs victimes. Il peut arriver que les cambrioleurs, se croyant maîtres des lieux et si sûrs de leur fait, ne prennent plus aucune précaution dans leurs gestes, allant jusqu’à réveiller le propriétaire. Celui-ci est alors sommé de rester tranquille s’il tient à avoir la vie sauve. Et comme les cambrioleurs ne sont pas des enfants de choeur, toute velléité de rébellion peut se solder par un drame.

Il est logique de se demander pourquoi cette recrudescence des cambriolages, du banditisme, en somme de l’insécurité dans la capitale ? On dit que l’oisiveté est la mère de tous les vices, mais personne ne peut se risquer de justifier les actes de cambriolage par le chômage, qui sont le fait de personnes habituées au gain facile. La deuxième interrogation que l’on est en droit de se faire est l’apparente passivité, cette impuissance de la Police et de la Gendarmerie devant la recrudescence de l’insécurité, non seulement dehors, mais même à domicile, à laquelle sont exposés les habitants de la ville. Pourtant, Ouagadougou et Bobo Dioulasso sont les deux villes où est concentré le plus grand nombre des forces de défense et de sécurité. C’est paradoxalement dans ces deux grandes villes que se perpètrent les crimes les plus crapuleux et les vols les plus audacieux. Et personne n’est à l’abri, même pas ceux qui habitent Ouaga 2000 où des patrouilles de nuit sont organisées pour veiller sur la sécurité et la quiétude des personnes et de leurs biens. Toutefois le ministre en charge de la Sécurité doit veiller à étendre le bénéfice de telles patrouilles à l’ensemble des secteurs et quartiers de la capitale, notamment aux zones non encore loties qui sont généralement des nids de grands bandits qui volent, violent et tuent de paisibles habitants. Les différentes opérations coup de poing de l’ancien ministre de la Sécurité, Djibrill Bassolé, ont-elles fait affluer un grand nombre de voleurs dans les grandes agglomérations où ils peuvent se fondre facilement pendant la journée parmi la population ? La nuit tombée, ils changent leurs habits d’honnêtes citoyens contre leurs vraies tenues de malfaiteurs.

Dans le combat contre l’insécurité, le ministre de la Sécurité pourrait traduire en réalité ou du moins envisager de multiplier le nombre des commissariats de police dans les secteurs et les quartiers. Les recrutements massifs que fait chaque année la Police permettent une telle extension. Mais il ne suffit pas de multiplier le nombre des commissariats si l’on ne peut pas les doter du minimum nécessaire à leur fonctionnement adéquat. Par exemple, aujourd’hui quand on alerte un commissariat à propos d’un crime qui vient d’être commis, il n’est pas rare de s’entendre dire que la Police n’a pas les moyens pour se déplacer ou qu’il manque du carburant dans son véhicule. Toutes choses qui amènent les populations à se faire elles-mêmes justice si un voleur est pris. Le malheureux est aussitôt lynché jusqu’à ce que mort s’en suive. Le conduire dans un commissariat, c’est courir le risque de le voir réapparaître le lendemain pour les narguer, et pourquoi pas les menacer.

Les autorités pourraient associer la Police municipale aux patrouilles nocturnes. Les populations ne voient ses éléments que le jour, parfois cachés derrière un bosquet d’où ils surgissent brusquement pour siffler les usagers de la route, sous le prétexte qu’ils ont brûlé un feu de signalisation. On a longtemps parlé de la police de proximité. L’inconvénient de la chose, c’est que les forces de l’ordre n’assurent pas toujours la protection de celui ou de celle qui, grâce à ses informations, a permis d’arrêter un délinquant. Celui-ci est très souvent laissé à lui-même, à la merci des autres membres de la bande de celui qui a été pris.

La sécurité des hommes et de leurs biens, la libre circulation des hommes et desdits biens sont les premiers fruits de la démocratie. La démocratie est un vain mot si la sécurité et l’intégrité physique des hommes et des femmes sont chaque jour menacées. C’est le devoir premier d’un Etat de droit de combattre l’insécurité si l’on veut permettre à chacun et à chacune de se consacrer entièrement à ses tâches de production, c’est-à-dire à la lutte pour le développement national.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2007 à 11:11, par Pythagore En réponse à : > Cambriolages et insécurité : Des réveils douloureux pour les Ouagalais

    Pa si fou que ça, M le journaliste ! Beaucoup de vérité d’analyse, c’est peut etre cela ausssi la folie sous nos cieux...

