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Désengagement de “Cathwel” des cantines scolaires : comment assurer le repas des élèves ?

Publié le mardi 13 février 2007 à 08h47min

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“Catholic relief services” (CRS) plus connu sous l’appelation de “Cathwell” a annoncé l’arrêt progressif de ses interventions dans les cantines scolaires. Cette décision du princiapal bailleur de fonds du repas des élèves du primaire, inquiète plus d’un. L’Etat et les parents d’élèves cherchent une alternative pour péréniser les cantines scolaires, facteur de fréquentation des classes.

Dans quelques années, le “couscous jaune” ou “yellow” servi dans des écoles primaires du Burkina Faso, appartiendra à l’histoire. Ainsi a décidé le “Catholic relief service” (CRS), une ONG américaine, présente au Burkina Faso depuis 1960. Ils sont nombreux, les enfants burkinabè qui, au cours de leur cycle primaire, de bénéficier du repas à l’école.

Ce repas, composé essentillement de céréales, légumineuses et de l’huile végétale est servi gratuitement dans les cantines scolaires depuis 1962. Le Catholic relief service a signé un accord le 25 novembre 1962 avec l’Etat voltaïque (burkinabè aujourdh’ui) Il s’est engagé à assurer le déjeuner des élèves de toutes des écoles du pays tous les jours ouvrables et pendant toute l’année scolaire.

Une autre ONG, “Frère des hommes” apporte sa contribution de 1967 à 1979 avec du lait, du poisson, du yaourt et du sel. A l’époque, la contribution des parents d’élèves s’est limitée au transport des vivres à la construction des cuisines et à la fourniture des ustensiles de cuisine et du bois. L’Eat burkinabè était quasiment absent de ce secteur. En 1988, déclare le responsable du département éducation du CRS Burkina Faso, Désiré Yaméogo, “nous avons compris la nécessité d’impliquer l’Etat burkinabè dans la gestion des cantines scolaires”.Cette période marque également l’annonce du plan de reciblage du CRS.

Cela s’est traduit par le retrait de l’ONG de certaines villes comme Koudougou, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso , Ouahigouya et des zones ne présentant pas de risques ou d’insécurité alimentaire (Léraba, Comoé, Kénédougou...).CRS intervient désormais dans les zones rurales ou le taux de scolarisation est très bas et où l’insécurité alimentaire est une réalité.

Panique autour d’un retrait

Les autorités burkinabè, conscientes que la cantine a un impact très positif sur la qualité et l’efficience de l’éducation, ont dès 1988 procédé à la création du service des cantines scolaires. Il est aujourd’hui à la Direction de l’allocation des moyens spécifiques aux écoles (DAMSE). L’Etat apporte sa contribution à travers le budget général de l’Etat et récemment sur les ressources PPTE. Pour le directeur de la DAMSE Issa Kaboré, des études ont montré que dans certaines localités, il est existe une corrélation forte entre réussite et cantines scolaires.

Selon M. Kaboré, dans les zones d’insécurité alimentaire, la cantine est un facteur de mobilisation sociale autour de l’école, car le repas à l’école favorise la fréquentation des classes et permet une meilleure performance des élèves. Avec l’annonce du retrait du principal bailleur, “Catholic relief service” (CRS), une sorte de panique généralisée s’est instaurée au sein du système éducatif” ; a déclaré M. Kaboré.
CRS obéit aux exigences de ses financiers qui estiment que l’appui à l’éducation doit se faire sur une base durable.

L’éducation des filles, la santé scolaire, les infrastructures scolaires, l’alphabétisation, font désormais partie de ses préoccupations majeures. “Nous pensons que l’éducation, ce n’est pas seulement la cantine, peut être un jour, CRS va se retirer des cantines, mais pas de l’éducation”, a affirmé M. Yaméogo.

CRS est présent aujourd’hui dans 23 provinces et à partir de 2009, sept provinces seulement bénéficieront de son soutien. Ils s’agit du Lorum, du Soum, du Sanmatenga du Namentenga, de la Komondjari, de la Gnagna et de la Tapoa. Le différentes politiques de promotion de l’éducation ont accru considérablement le nombre d’élèves.

Pour le directeur de la DAMSE, CRS intervient toujours en termes de valeur nominale comme en 1960. Quand on évalue les besoins en rapport avec les taux de scolarisation, l’ensemble des demandes en vivres, de 1960 à 1980, ne vaut pas celle d’une direction régionale aujourd’hui. Vu le décalage entre les ressources et les besoins, le choix s’est porté sur les régions à faible taux de scolarisation et à forte insécurité alimentaire.

Tout compte fait, le “Catholic relief service “ demeure le plus gros fournisseur avec 54% des vivres consommés, dans les écoles, l’Etat donne 25%, les communautés, 11% et le Programme alimentaire mondial 8%.

