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Faso Solidarité, Côte d’Ivoire :" Une mutuelle pour lutter contre les conflits "

Publié le lundi 2 avril 2007 à 08h03min

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Moussa Douamba

La communauté burkinabé en Côte d’Ivoire a décidé de mieux s’organiser pour faire face à sa vie quotidienne, dans un pays qui connaît de nombreuses difficultés. C’est dans ce souci qu’est née la Mutuelle pour le développement économique et social des Burkinabé résidant en Côte d’Ivoire, dénommée "Faso solidarité-Côte d’Ivoire".

Elle est une structure organisationnelle qui fait la promotion des Burkinabé résidant en Côte d’Ivoire, au niveau de la société civile. La mutuelle se bat pour réunir tous les Burkinabé afin de les mettre dans de bonnes conditions de vie dans leur pays d’accueil.

Moussa Douamba est le président de Faso Solidarité-Côte d’Ivoire et le président du conseil d’administration de Diaspora Finances dont il explique le fonctionnement. Présent à Ouagadougou lors du dernier FESPACOA, il donne aussi son point de vue sur l’avenir du cinéma burkinabé.

Comment est née l’idée de la création de la mutuelle Faso Solidarité-Côte d’Ivoire ?

Moussa Douamba : La création de Faso Solidarité-Côte d’Ivoire est vieille de plusieurs années. Dans un contexte social marqué par des incompréhensions souvent malheureuses, Faso Solidarité-Côte d’Ivoire traduira la prise de conscience de la nécessité de nouvelles formes de solidarité entre Burkinabé et leurs hôtes ivoiriens, au triple plan de l’information, de la prévention et de la médiation.

Qu’attendez-vous de cette mutuelle ?

M.D. : La mutuelle devait exister depuis longtemps. Elle est le cadre de réflexion et de rassemblement des ressortissants du pays des Hommes intègres. "Informer l’opinion sur les situations nouvelles génératrices de tensions diverses souvent mal comprises et par conséquent, mal interprétées et prévenir les conflits à l’étranger".

Faso Solidarité-Côte d’Ivoire ambitionne par ailleurs, d’initier des journées d’information et d’échange afin de mieux faire connaître leurs droits et devoirs aux communautés burkinabè pour les amener à cultiver davantage l’amitié et la fraternité ivoiro-burkinabè.

La mutuelle se propose aussi d’aider à la gestion du flux migratoire et de participer dans le cadre d’une médiation active, aux règlements des conflits. Elle entend, pour embrasser véritablement le concept de solidarité, passer par la création de structures modernes d’entraide mutuelle.

Faso Solidarité-Côte d’Ivoire est un instrument pour faire connaître aux peuples ivoirien et burkinabè, les potentialités économiques et culturelles de leurs pays.

Comment les Burkinabè vivent-ils la situation actuelle en Côte d’Ivoire ?

M.D. : Faso Solidarité est une mutuelle apolitique. Nous nous abstenons de parler de politique. Je pense que vous allez nous excuser, car nous ne voulons nous étaler sur un terrain que nous ne maîtrisons pas. Nous sommes sur un terrain mutualiste. C’est dans le cadre idéal pour construire le Burkina Faso. Dans la paix, la prospérité, l’entente et dans la solidarité. Nous pensons que le mot solidarité signifie tout. Sans cette solidarité, nous ne pouvons rien faire. Et si nous ne sommes pas solidaires entre nous, nos vœux seront de vains mots.

Après Faso solidarité-Côte d’Ivoire créée en 1999, c’est au tour de Diaspora Finances. Qu’est-ce qui vous a amené à créer une telle caisse ?

M.D. : Faso Solidarité-Côte d’Ivoire, créée par l’arrêté de déclaration N°0558/MEMIDD/DD/DGAT/SDVAC du 5/09/2001 qui s’est fixé pour objectifs, la solidarité, la paix, la promotion de l’entraide entre les communautés étrangères en général et celle burkinabé en particulier, et les Ivoiriens et des personnes de nationalité ouest-africaine pénétrées de ses valeurs a initié la création d’une caisse d’épargne et de crédit dénommée : Caisse d’épargne de crédit et d’investissement "Diaspora Finances".

Elle est en outre, fondée sur l’objectif essentiel de permettre la mobilisation positive des énergies des populations de la sous-région ouest-africaine vivant en Côte d’Ivoire et en particulier, les communauté burkinabé et ivoirienne en vue de l’affermissement de la politique d’intégration. Diaspora Finances est une société mutualiste à capital variable régie par la loi N°96-562 du 22 juillet 1996 portant règlement des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit.