  • Le 27 juillet 2007 à 16:42, par Ahmed En réponse à : > Cambriolages et insécurité : Des réveils douloureux pour les Ouagalais

    Je te dis simplement bravo !
    Tu as réussi, en ‘un temps deux mouvements’, à rédiger un article qui contient presque tout : constat, analyse critique de la situation, propositions de solutions.
    Il ne faut néanmoins pas trouver paradoxal que ce soit dans les deux villes où il ya le plus de force de l’ordre que sevit le plus la délinquance ; je crois plutôt que c’est justifié : c’est dans nos villes que règnent le plus les malfrats.
    Aussi, tu fais bien de relever le manque de moyens criard que vivent nos braves policiers. Je l’ai constaté moi-même ce jour où, sortant d’un supermarché, j’ai presque vu mourir un jeune homme à qui on reprochait d’avoir volé un téléphone portable. Après avoir négocié en vain la clémence pour ce dernier en lui demandant d’indiquer la personne qui serait alors en possession de ce téléphone, j’ai dû me retirer devant la menace grandissante de la victime du vol et de ses amis venus l’aider à se faire justice. Caché derrière le parking d’à côté, j’appelle la Police qui me répond : « Ils sont en train de le frapper ? Appelle plutôt les Urgences ». Les urgences à leur tour : « Tu dis bien que la foule s’acharne sur lui ? Eh bien, appelle la Police ». Sans me résigner, je rappelle ses derniers et là... « Mon ami, je veux bien t’aider à secourir ce type mais, je n’y peux rien... ».
    Le jeune homme fut jeté derrière le mur du cinéma juste a une enjambée de là, et Dieu m’en garde de raconter le reste.
    Je ne blâme ni les uns ni les autres. J’ai même éprouvé plus de pitié pour mes interlocuteurs téléphoniques que pour le jeune homme.
    Je trouve que la lutte contre l’insécurité nous incombe à nous tous. Il faut que nous aidions les Forces de l’Ordre à mener à bien leurs enquêtes. Lyncher un voleur, c’est offrir la quiétude à de probables complices, surtout les receleurs qui sont en vérité les vrais bénéficiaires des vols. Ils sont même les vrais tuteurs de ses délinquants, donc les délinquants-en-chef. Lorsque nous achetons un cellulaire de seconde main, au quart de son prix marchand, nous devons faire preuve de sérieux où reconnaître notre complicité.
    Par ailleurs, je termine en condamnant fermement le choix de passer par les armes, sans jugement et faisant fi des avantages que représente un bandit entre les mains de la police. Un bandit conduit forcement a beaucoup d’autres, car ce dernier ne vol pas un téléviseur pour suivre les multiples signatures des contrats de prêts, encore moins les décomptes des voix-mandantes des consultations électorales ; il le revend, sans reçu, à quelqu’un qui le bénit.
    Aidons-nous, à aider nos vaillants ‘hommes de tenues’ à ne pas démissionner de leur prérogatives ! Je trouve également ingrat qu’on accuse ses derniers de se cacher derrière un virage pour interpeler des usagers malsains de la circulation. Voulez-vous les voir avant de respecter la loi ? Avez-vous déjà passe deux heures à la morgue ?

  • Le 28 juillet 2007 à 21:32 En réponse à : > Cambriolages et insécurité : Des réveils douloureux pour les Ouagalais

    Je ne m’atarderai pas sur telle ou telle idéologie. Je suggère que l’on puisse mettre à contribution les forces de sécurités. Le Burkina à mon avis est un pays en temps de paix, d’ou un important nombre de soldats en hibernation si je puis me permettre, et chaque année le nombre augmente avec les recrutements. Je pense qu’il sera plus judicieux de mettre en place des systèmes de patrouilles mobiles dans les quartiers. Ce n’est qu’une idée dont je ne maitrise certes pas les differentes implications n’etant pas spécialiste de la sécurité. En tout cas, cela ne créera pas d’autres salaires reversés aux vaillants soldats seraient mis a profis et cela fera de l’exercice au jour le jour... Merci

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