La contribution de l’Etat s’élève à 4,5 milliards de F CFA par an. Cette enveloppe est insuffisante, au regard de la place de la cantine dans le système scolaire. L’Etat semble être pris au dépourvu. Elle subit l’inconvénient de l’accoutumance à la gratuité. Toute assistance finit un jour. Comment peut-on exprimer son indépendance en mangeant dans la casserole des autres ?.

Pour le directeur de la DAMSE, avec la perspective de 70% du taux de scolarisation en 2010 et 100% en 2015, aucun partenaire aussi puissant, soit-il, ne peut prendre en charge de façon durable et pérenne, le repas des élèves. Il est prévu dans les chartes du Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB), que l’Etat travaillera à asseoir une cantine par école. Ainsi est née une nouvelle expérience.

Le salut à travers les cantines endogènes

Rendre les cantines autonomes, en impliquant les communautés locales, tel est le souhait des autorités burkinabè et de leurs partenaires. Le but, c’est d’aller vers une politique nationale, basée sur une stratégie de développement introverti des cantines.

“Je suis sûr que nous sommes engagés sur une bonne voie”, a affirmé le chargé des questions d’éducation de CRS au Burkina Faso. Le transfert des cantines assistées vers des cantines endogènes semble être la vision commune.
La cantine endogène est entièrement prise en charge par la communauté. Elle ne compte sur aucun appui extérieur.
Après les récoltes, les vivres sont collectées selon la quantité et les modalités fixées par les communautés elles-mêmes.
Ce sont les parents d’élèves qui nourrissent leurs enfants à l’école comme ils le font à la maison. L’Etat intervient sous forme d’appui.

Sur les 7 579 écoles que compte le pays, 1 596 ont souscrit à cette nouvelle donne. La cantine endogène est avancée dans certains établissements qui servent de modèles. CRS propose comme mesure d’accompagnement à cet engagement des parents, l’instauration des champs, des vergers communautaires et des jardins scolaires. Les céréales, les légumes et les fruits produits seront ainsi utilisés directement dans les cantines. Ce projet est à sa phase pilote dans les provinces du Kourwéogo et d’Oubrittenga.

L’application de cette nouvelle méthode provoque quelques grincements de dents. Le directeur de la DAMSE pense qu’il faudra beaucoup de sensibilisation et cela prendra du temps. Mais, il est convaincu qu’au-delà de la situation économique des populations rurales, les parents ont pris goût à la gratuité. “C’est un changement de mentalité qu’il faut opérer”. En réalité, selon M. Kaboré, les cantines endogènes ne sont pas une trouvaille d’aujourd’hui. Elles ont existé à l’époque coloniale.

A Cette période, le chef du village collectait les denrées sous forme d’impôt sur les récoltes des familles. Il rappelle qu’avec l’instauration de la production agricole dans le milieu scolaire, chaque école disposait d’une ferme qui alimentait les cantines. C’est aux lendemains des indépendances que la cantine connut l’assistanat.

Pour M. Yaméogo du CRS, il est évident que pour certains “parents, cette contribution est un effort supplémentaire, mais en tant que pays indépendant, nous devons travailler à nous prendre en charge”.

Assétou BADOH


Cantine endogène : l’expérience du Zoundwéogo

Sans la plupart des écoles de la province du Zoundwéogo, le service du repas a commencé dans les écoles après les congés du premier trimestre. Depuis la rentrée scolaire 2006-2007, la province est écartée de la zone d’intervention de Catholic relief service (CRS), et fait sa première expérience en matière de cantine endogène.

Des campagnes de sensibilisation ont été menées dans lesdites écoles et bon mal an, les activités ont démarré. La contribution pour le fonctionnement des cantines endogènes varie d’une école à une autre. En nature ou en espèces, elle est fixée par les communautés elles-mêmes. A l’école de Zamsé, chaque parent d’élève doit apporter une assiettée de haricot et une somme de 100F.

A l’école communale A, ont demande 3 assiettées de denrées ou une somme de 2000 F CFA. Du côté de l’école catholique, c’est 2000 F CFA que le parent doit débourser. L’idée est saluée par certains acteurs de l’éducation. D’autres déplorent quand même son application brusque. Tous reprochent à cette innovation le retard dans le démarrage de la cuisine. Selon leur compréhension, les écoles devaient dès la rentrée assurer le repas des élèves en attendant un appui de l’Etat. Plusieurs cas de figures se présentent.

Selon la directrice de l’école communale, les vivres rentrent timidement et déjà se pose le problème de la conservation. Le directeur de l’école de Zamsé lui, craint la naissance d’une crise de confiance entre les parents d’élèves et lui, les vivres ont été collectés, mais il ne peut à lui seul ordonner le démarrage de la cuisine et les parents s’impatientent.

Jusqu’à la fin du premier trimestre, le contrôleur principal, interpellé par certaines directions, attendait toujours le signal de la DAMSE. En sus de cette lenteur administrative, l’harmonisation des contributions des élèves d’une même zone est aussi évoquée par les différents acteurs, afin d’éviter des conflits.

Zakaria BAKOAN
AIB/Manga

Sidwaya

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