Son homologue du Congo-Brazza,Denis Sassou N’Guesso, lui, parlera de la place de l’Afrique dans le monde, tandis que le locataire du palais d’Etoudi, le Camerounais Paul Biya, intéressera ses collègues à la "société de l’information".

Depuis le 13 février dernier, le terrain a été balisé par les ministres des Affaires étrangères africains et leur homologue français, Philippe Douste-Blazy. En effet, au cours de la réunion préparatoire qu’ils ont eue, tous les sujets qui seront à l’ordre du jour ont été disséqués par eux, afin de les rendre plus potables et plus compréhensibles pour leurs patrons de présidents. Ainsi, les chefs d’Etat, au-delà du thème central, vont plancher en 3 "corbeilles" :

1) la première sera dirigée par le Burkinabè Blaise Compaoré et concernera la question des matières premières ; les chefs d’Etat de ce groupe feront le tour d’horizon du problème, notamment des potentialités énergétiques en Afrique et dans le monde, des relations Afrique/pays producteurs de matières premières, de la mondialisation, bref, de la géopolitique qui sous-tend la production et la vente de ces matières ;

2) en ce qui concerne le second groupe, présidé par le Congolais Denis Sassou N’Guesso, il réfléchira sur "la place de l’Afrique dans le monde". Des aspects tels les relations internationales, l’Union africaine, (N’Guesso vient d’y passer le témoin au Ghanéen Kuffuor), la réforme de l’ONU... seront abordés par les présidents de cette "corbeille" ;

3) enfin, Paul Biya du Cameroun aura, avec certains de ses pairs à cerner les tenants et les aboutissants de la "Société de l’information". A l’heure de l’Internet et du numérique, que peut faire l’Afrique pour réduire, par exemple, la fracture numérique prévalant entre elle et l’Europe ?

Ces 3 sous-thèmes, signalons-le, ont été affinés par Youssouf Ouédraogo, Rodolphe Adada et Mebara Atangana Jean-Marie, respectivement ministres d’Etat, ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Congo-Brazza et du Cameroun.

A l’ouverture de cette conférence Afrique/France, il est prévu, entre autres allocutions, celles de Jacques Chirac, qui sera vraisemblablement un discours d’adieu à ses pairs du vieux continent, mais aussi du "gentle giant", le "géant gentil", le président ghanéen John Kuffuor, qui s’exprimera au nom de l’Union africaine (UA).

La chancelière allemande, Angela Merkel, invitée spéciale, devra également et en principe, s’adresser aux chefs d’Etat africains. La tendance étant que de France/Afrique ce rendez-vous se transforme en un face-à-face Europe/Afrique. Signalons que, le ministre Youssouf Ouédraogo a inauguré hier le consulat du Burkina Faso à Nice.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana à Cannes

Brèves de Cannes

* Marche contre les dictateurs africains

C’est ce jeudi, jour de l’ouverture du sommet, que des manifestants ont choisi de marcher contre la présence de ceux qu’ils considèrent comme des dictateurs sur le sol français : il s’agit, entre autres, d’Issaias Afeworkis, président de l’Erythrée, du Premier ministre éthiopien, Menès Zenawi, et du chef de l’Etat gambien, Yaya Jahmeh. Du reste, un hebdo mural du nom de Qui-vive du 12 février, fait sa "une" sur ces dictateurs africains.

* Palais des festivals et lance-missiles

Cannes est devenue, en l’espace de quelques jours, "flic city" : il y a près de 2 500 policiers déployés sur la cité balnéaire, et plus de 200 démineurs. Et surtout de nombreux lance-missiles en ordre de riposte. On parle même d’un sous-marin tapi dans la baie.

* Presse française et conférence

Excepté le quotidien régional "Nice-Matin" qui évoque régulièrement ce rassemblement des premiers responsables africains et de la France à Cannes, les journaux d’envergure nationale sont plutôt rivés sur la campagne présidentielle, en particulier sur le duel Sarkozy/Segolène. Normal, dirait-on, proximité journalistique obligeant.

* Bill Clinton annoncé

L’ancien président américain Bill Clinton pourrait être, à l’heure où on lira ces lignes, présent sur la Croisette. En tout cas, l’époux d’Hillary Clinton est annoncé pour "today" même.

Z.D.Z.

L’Observateur