Elle a été constituée le 15 avril 2004 à Abidjan et a pour objet, d’intervenir particulièrement en Côte d’Ivoire et dans l’espace UEMOA de : collecter l’épargne de ses membres et de leur consentir du crédit, favoriser la solidarité et la coopération entre les membres, promouvoir l’éducation économique, sociale et coopérative, conclure des accords avec des institutions similaires pour les besoins de ses membres.

Faso Solidarité-Côte d’Ivoire, en collaboration avec Diaspora Finances assurera la formation des jeunes et des femmes en matière de gestions associative ou coopérative, la création de micro-entreprises afin de contribuer à leur manière et selon leurs moyens à la réduction de la pauvreté et ses conséquences.

A travers ses activités, Diaspora Finances met en place plusieurs produits variant selon l’objectif personnel de ses sociétaires.
Ces produits permettront de collecter l’épargne rémunérée par des intérêts et dont les bénéficiaires (membres) pourront après six (6) mois d’ancienneté, bénéficié de crédits pour leurs projets.
Ces propos sont :
- le compte d’épargne courant (CEC)
- le compte d’épargne équipement (CEE)
- le compte d’épargne Mousso capable (CEMC)
- le compte d’épargne investissement (CEI)
- le compte d’épargne pèlerinage (CEP)
- le compte d’épargne développement (CED)
- le compte d’épargne voyage (CEV)

Quelle est la situation actuelle des Burkinabé en Côte d’Ivoire ?

M.D. : La situation de nos compatriotes résidant dans ce pays est préoccupante. Vous comprenez que la Côte d’Ivoire traverse une situation de politique très difficile depuis le 19 septembre 2002. Tous les habitants subissent cette crise de plein fouet. Nous n’échapperons pas aussi à cette situation de crise.

Le thème du XXe FESPACO est : "Cinéma africain et diversité culturelle". Comment appréciez-vous ce thème ?

M.D. : Les responsables du FESPACO ont fait un bon choix en choisissant ce thème. Je pense que nous ne pouvons pas évoluer sans cette diversité cultuelle. Voyez le nombre d’Européens et des ressortissants d’autres pays du monde qui viennent au Burkina pour voir les films africains dans le cadre de l’organisation des différents FESPACO. C’est parce qu’ils veulent apprendre la culture des autres.

Depuis 1997, aucun film burkinabé n’a remporté le grand prix du FESPACO qu’est l’Etalon d’or de Yennenga. Est-ce à dire que le cinéma burkinabé n’excelle pas ?

M.D. : Nous sommes de la diaspora, principalement à l’étranger. Nous vivons en Côte d’Ivoire où beaucoup de choses se font avec des films. Quand nous regardons la télévision burkinabé sur satellite, nous remarquons que ce sont que des films ivoiriens qui sont diffusés. Il va falloir qu’on encourage les jeunes réalisateurs burkinabé sur place en leur octroyant des financements soit par l’Etat, soit à travers la coopération bilatérale pour relever le niveau du cinéma burkinabé.

Il n’est pas encourageant de continuer d’organiser le FESPACO, sans penser à aider ces jeunes réalisateurs. Je pense qu’il faut faire quelque chose pour ces jeunes réalisateurs, pour qu’on ne soit pas là encore à parler de la qualité des films produits en compétition au FESPACO.

Depuis que le film Buud Yam du réalisateur burkinabé, Gaston Kaboré, a été primé et a remporté l’Etalon d’or de Yennenga, au FESPACO 97, le Burkina n’a plus jamais gagné ce grand prix. Pourtant notre pays a tout le potentiel et de jeunes réalisateurs et créateurs dynamiques et qui ont du talent dans le domaine cinématographique. Le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, je pense, doit organiser des assises nationales pour discuter des problèmes du cinéma burkinabé. L’Etat burkinabé à travers ses démembrements impliqués dans la gestion des structures du cinéma, les professionnels, (réalisateurs, producteurs) et ses partenaires prendront part auxdites assises pour discuter des vrais problèmes et poser de nouvelles bases solides pour une redynamisation du cinéma burkinabé.

Ouagadougou n’est pas que la capitale du Burkina Faso, elle est aussi la capitale du cinéma africain. Pour cela, le thème : "Cinéma africain et diversité culturelle" n’est pas un fait du hasard.
Je disais tantôt aussi qu’aujourd’hui, nous ne pouvons rien faire, n’y vouloir évoluer dans n’importe quel pays, sans la diversité culturelle.

Entretien réalisé par Prosper NAON (naon_bougnan@yahoo.fr)

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