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Festicham : 4è édition du festival du chameau, des arts et de la musique du sahel

Publié le samedi 10 février 2007 à 07h52min

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Les populations du Sahel ont désormais un cadre pour valoriser leurs potentialités culturelles. Le Festival du chameau, des arts et de la musique du sahel (FESTICHAM) est une tribune pour la promotion de la culture locale. La quatrième édition du FESTICHAM s’est tenue du 12 au 14 janvier 2006 à Gorom-Gorom.

Danse et musique traditionnelles, nuits culturelles, exposition et vente d’objets d’art, jeux de société, course de chameaux, conférences publiques.... Bella, Peulhs, Touaregs..., tous ont participé à la fête et montré leur culture au public présent à ce 4e FESTICHAM. Des étrangers venus pour la plupart d’Italie avec une délégation d’une centaine de personnes ont participé au festival.

Ces d’ailleurs grâce à l’appui financier de ces amis italiens que le Festicham a pu se réaliser. Cette partie du Burkina Faso, défavorisée par la nature, regorge de potentialités culturelles importantes. C’est ce que les organisateurs du festival ont voulu montrer en initiant le Festicham.

La rareté des pluies, l’aridité des sols, l’enclavement de la zone ne sont pas, pour eux, des handicaps à l’épanouissement culturel. Durant trois jours, les populations de Gorom ont oublié les dégâts causés par les inondations. Ces populations ont durement été touchées par des pluies diluviennes en août dernier.

Malgré cette situation, le Festival du chameau, des arts et de la musique du Sahel a connu un engouement du public. Très fortement mobilisé, il a participé aux activités. Des troupes de musique et de danse, des artistes locaux, des chameliers, des écoliers, des groupements et associations d’éleveurs ont tous défilé devant les autorités régionales et provinciales lors de la cérémonie officielle.

A la rue marchande installée juste à coté de la Place de la Révolution, on trouvait divers objets d’arts produits par les artistes du Sahel et d’autres localités du pays. Des habitats traditionnels que vieux, femmes et enfants se partagent, expression d’une cohabitation harmonieuse dans ce milieu. Juste à coté, des jeux de société sont organisés. Au milieu de la foule, des dizaines de chameliers se pavanent ; ils font des démonstrations du dressage réussi de leurs montures sous les regards des amis italiens.

Pour clôturer les activités de ce 4e Festicham, l’événement le plus attendu le 14 était la course des chameaux. Repartie en groupe de cinq, une quarantaine de chameaux ont pris part à la compétition. Malheureusement, l’organisation à ce niveau a eu quelques ratés qui ont entaché la beauté du spectacle. Pas de tracé, pas de numéro, pas de chronomètre. Ce qui a entraîné un désordre durant la course.

Certains chameaux ont tout simplement refusé de courir après le top départ, d’autres s’arrêtant dès le premier tour, alors qu’il fallait en faire trois. Tout cela accompagné des chameliers mal préparés à ces genres de compétition. Manque d’entraînement et manque de consignes claires de la part des organisateurs. Le public présent n’a pas manqué de critiquer l’organisation. Les critères de choix ont créé des grincements de dents.

L’enjeu était de taille pour les participants. Une chamelle d’une valeur de 200 000f pour le premier et des vélos VTT pour les cinq autres premiers. En marge de Festicham, les partenaires venus de trois villes de la région de Turin en Italie ont participé à l’inauguration d’un orphelinat dont la construction a été financée par eux. L’infrastructure accueille aujourd’hui 56 enfants orphelins dont 37 enfants pensionnaires.

Les 19 autres âgés de 11 à 15 inscrits à l’école sont en famille, mais ils sont pris en charge par l’orphelinat. Tous ces enfants sont de confession musulmane dans ce centre géré par des sœurs catholiques. Preuve que dans cette partie du Burkina, l’appartenance religieuse ne constitue pas un problème. C’est une infrastructure qui comprend un dispensaire, une maternité et une pharmacie et ouverte à toute la population. " Il n’y a que l’humanité qui compte pour nous.

Le choc des civilisations n’a pas de sens entre les peuples ", a dit un représentant de la délégation italienne. Il souhaite que la coopération directe entre les peuples puisse se renforcer. Et le processus de décentralisation engagé au Burkina Faso est donc le bienvenu. D’ailleurs, les organisateurs de ce festival ont voulu prendre en compte cet aspect en choisissant comme thème cette année : " La décentralisation, un outil de renforcement de la démocratie à la base ". Des conférences publiques sur le sujet ont été organisées à l’intention du public.

Le juge Mathias Tankoano a relevé, dans sa communication, les avantages liés à la décentralisation. Elle est une occasion pour les populations locales de prendre en main leur propre destin. Andriano de la délégation italienne a aussi pris l’exemple de la coopération décentralisée qui permet de financer directement les localités et d’établir des dialogues entre les peuples. Il a souligné que pour un développement durable à la base, les communautés doivent puiser dans les civilisations traditionnelles et trouver une conciliation entre pouvoir, démocratie et justice.

La question des sinistrés de l’inondation qui demeure une préoccupation pour la population et les autorités locales a fait l’objet d’une communication. Et c’est M. Bado, cadre de l’Environnement et du cadre de Vie qui est revenu sur les catastrophes naturelles. Pour lui, l’homme a souvent une part de responsabilité. Progrès techniques démesurés, destruction de la nature... l’homme a souvent contribué à la destruction de son propre cadre de vie.

Avec la décentralisation, chaque communauté devrait s’organiser pour gérer son propre environnement. Le chef du canton de Gorom a tout de même souligné la nécessité de l’intervention de l’Etat dans certains domaines comme la maîtrise de l’eau qui reste la préoccupation majeure au Sahel. Car malgré leur bonne volonté, les populations ne pourront pas changer véritablement quelque chose sans une intervention de l’Etat à ce niveau.

Les objectifs du FESTICHAM, selon son promoteur Diemdjoda Hamadou Dicko, ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, c’est de parvenir dans les années à venir à sortir de l’aspect folklorique et devenir une tribune pour les populations de l’Oudalan pour échanger directement avec les acteurs du développement sur leurs préoccupations et trouver des solutions dans le cadre de la décentralisation. Une façon de renforcer la démocratie à la base pour un développement participatif plus efficace n

Par Moussa Zongo

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